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11 février 2020

Carnet / « L’espérance poétique est-elle encore de ce monde ? » Ma réponse décevante à cette question un peu au-dessus de mes moyens !

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À partir de son texte intitulé Du spirituel en poésie, l’ami et poète Japh' Eiios me propose une réflexion sur le thème l’espérance poétique est-elle encore de ce monde ? L’être bassement matérialiste que je suis va donc essayer de s’y coller en évitant de se montrer trop long par égard pour ses lectrices et lecteurs et pour sa propre paresse à laquelle il tient beaucoup.

Je dois tout d’abord avouer que je ne suis guère porté vers le spirituel, que le mot poésie me pose depuis pas mal de temps un problème tout comme la notion d’espérance assez problématique elle aussi. Le rapport que peuvent entretenir ensemble ces trois mots m’inspire aussi une grande perplexité.

La poésie est-elle indissociable de différentes formes de spiritualité ? À mes yeux, pas forcément. Ne parlant qu’à l’aune de mon expérience personnelle donc limitée, je peux affirmer pour ma part que la poésie, qu’on la lise ou qu’on l’écrive, peut être une manière d’être au monde parmi d’autres et qui peut se vivre en dehors de toute spiritualité élaborée. C’est aussi en ce sens que je la considère comme un genre littéraire parmi d’autres, rien de moins, rien de plus, un genre littéraire au service de l’expression des différentes formes de l’expérience de l’humaine condition.

Sur ce point, la fameuse formule de Friedrich Hölderlin me tracasse : « Plein de mérite, c’est pourtant poétiquement que l’homme habite sur cette terre. » Voilà qui me renvoie à une question liée à l’étymologie du mot poésie issu en grec du verbe poiein (faire, créer). S’il s’agit pour le poète de créer, de faire, d’être un fabricant, la spiritualité n’est dans ce cas qu’une option.     

La poésie est aujourd’hui un genre littéraire tombé en relative désuétude dans le grand public, ce qui ne l’empêche heureusement pas d’être encore considérée par un lectorat majoritairement composé des poètes eux-mêmes, du moins ceux qui se prétendent tels à juste titre ou non, et d’être publiée par de grands éditeurs pour qui elle est devenue une danseuse mais aussi par de modestes maisons qui veulent encore œuvrer à sa défense et à son illustration.

Le mot poésie me pose problème car il définit de nos jours une production littéraire qui relève à mon avis plutôt du récit parce qu’elle a rompu avec les formes fixes du genre (prosodie et versification, pour faire court). Plus elle s’est écrite, plus la poésie a rompu avec le chant et ce ne sont pas les tentatives de réinvestir ce chant (et ce champ) qui permettent de ralentir voire de contrer cette inévitable évolution, encore moins lorsqu’il s’agit de pratiques aussi folkloriques que le slam ou pire, de sous-genres aussi stérilement commerciaux que le rap, surtout quand la substance de ce dernier se limite à l’appel au meurtre. Dans ce dernier cas, des formulations telles que du spirituel en poésie  ou l’espérance poétique est-elle encore de ce monde ? sont évidemment inopérantes ! Aucun espoir de ce côté-là !

Maintenant, j’aimerais qu’on m’explique ce que signifie la notion d’espérance poétique en ce monde. S’agit-il de s’interroger sur la capacité de la poésie à tenir un plus grand rôle dans la vie des êtres humains ou bien d’élargir la question sur un plan philosophique ? C’est, me semble-t-il, beaucoup demander, notamment à l’avenir, à un genre littéraire qui nous a déjà énormément donné dans le passé, en particulier avec les grandes épopées anciennes (Odyssée, Iliade) et modernes (Lusiades) qui sont quant à elles autant de récits qui continuent de nourrir notre expérience.

J’en reviens à ce terme de récit pour illustrer ma proposition de départ selon laquelle je crois la poésie distante de la spiritualité, de la philosophie et de l’espérance, ce qui n’empêche nullement les mystiques et les philosophes d’avoirs recours à la poésie pour exprimer leurs croyances et leurs concepts.

