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11 février 2021

Les plus mal chaussés

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Je comprends que des auteurs puissent tenter de gagner un peu d’argent en animant des ateliers d’écriture ou en communiquant leur expérience littéraire ou éditoriale ainsi que la mode en a été lancée dans les années 80 du siècle dernier. En revanche, les motivations de leur étrange public m’échappent un peu, surtout ce besoin de se trouver des maîtres, des professeurs. La meilleure et à mon avis la seule formation valable pour apprendre à écrire est la lecture.

En lisant la presse et en écumant les réseaux sociaux, je suis impressionné par la quantité d’offres de services émanant d’auteurs qui se prétendent « coachs en écriture ou en édition » (le mot qu’ils emploient augure mal de la suite). Examiner leurs différents profils laisse à penser que l’enseignement qu’ils dispensent ne fonctionne pas pour eux-mêmes, surtout ceux qui vous expliquent « comment écrire un roman » et, pendant qu’on y est « comment le publier » !

Cela me fait penser à tous ces « thérapeutes » eux-mêmes perclus de problèmes (allusion à quelques personnes que j’ai connues) et qui exercent dans des spécialités qui laissent rêveur.

Je sais bien que les cordonniers sont les plus mal chaussés, mais tout de même...

 

01 juin 2014

Conseils aux écrivains assignés à résidence

magazine des livres n°9,tu écris toujours ? feuilleton,presse,édition,résidence,auteur,écrivain,blog littéraire de christian cottet-emard,humour,humeur,résidence d'auteur,résidences d'écrivains,ateliers d'écriture,animations littéraires,social et littératureEn ce moment, je suis agacé par ces propositions d'animations à caractère plus ou moins social qu'on propose aux auteurs de mon profil, c'est-à-dire aux auteurs qui ne tirent pas leur revenu principal de leurs livres. En  ce qui me concerne, je pense que le rôle d'un écrivain n'est pas de faire du social, de l'animation ou de la pédagogie. Que certains y trouvent plaisir et intérêt, pourquoi pas ? Mais dans le cas des résidences d'auteurs, par exemple, n'oublions pas que ce dispositif était à l'origine créé pour aider quelques temps un auteur à écrire à l'abri des contingences matérielles et non pas pour animer des ateliers d'écriture dans des zones sensibles et des pays à risques ou à célébrer les traditions à la mords-moi le nœud d'un terroir. Comme il vaut mieux rire de toute cette hypocrisie plutôt que de se mettre martel en tête, je remets en ligne cet extrait de mon livre Tu écris toujours ? dans lequel j'avais abordé ce sujet.       

 TU ÉCRIS TOUJOURS ? (FEUILLETON D’UN ÉCRIVAIN DE CAMPAGNE). Précédents épisodes parus en volume aux éditions Le Pont du Change à Lyon (Un recueil de 96 pages, format 11 x 18 cm. 13 € port compris. ISBN 978-2-9534259-1-8). En vente aux éditions Le Pont du Change, 161 rue Paul Bert, 69003 LyonBON DE COMMANDE  Épisode également publié dans le Magazine des Livres n°9.

Conseils aux écrivains assignés à résidence

Vos lecteurs vous ont oublié, les libraires ont laissé vos livres prendre la poussière, vos éditeurs ne vous connaissent plus, vos voisins croient que vous vous êtes reconverti dans la brocante parce que vous aussi vous prenez la poussière, et seul votre banquier vous envoie du courrier ? Pas d’inquiétude ! Vous avez dépensé tout l’argent des bourses d’aide à l’écriture et vous avez mangé à tous les râteliers de la subvention ? Pas d’affolement ! Votre dossier de presse se résume à dix lignes dans l’hebdomadaire local « La Sarsouille (*) libérée » sous une photo du président de l’association crématiste parce que la vôtre est passée dans le compte-rendu de l’assemblée générale de ladite association ? Pas de panique ! Il vous reste une solution, entrer en résidence.

Vous quitterez vos pantoufles avachies, votre vieux Mac qui déborde, votre cafetière italienne en surchauffe, l’araignée qui s’obstine à tisser sa toile entre votre tête et le plafond dans le laps de temps qu’il vous faut pour enchaîner deux phrases et vous sauterez dans un train à destination d’une province inconnue où vous attend votre nouvelle résidence, et pas n’importe laquelle, une résidence d’auteur s’il vous plaît. À vous la vie de château ou de gîte rural tout équipé avec vue sur les culbutes de lapin de garenne. La résidence d’écrivain, vous n’en rêviez point, ils vous l’ont mitonnée quand même.

