23 février 2022
Carnet / Aversion et nausée
J’ai pu passer la majeure partie de ma vie sans me préoccuper de politique parce que les gens de ma génération n’ont connu (je parle de la France) que des régimes centristes dominés, pour résumer à la truelle, par la vieille bourgeoisie. De droite ou de gauche, ces gouvernants étaient à peu près interchangeables sur le fond. Quant à la forme, ce n’était que du théâtre électoral et l’on pouvait sans mal s’en désintéresser ainsi que j’eus la chance de pouvoir le faire durant mes jeunes années et celles de ma maturité.
Et voilà qu’aujourd’hui, à l’âge de la retraite officielle où j’arrive en bonne forme et où je devrais normalement continuer dans cette voie reposante de l’indifférence à la politique, je me prends à ne même plus supporter la figure et la voix de l’actuel président de la République ainsi que celles de ses valets les plus médiatisés depuis la deuxième phase de la crise sanitaire qui a dégénéré en crise politique. Mon aversion est telle que je suis obligé de couper le son et l’image, comme lorsque des images de sport passent sous mes yeux. C'est physique, viscéral. C’est la première fois que je ressens quelque chose de semblable à l'encontre d'élus, certes déjà guère légitimes en raison du pourcentage faramineux d'abstention lors de leur élection mais élus tout de même.
Le président actuel, hostile à l’idée de nation et donc mal disposé à l’égard de la composante traditionnelle de la population de son propre pays rétive au type de société multiculturelle et technocratique qu’il veut imposer, se verrait bien le patron d’une Europe dont chaque état membre deviendrait une sorte de province progressivement dépouillée de son identité nationale. Dans cette optique, le peu qui persisterait de cette identité ne serait toléré qu’au bénéfice du folklore local toujours bon pour le tourisme.
Par le biais de la gestion gouvernementale de la pandémie, nous avons désormais une vision assez nette du quotidien que nous prépare cette société du ou des « pass » , sanitaire, vaccinal, écologique ou autres, une société que l’on pourrait qualifier pour l’instant de post-démocratique, une sorte de transition vers un avatar moderne du despotisme éclairé menant à court terme à la dictature si rien ne vient entraver ce processus. Un pouvoir technocratique à peine élu, des nations réduites à des provinces, des dirigeants hors-sol servant uniquement de « facilitateurs » du commerce, bref, pour moi un cauchemar et une nausée dont je vois l’incarnation dans nos actuels gouvernants.
C’est en remuant ces idées noires qu’un épisode du tout début de mon adolescence m’est revenu. C’était l’époque des réfugiés chiliens en France. Ils fuyaient la dictature de leur pays et j’en avais parfois approché certains, des familles, parce que ma marraine et ses amis politiques essayaient de leur apporter de l’aide au quotidien. Elle était même aussi devenu la marraine d’un de leurs enfants.
Lors d’une des nombreuses discussions qui avaient lieu chez elle à Lyon avec ces personnes, un jour où j’étais présent, j’entendis une chilienne exprimer la nausée qui la submergeait chaque fois qu’elle voyait des images des chefs de la dictature chilienne dans la presse ou à la télévision. J’étais si jeune et forcément si ignorant que je ne comprenais pas qu’on puisse se mettre dans des états pareils à cause de la politique.
Je ne mets pas sur le même plan la dictature chilienne de cette époque et notre actuelle société post-démocratique (bien qu’elle soit à mon avis en dérive et en tentation totalitaire) mais après avoir entendu l’actuel président me traiter de non-citoyen qu’il veut emmerder, je comprends maintenant une part de ce que pouvait ressentir cette femme. Je comprends une partie de sa nausée.
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15:09 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : tour de france cycliste, lancer de cochonou, arrivée, étape, peloton, cyclisme, sport, humour, mauvaise foi, aversion, blog littéraire de christian cottet-emard, phobie du sport