02 janvier 2023
Carnet / Musique amie
Un beau nuage lenticulaire capturé par mon Lumix, derrière chez moi.
Dans la préface de son livre Requiem (une de mes lectures de chevet) Antonio Tabucchi déclare « j’ai toujours aimé la musique à bon marché » et de citer en l’approuvant le poète brésilien Carlos Drummond de Andrade : « Je ne veux pas de Haendel pour ami, et je n’entends pas les aubades des archanges. »
J’ignore quant à moi si Haendel avait des amis. Le mot ami avait-il d’ailleurs à l’époque de Haendel le même sens qu’aujourd’hui ? Ce n’est pas certain.
En ce qui me concerne, la musique de Haendel m’accompagne en véritable amie depuis mon enfance (grâce aux disques familiaux) et c’est avec cet extrait de L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato écouté en songeant aux nuages lenticulaires que je commence la nouvelle année. Qu'elle soit heureuse à qui passe par ici et me fait l'amitié de me lire.
02:03 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, blog littéraire de christian cottet-emard, photo, musique, ciel, nuage, haendel, tabucchi, drummond de andrade, christian cottet-emard, nuage lenticulaire
21 décembre 2013
Des nuages lenticulaires et du bonheur
Il était souvent vêtu d'un caban, parlait peu mais acceptait volontiers un cigare et un verre d'alcool mais pas de thé. Un jour, il sortit de sa réserve habituelle, peut-être sous l'effet d'un vieux porto, et demanda à Andrade s'il était heureux de la vie qu'il menait. Sur le moment, Andrade ne sut que répondre et se contenta de remplir de nouveau le verre de son visiteur. Quand celui-ci prit congé, il repensa à la question et la jugea indiscrète. Quant à l'adjectif « heureux », il le trouva saugrenu mais lié à deux souvenirs, l'un d'enfance et l'autre d'adolescence.
Dans le premier, il revit un nuage en forme de soucoupe volante qui s'était installé dans le ciel, et sous le ciel courait ce jeune garçon qu'il avait été. Après s'être arrêté un moment le nez en l'air, il était rentré chez lui où il avait appris dans un livre qu'il s'agissait d'un nuage lenticulaire. « Les nuages lenticulaires, en forme de pile d’assiettes, peuvent rester sur place durant plusieurs heures » disait le livre. Cette apparition l'avait comblé d'un étrange et fugace bonheur. Ainsi la formation d'un nuage lenticulaire pouvait-elle susciter le sentiment d'être heureux. Pourquoi ? Alors là, mystère...
Dans le second souvenir, celui d'une promenade dans le parc municipal, Andrade se revit en jeune homme franchissant un pont. Son regard s'était mêlé au cours tranquille de la rivière. Ce jour-là, non loin du kiosque à musique, lui apparut le mystère de cette eau claire qui dansait sur les cailloux et dans le soleil, fantasque comme le rire tumultueux d'une jeune fille. Mais la rivière n'est jamais fantasque. Seul peut l'être celui qui, sans savoir pourquoi, s'est arrêté sur le pont, le passant du parc municipal soudain traversé par l'énigme de l'eau.
Presque trente ans plus tard, celui qui reste le passant du parc s'immobilise encore sur le pont, et la rivière, toujours pareille à elle-même, lui signifie qu'il ne sait toujours rien de cette inexplicable joie à propos de laquelle les gens se questionnent parfois dans la solitude lorsqu’il leur arrive de réfléchir à leur destin.
Extrait d'un ouvrage en cours. Droits réservés. © L'auteur et Orlag, 2013.
Photo de nuages lenticulaires prise ici.
00:13 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nouvelle, nuage lenticulaire, bonheur, joie, destin, andrade, christian cottet-emard, blog littéraire de christian cottet-emard, droits réservés, édition, publication, manuscrit déposé, extrait, fêtes lointaines, mariage d'automne, notaire