Après cette tentative de réfléchir sans doute un peu au-dessus de mes moyens de simple raconteur d’histoire à ce vaste sujet, on comprendra au moins pourquoi la mention récits apparaît de plus en plus souvent sur la couverture de mes recueils en apparence poétiques et pourquoi j’ai de plus en plus de mal à accepter qu’on me colle l’étiquette de poète, d’autant que j’en connais (de loin) un certain nombre auxquels je n’ai pas envie de ressembler. Si nous étions sur terre pour nous aimer les uns les autres, cela se saurait, et c’est particulièrement vrai pour les poètes !

Illustration : un de mes carnets avec reproduction du tableau de Giorgio de Chirico, La nostalgie du poète.

 

09 février 2020

Carnet / Des nouvelles de mon Findus

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Ainsi que cela se produit parfois, le projet patine et s’enlise pour des raisons trop fastidieuses à énumérer dont les principales sont mon incompétence technique, ma lenteur, ma paresse, le temps passé à table et surtout mon incapacité radicale à collaborer avec qui que ce soit de manière qui me satisfasse d’un point de vue psychologique. Pour résumer, je dirais que je suis le seul responsable de cette situation.

Histoire de compliquer encore les choses, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’annoncer aux partenaires acceptant de m’aider dans cette publication que je décidais de geler le projet, raison pour laquelle mon ami l’artiste Jacki Maréchal m’a bien fait rire en le qualifiant de Findus.

J’ajoute que depuis cette rigolade salutaire, j’ai de nouveau gelé le projet (c’est mon petit côté guerre froide en hiver polaire, on ne se refait pas, surtout à partir d’un certain âge où il faut bien commencer à apprendre à garder la tête froide avant que le reste ne suive).

Tout cela pour informer les quelques personnes me demandant des nouvelles de cette publication un peu trop tôt annoncée que mon Findus finira peut-être par ressortir une énième fois du congélateur mais j’ignore quand, ce qui n’entamera en rien la qualité puisqu’il s’agit de poésie et non de poisson pané.

 

08 février 2020

Carnet / Un peu de futilité dans ce monde de brutes

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Il faudrait quand même un jour expliquer aux auteurs de séries et de films les bases de la dégustation des alcools et des cigares. Je sais que le monde connaît de plus sérieux problèmes mais tout de même, une bonne fiction doit soigner un peu le détail.

Je ne compte plus le nombre de scènes où l’on voit des personnages partager un grand vin, un vénérable porto ou un exceptionnel cognac agrémentés d’un excellent cigare. Jusque là, rien à redire, mais tout se détraque lorsque les protagonistes boivent et fument en même temps. Quelle invraisemblance et quel gâchis !

Mélanger alcool et tabac est un hérésie. On doit d’abord déguster le vin ou le cognac puis, à la suite, le cigare, et surtout pas l’inverse. La fumée du tabac transforme n’importe quel bon cru en un breuvage infâme qu’on ne peut même plus qualifier de piquette. Continuer à boire après avoir commencé à fumer est toutefois possible si l’on attend un moment précis où les saveurs vont s’équilibrer dans le palais. Il est plus facile d’atteindre ce point d’équilibre entre un alcool fort et un cigare, le vin étant quant à lui beaucoup plus vulnérable aux volutes. Comme dans de nombreuses circonstances de la vie humaine, c’est simplement une question de rapport de force.

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Autre détail à ne pas négliger si l’on veut mettre en scène un fumeur de cigare averti : l’outil de coupe. La tête d’un cigare doit être tranchée et non incisée. L’incision parfois pratiquée avec un outil qui produit une ouverture étroite a pour effet de concentrer les goudrons de la fumée, ce qui masque et gâche les saveurs. Le mieux est d’utiliser une petite guillotine qui va ménager une large ouverture permettant à la fumée d’arriver en bouche en grande quantité sans avoir à trop aspirer. Cela garantit la qualité des saveurs en évitant notamment de trop faire monter le cigare en température.

Et bien sûr, il ne sert absolument à rien de lécher la cape d’un cigare avant de l’allumer. Quant à le chauffer auprès d’une flamme avant la dégustation, cette manie absurde revient tout simplement à le détruire alors qu’on a pris soin de le conserver à un degré d’humidité d’à peu près soixante-dix pour cent. J’allais oublier : pour l’allumage, briquet à gaz ou allumettes. Pas de briquet à essence et de bougie.

Vous me direz, tout cela n’intéresse personne, mais l’un des plaisirs de tenir un blog est de donner son opinion sur des sujets dont tout le monde se fiche.