05 février 2021
Carnet / La vie rêvée
Toutes les fleurs du marronnier du parc municipal se sont envolées dans les grands vents des premiers orages. Le parc n’est pas loin du lycée où je suis en seconde. Quand viennent les heures de sport, je m'en dispense moi-même et je sors acheter un paquet de Gitanes blanches sans filtres au café-tabac situé juste en face du lycée, je descends la rue de la Victoire et je rejoins l’entrée du parc René Nicod marquée par une fontaine dont l’eau jaillit de la bouche de gros poissons en métal peint. Le plus souvent, ma place sous le marronnier est libre et je m’y installe pour fumer et lire un livre de poche.
Ce jour-là, pendant que les autres gesticulent en respirant des relents de gymnase, j’achète à la Maison de la presse La Vie rêvée de François-Régis Bastide, un gros roman choisi pour le titre et la couverture (où l'on voit flotter un orgue dans le vide) et non pour l’auteur que je ne connais pas.
Je crois avoir lu au moins trois quarts de ce livre en pensant à autre chose, sans m’intéresser à une histoire qui était sans doute à mille lieues de ce qui pouvait me concerner à cette époque. Si je me souviens encore de ce livre qui ne suscita en moi que quelques images floues correspondant à certains débuts de chapitres, c’est qu’une question parasitait ma lecture : comment écrire un roman de cinq cents pages ?
Aujourd’hui, si longtemps après ce moment de mon adolescence qui s’est gravé Dieu sait pourquoi dans ma mémoire avec une étrange insistance, j’aurais plutôt tendance à me demander : comment ne pas écrire un roman de cinq cents pages ?
À l'exception de ma propension à rêver ma vie en ces années soixante-dix du siècle dernier, je ne garde guère de nostalgie de cette période durant laquelle je n’exerçais ma lucidité à rien d’autre qu’à tenter d’évaluer les décennies d’expériences et de lecture qu’il me faudrait traverser avant d’être capable de raconter une histoire et d’en arriver à me demander « comment ne pas faire ceci ou cela, comment ne pas écrire ceci ou cela, comment ne pas être ceci ou cela » ...
01:07 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poisson, fontaine, parc rené nicod, oyonnax, ain, rhône-alpes, variations symphoniques, autobiographie, carnet, christian cottet-emard, blog littéraire, eau, souvenir, adolescence, note, journal, prairie journal, éditions orage lagune express, médiathèque oyonnax, livre
06 juillet 2020
À la fenêtre la nuit d'été
Tard dans la nuit d'été, la fenêtre de ma chambre s’ouvre sur un monde secret qui n’a pourtant rien d’extraordinaire.
La rue devient-elle étonnante parce que les gens dorment ?
Dans l’ombre, plus personne ne s’inquiète du chat noir qui traverse entre deux lampadaires, il a même toute sa place au moins jusqu’à l’aube laborieuse des superstitieux.
Je vois briller ses yeux depuis le balcon lorsqu’il entend le clic de mon briquet.
Peut-être me croit-il près du ciel comme un oiseau nocturne alors que j’essaie de me rapprocher de la terre pleine de promesses.
© Club, Orage-Lagune-Express et Blog littéraire de Christian Cottet-Emard, ISSN 2266-3959.
Image : je reprends ce dessin de Frédéric Guénot pour illustrer un texte de la série de mes Quatre songeries du ciel ouvert intégrée à la fin de mon recueil à paraître intitulé Aux grands jours. À l'origine, ce dessin avait été choisi pour la publication en feuilleton dans la revue Salmigondis de mon livre Le Grand variable (éditions Éditinter, épuisé).
01:23 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : estime-toi heureux, aux grands jours, quatre songeries du ciel ouvert, épilogue, ©club, ©orage lagune express, ©blog littéraire de christian cottet-emard, été, christian cottet-emard, dépôt n°, archive n°, office notarial m, empreinte électronique n°, n°issn 2266-3959, parc rené nicod, oyonnax, ain, rhône-alpes auvergne, haut bugey, france, europe, rue, chat, lampadaire, veille, chambre, insomnie, frédéric guénot, dessin, le grand variable, feuilleton, revue salmigondis
04 juillet 2020
Au parc
Il fait trop chaud, se plaint quelqu’un que je ne vois pas, non loin du kiosque à musique vide où les feuillages envoient des ombres dansantes.
Le ciel est si vaste que les bancs publics semblent y flotter comme dans la mer.
Eau non potable est-il écrit sur la fontaine qu’il suffit d’écouter pour se rafraîchir.
L’été est la saison où l’on habite l'immense et claire demeure de l’instant.
Extrait de Quatre songeries du ciel ouvert, ensemble intégré à mon recueil Aux grands jours © Club, Orage-Lagune-Express et Blog littéraire de Christian Cottet-Emard, ISSN 2266-3959.
Photos C. C-E
01:10 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : estime-toi heureux, aux grands jours, quatre songeries du ciel ouvert, épilogue, ©club, ©orage lagune express, ©blog littéraire de christian cottet-emard, été, parc, bancs publics, kiosque à musique, fontaine, arbres, feuillages, christian cottet-emard, dépôt n°, archive n°, office notarial m, empreinte électronique n°, n°issn 2266-3959, parc rené nicod, oyonnax, ain, rhône-alpes auvergne, haut bugey, france, europe