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08 juillet 2010

Alma s'en va (suite)

(Nouvelle en mini-feuilleton)

Résumé des épisodes précédents

Une épave mystérieuse vient d'échouer sur la plage. Le major, un officier taciturne, enquête auprès d'un écrivain retiré, témoin d'un étrange phénomène et détenteur d'un objet convoité.

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« Inutile, Gildo. Nous réglerons tout cela demain. Vous pouvez disposer. J'ai dit : vous pouvez disposer ! »
Le visage fermé, le jeune officier abandonne sa machine à écrire et quitte la pièce. Un silence pesant s'installe.

« Par égards pour vous, cet entretien ne sera consigné nulle part Il ne tient qu'à vous de ...

— Je n'ai rien à me reprocher et vous seriez mieux inspiré de chercher du côté de votre ordonnance, major.
— L'inspiration, c'est votre affaire. Je suis quant à moi plutôt porté vers les faits : hier, vous vous êtes rendu en ville. bistrotmer.JPGVous avez d'abord fait halte chez le dénommé Ange Consagude qui tient un débit de boisson sur le front de mer. Vous lui avez posé des questions. Après, vous avez poussé la porte de l'hôtel Solymar. Vous avez " convaincu " le portier de nuit qui prenait son service de vous montrer des registres qui remontent à une quarantaine d'années. Cela vous a pris une bonne partie de la soirée, mais vous avez trouvé ce que vous cherchiez...
— J'ai trouvé " qui " je cherchais.
— J'ai apprécié votre façon de piéger Gildo l'autre soir, pendant le scrabble. Très amusant. Mais je tiens à vous rappeler que c'est moi qui mène l'enquête. J'ai suivi le même chemin que vous : Ange Consagude et les registres de l'hôtel. J'ai noté les deux noms, mais cela ne tient pas.
— C'est ce qui m'a poussé à ne pas vous parler de ma découverte.
— Pourtant, vous êtes persuadé...
— Oui, major.
— Alors, expliquez-moi comment Gildo, mon ordonnance, du haut de ses trente ans, aurait-il pu conter fleurette il y a une quarantaine d'années à la dénommée Lorenz Alma aujourd'hui septuagénaire !
— Vous l'avez retrouvée ?

pinslandes.JPG

— Je sais qu'une femme répondant au nom d'Alma Lorenz, soixante-douze ans, vit aujourd'hui à une trentaine de kilomètres d'ici, à la résidence des Pins, une maison de retraite.
— L'avez-vous rencontrée ?
— Vous plaisantez !
— La réalité et l'urgence des mystères ne peuvent s'exprimer que par énigmes...
— C'est ridicule. Tout ceci est ridicule.
— Puis-je disposer, major ? »

(À suivre...)

© Éditions Orage-lagune-Express

La version intégrale de cette nouvelle que j'ai écrite à la fin des années 1990 est parue en deux épisodes dans le n° 16 (janvier 2000) et le n° 17 (avril 2000) de la revue Le Jardin d'essai et aux éditions Orage-Lagune-Express qui en conservent l'entier copyright. Tous droits réservés.

07 juillet 2010

Alma s'en va (suite)

(Nouvelle en mini-feuilleton)

Résumé des épisodes précédents

Une épave mystérieuse vient d'échouer sur la plage. Le major, un officier taciturne, enquête auprès d'un écrivain retiré, témoin d'un étrange phénomène et détenteur d'un objet convoité.

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Le major vient d'entrer dans une terrible colère. J'apprends qu'il s'est porté lui-même à la tête d'une équipe d'employés requis pour démanteler l'épave.

