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09 août 2014

À un saule

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L’eau le long du saule est son seul chant dans le soleil

Le vent n’est pas son mouvement ses gestes l’onde et le frisson

Il noue le temps dans son écorce et n’attend rien puisque sa chance est d’être un saule

 

© éditions Orage-Lagune-Express, 2014.

Photo Ch.Cottet-Emard

10 juillet 2014

Comme les types en imperméables dans les films des années 70

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Mon chagrin est monté dans la voiture comme un auto-stoppeur d’habitude je ne prends jamais d’auto-stoppeur mais celui-ci avait l’air inoffensif et dans les ennuis

Il s’est d’abord assis sur la banquette arrière mais je sens bien qu’il préférerait  s’installer à l’avant «laisse-moi donc le volant» me dit-il

Je le vois m’observer dans le rétroviseur et attendre que je lui donne du « Mon chagrin » comme on donne du « Monsieur ou Madame »

Il n’est pourtant pas mon chagrin car en réalité je lui appartiens et c’est pour cela qu’il veut conduire la voiture

Je ne comprends pas grand-chose au fonctionnement de la voiture cela ne m’empêche pas de la piloter mais lui mon chagrin a vite compris comment je fonctionnais pour me conduire

Il pue je me méfie de lui il ruse un jour il s’est transformé en fauteuil soi-disant pour m’être agréable

Certes un fauteuil bancal mais on finit toujours par réussir à s’asseoir à peu près confortablement dans un fauteuil bancal

Je ne suis pas dupe des tours de mon chagrin qui est tenace et malin comme le diable

Je continue de conduire la voiture et je repère des petites routes puis des chemins dans la forêt « où on va ? » s’inquiète-t-il « quelle idée de quitter la nationale ? »

L’idée c’est de rouler vers une clairière noyée de pluie d’immobiliser la voiture de lui dire de descendre se dégourdir un peu les jambes d’arriver derrière lui et de lui flanquer une balle dans la nuque comme le font les types en imperméables dans les films policiers des années 70

 

(Extrait de mon recueil Poèmes de Preben Mhorn) © Éditions Orage-Lagune-Express

19 mai 2014

Poèmes de Preben Mhorn

(Recueillis et commentés par Christian Cottet-Emard)


Extrait :

 

Instructions

 

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Il ne devrait pas y avoir grand monde le jour de mes obsèques

 

Au moins le cortège de mes vieux chagrins secrets

 

Esprits las mais présents dans les airs

 

Tel sera le vrai mystère non point ma mort si commune mais ces chagrins sévères et solennels comme des fantômes

 

Plus présents que mes amis qui ne seront peut-être pas là du reste car les amis font ce qu’ils veulent et ce qu’ils peuvent c’est pour cela qu’ils sont des amis

 

Plus résolus que mes ennemis qui n’existent d’ailleurs peut-être pas tant il est difficile d’avoir suffisamment de stature pour faire un véritable ennemi

 

J’essaierai de leur dire à tous amis peu présents et improbables ennemis

 

Pas de larmes ni pures ni de crocodile s’il vous plaît ne pleurez pas

 

Déjà que ce n’est pas drôle les vieux chagrins secrets qui survivent aux défunts et s’en vont de par le monde à la recherche d’un nouveau corps

© Éditions Orage-Lagune-Express, 2014