20 février 2021
Carnet / Par la petite porte
Il ne m’est jamais arrivé de ma vie de me lever le matin et de me dire : aujourd’hui, je vais écrire un poème. J’y songe en parcourant les deux volumes de poésie (du moins étiquetés ainsi, même s’il s’agit peut-être d’autre chose, peu importe) que j’ai publiés ces deux dernières années, Poèmes du bois de chauffage et Aux grands jours. L’ensemble représente à peu près trois-cent-soixante pages et il reste tout ce que je n’ai pas publié, soit à ce jour l’équivalent d’un troisième volume, mais ce n’est pas ma priorité.
En revanche, je me lève très souvent dans cet état d’esprit particulier qui annonce l’écriture d’un poème ou de ce que l’on continue de nommer ainsi. Décrire cet état de conscience n’est pas simple.
Ce serait comme marcher tranquillement dans une rue monotone en longeant des immeubles et des murs puis, subitement, s’arrêter au seuil d’une petite porte à peine entrouverte. Le plus souvent, c’est une porte en bois à la peinture délavée. Lorsqu’on la pousse, elle n’ouvre pas sur un intérieur mais sur un extérieur, parfois un jardin, parfois une plage. Une fois, la porte ouvrait sur la berge d’une rivière. Il arrive que l’ouverture déclenche une petite brise ou un peu de vent, un courant d’air frais ou un souffle tiède et parfumé comme celui du fœhn.
Qu’on franchisse ou non le seuil, on sent que le poème, lui, est entré en soi et qu’un jour il sera peut-être écrit, mais en ce qui me concerne, seulement si cela me chante.
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09 février 2020
Carnet / Des nouvelles de mon Findus
Je rame depuis deux ans sur la publication en édition revue et corrigée d’un ensemble de poèmes issus de plusieurs plaquettes et recueils confidentiels disséminés ici ou là et qu’on ne trouve désormais que dans certaines bibliothèques, en particulier à la médiathèque municipale d’Oyonnax, sur le marché du livre d’occasion, notamment sur internet, ou dans quelques librairies qui peuvent encore se payer le luxe d’ouvrages à rotation lente jaunissant sur des étagères poussiéreuses.
Ainsi que cela se produit parfois, le projet patine et s’enlise pour des raisons trop fastidieuses à énumérer dont les principales sont mon incompétence technique, ma lenteur, ma paresse, le temps passé à table et surtout mon incapacité radicale à collaborer avec qui que ce soit de manière qui me satisfasse d’un point de vue psychologique. Pour résumer, je dirais que je suis le seul responsable de cette situation.
Histoire de compliquer encore les choses, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’annoncer aux partenaires acceptant de m’aider dans cette publication que je décidais de geler le projet, raison pour laquelle mon ami l’artiste Jacki Maréchal m’a bien fait rire en le qualifiant de Findus.
J’ajoute que depuis cette rigolade salutaire, j’ai de nouveau gelé le projet (c’est mon petit côté guerre froide en hiver polaire, on ne se refait pas, surtout à partir d’un certain âge où il faut bien commencer à apprendre à garder la tête froide avant que le reste ne suive).
Tout cela pour informer les quelques personnes me demandant des nouvelles de cette publication un peu trop tôt annoncée que mon Findus finira peut-être par ressortir une énième fois du congélateur mais j’ignore quand, ce qui n’entamera en rien la qualité puisqu’il s’agit de poésie et non de poisson pané.
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20 mai 2019
Carnet / Retour sur texte
C’est à un bien curieux travail que je me livre actuellement : regrouper en une seule édition la plupart des brefs recueils de poèmes publiés de manière confidentielle entre 1992 et 2004. J'ai longtemps hésité à réunir ces ouvrages en un volume aussi longtemps après leur première publication.
Le principal problème d'une telle entreprise est de savoir s'il faut corriger voire réécrire ou tout laisser en l'état d'origine. J'ai choisi la première option car la plupart de ces textes ont été écrits dans une période de ma vie empoisonnée par les servitudes professionnelles et marquée par des difficultés, de l’incertitude et une exaltation parfois préjudiciable à la précision de la forme. Je ne pense pas que les modifications apportées et la suppression de quelques textes nuisent à l'expression de l'élan vital qui s'exprime dans ces différents ensembles.
La reprise de chaque recueil revu et corrigé s’organise en sections dont chacune est introduite par une petite préface. Le volume comporte une annexe composée de notes succinctes, de quelques poèmes traduits et éventuellement de variantes. Il ne s’agit pas de renier ce que j’ai écrit et publié lors de cette période mais d’élaguer et d’ordonner ce qui partait parfois en herbes folles.
Le chantier est bien sûr plus compliqué que prévu mais dans les moments où je doute de son intérêt, je me rappelle la chance que j’ai de pouvoir me consacrer à une entreprise que personne n’attend et qui n’a pas d’obligation de résultat, un luxe et un privilège constitutifs de mon rapport au monde pour moi qui ne croit pas à la liberté mais seulement aux libertés.
Image : un de mes manuscrits.
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