épave.JPG

Gildo a disparu et le major le retrouve sur place, à quelques mètres de cet amoncellement de bois qui ressemble à une cathédrale disloquée. Sa fureur augmente à chaque enjambée vers son ordonnance qui regarde la mer d'un air absent et buté. Le major tourne la tête brusquement. Les employés sortent en courant de l'épave, mains et mouchoirs au visage. Le chef d'équipe barre la route au major qui le repousse et entre dans l'épave. « Les hommes ne veulent pas travailler là-dedans. C'est une horreur » me lance-t-il au passage. Il s'éloigne et je vois vaciller le major. Il y a de quoi. Je viens d'arriver derrière lui lorsqu'une odeur d'abord douceâtre puis pestilentielle à mesure que j'approche me cloue sur place.
« Ma parole ! » murmure le major.
Dans le fouillis de planches, par terre, sur les parois de l'épave, partout, ondule un tapis d'asticots d'où s'envolent en grondant d'énormes essaims de mouches. Nous ressortons en nous bouchant le nez.
« Foutez-moi le feu à tout ça, videz le réservoir de la jeep s'il le faut ! » hurle-t-il à Gildo qui reste en face de nous sans bouger.
« Qu'est-ce que vous attendez pour obéir aux ordres ? »
Gildo persiste dans son immobilité.
« Vous aurez à répondre de votre attitude, je peux vous l'assurer » souffle le major avant de se retourner vers moi: « Quant à vous, dans mon bureau dans un quart d'heure.
— Mais... C'est l'heure du dîner... »

(À suivre...)

© Éditions Orage-lagune-Express

La version intégrale de cette nouvelle que j'ai écrite à la fin des années 1990 est parue en deux épisodes dans le n° 16 (janvier 2000) et le n° 17 (avril 2000) de la revue Le Jardin d'essai et aux éditions Orage-Lagune-Express qui en conservent l'entier copyright. Tous droits réservés.

06 juillet 2010

Alma s'en va (suite)

(Nouvelle en mini-feuilleton)

Résumé des épisodes précédents

Une épave mystérieuse vient d'échouer sur la plage. Le major, un officier taciturne, enquête auprès d'un écrivain retiré, témoin d'un étrange phénomène et détenteur d'un objet convoité.

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Pourquoi ai-je raconté cette histoire au major ? Les hasards de la conversation. J'y repense cette nuit en entendant gronder la mer. Quand dormirai-je enfin ? Et cette odeur ? cigare2.jpgJe fume trop. Le tabac doit me pervertir l'odorat. Nous sommes en plein hiver... Aucun arbre en fleur. J'ai soif. Se lever, ouvrir le réfrigérateur, boire. Écrire: " ce temps aujourd'hui plus précieux que l'or et que les négriers des distances abolies cherchent désormais à soustraire à ceux qui, toujours dépossédés, avaient trouvé dans ses replis leur imprévue richesse : la gourmandise du veilleur, la provision du matinal..."
Ermé. Ermé... Gildo. Est-ce possible? ? Ermenegildo ?...

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« Puis-je parler au major ?
— Il s'est absenté, monsieur. Voulez-vous laisser un message ? »
La secrétaire a déjà saisi son bloc et son crayon. J'aperçois Gildo entre deux portes. Il marque un temps d'arrêt et me lance un regard lourd.
« Inutile. Je reviendrai. »

 

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« J'ignorais votre goût pour le scrabble » dis-je au major.
— Nous sommes trois et je soupçonne Gildo des meilleures dispositions pour ce jeu. Cela promet une belle partie. Allons, détendez-vous Gildo. La soirée ne fait que commencer et après cet excellent repas, cela nous dégourdira l'esprit. »
En disposant le jeu sur la table, j'observe les deux officiers engoncés dans leurs uniformes. La partie commence. Le major joue vite. Gildo aussi.
« Pour un littéraire, il vous faut du temps, plaisante le major.
— Nous devrions fumer. Cela m'aiderait. »
Gildo sort un paquet de cigarettes. Je saute sur l'occasion.
« Attendez, j'ai quelques havanes dans la boîte, sur le buffet, à votre gauche Ermé ! »
Gildo attrape la boîte et la pose sur la table. Nous y voilà. Il pâlit et ses mains restent pétrifiées sur la boîte.
« Eh bien, Gildo, vous nous les donnez ces cigares ? » s'exclame le major. Absorbé par le jeu, il n'a pas relevé.
« Ce qui vous manque, c'est la concentration » ajoute-t-il en coupant le bout de son havane.

(À suivre...)

© Éditions Orage-lagune-Express

La version intégrale de cette nouvelle que j'ai écrite à la fin des années 1990 est parue en deux épisodes dans le n° 16 (janvier 2000) et le n° 17 (avril 2000) de la revue Le Jardin d'essai et aux éditions Orage-Lagune-Express qui en conservent l'entier copyright. Tous droits réservés.