C’est tout expliqué sur le papier : « l’auteur reçu en résidence mettra à profit son séjour au cours duquel il sera logé dans un ancien pigeonnier du dix-huitième siècle (classé aux Monuments Historiques) et rémunéré sur la base d’un forfait mensuel pour élaborer en synergie avec les acteurs du développement local un projet d’écriture visant à valoriser tout à la fois la tradition d’un terroir et la modernité d’une région certes en phase optimale de développement socio-économique mais plus que jamais soucieuse d’harmoniser dans le respect des différences et par la recherche permanente d’un consensus les aspirations à un équilibre entre l’habitat urbain et l’habitat rural. »

Vous n’allez pas louper ça quand même ? Bon, d’accord, c’est loin, le pigeonnier se trouve à au moins trente kilomètres de chez vous, vous n’avez jamais quitté votre quartier et vous êtes attaché à vos racines mais sachez-le, les écrivains, comme tous les travailleurs, sont désormais assujettis à la mobilité professionnelle géographique. Au cas où vous ne l’auriez pas su, le vingt et unième siècle a commencé et... Pardon ? Le vingt et unième siècle et la mobilité géographique, vous vous asseyez dessus ? Une telle position peut se concevoir mais il vient de se produire un événement dont les conséquences vont inévitablement vous conduire à accepter sans réserve la résidence d’écrivain.

Cela concerne votre mécène, cette veuve de vieille noblesse à qui vous faites un peu de lecture mais qui, en tout bien tout honneur contre de menus services dont le plus contraignant se limite à promener Sacha le Chiwawa, règle parfois quelques factures, oui, c’est cela, la duchesse, eh bien on l’a retrouvée morte dans son lit, archi sèche ! Et qui hérite ? Sacha le chiwawa.

Vous résiderez donc, et si vous êtes allergique à la fiente de pigeon même fossilisée — désolé c’est classé, on ne peut pas l’enlever — rien ne vous empêche de postuler pour un vingtième étage au Canada. À cette hauteur, vous ne risquerez pas de vous faire boulotter par un ours, d’ailleurs, ils ne se mangent pas entre eux si vous voyez ce que je veux dire. Vos confrères ont trouvé l’appartement confortable et ils pourront vous confirmer qu’au vingtième, les oscillations d’un gratte-ciel sont imperceptibles, même dans le blizzard. Rassurez-vous, vous n’aurez pas le mal de mer et pour votre incurable vertige, c’est simple, ne regardez point par la fenêtre, vous aurez tout le loisir de reprendre cette activité qui vous passionne tant dès votre retour de résidence.

Pensez au bilan positif de tout le travail qu’entre temps vous serez fier d’avoir accompli : élimination de la concurrence dans l’oeuf en quelques ateliers d’écriture animés à votre manière et contribution à la création d’emplois avec l’embauche, dès votre départ de la résidence, de deux couples de techniciens de surface organisés en trois huit pour la désinfection des lieux car vous n’autorisez personne à procéder au ménage de votre bureau.

Et je ne parle pas de ce grand moment d’émotion qu’éprouveront vos hôtes, lors du décollage de votre avion, tant ils auront partagé avec vous la joie de votre retour au pays natal...
Toujours pas décidé ? Eh bien vous n’avez qu’à derechef vous trouver une autre duchesse, de préférence sans chiwawa.

(*) Rivière moins connue que la Seine (N.D.A).

 

 

04 novembre 2009

Littérature préfabriquée

people-2.jpgLu dans Télérama, un entretien avec l'écrivain Percival Everett qui avoue :

« C'est une de mes contradictions (après tout, je suis américain !) : j'enseigne le creative writing et je suis accablé par les conséquences de ces ateliers d'écriture. J'y vois le manque de culture, le manque d'inspiration et d'imagination des écrivains postulants. Ils produisent des romans lisses, sans risques, aux histoires mille fois ressassées, dont sont avides les maisons d'édition et, il faut le dire aussi, un lectorat paresseux, frileux. »

J'ajoute pour ma part qu'en France c'est encore pire car cette littérature lisse, radoteuse, primée et médiatisée se développe toute seule, sans les ateliers d'écriture de l'ampleur de ceux qui fonctionnent aux États-Unis !

Photo prise ici.