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28 novembre 2007

Ordre du jour

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Hors de son lit la rivière emportait le souvenir d'un jeu cruel une petite salamandre brûlant sur la berge au milieu d'un feu d'herbe

Le journal rendait compte des crimes de la veille du désordre et des aventures misérables du jour

Un avion et un drôle de nuage volaient le ciel d'une fillette qui avait peur de rentrer dans son pays

Le dimanche menaçait

Du mouvement de ton pas le long d'un jardin entre des maisons tu me remis le jour en place

La rivière dans son lit la salamandre sous les herbes le journal dans le feu et le ciel dans la fillette


(Extrait de L'Inventaire des fétiches, éditions Orage-Lagune-Express, 1988)

Photo : Clara Cottet-Emard, 2007.

23 janvier 2006

Sommeils


Les saisons engendrent ce dont elles se nourrissent.
Pollens du printemps, miel de l’été et baies de l’automne s’acheminent vers la principale naissance de l’hiver, celle du sommeil.
De tous les êtres qu’il arrondit en sa lenteur, comme ce lézard dans le soleil, nous seuls restons dehors à nous user dans l’attente et la veille, sous le tranchant du givre.
Dans nos villes, nous avons perdu le sommeil en aveuglant de néon ses hiboux et ses noctuelles affolées auxquelles nous finissons par ressembler.
Dormir n’est pas mourir.
Ceux qui le croient n’existent plus qu’extrêmement.
Hors ce repos, n’est qu’une errance le long de routes où l’on voit clair comme en plein jour.
Ne cherchons là rien de vivant, pas même ce lézard aujourd’hui enroulé au creux du ventre de l’hiver.

19 janvier 2006

Habiter

Les habitants de cette oisive demeure ne cultivent plus leur jardin.
La campagne qui s’impatiente autour de la maison s’enhardit de plus en plus et commence à marauder dans le potager rendu à sa paresse.
Les animaux domestiques ont délaissé depuis longtemps ce lieu de quiète débauche à part un chat ou deux qui nous ressemblent quand nous dormons.
Les roses et les pivoines reprennent leur couleur d’aube.
Chaque jour de contemplation habitue notre pas à plus d’indolence.
Pour habiter la maison vide, il suffit de longer ses murs une ou deux fois, de temps à autres.
Dans le petit soleil, nous y croquons le pain du jour sous l’influence de l’enfant vagabond qui se souvient de nos cabanes du temps jadis.
Les nuits d’orage et de neige, il regagne les forêts du sommeil, comme une bête aux yeux tragiques.
Le passant qu’il redevient le lendemain prend le chemin le plus court alors que sa pensée emprunte le plus nécessaire.
Voilà pourquoi on rechigne à démolir cette vieille baraque.