21 avril 2011
Tu écris toujours ? (63)
aux écrivains qui ne veulent pas se lever.
Longtemps, je me suis couché de bonne heure et ne m’en suis pas pour autant levé le lendemain dès l’aube à l’heure où blanchit la campagne. Oui, je peux donc vous comprendre ô fainéants dans la vallée fertile de la couette en pur coton biologique garantie commerce équitable et rembourrée de poils de Paresseux d’Amérique tropicale (recueillis un à un à la main avec un peigne en buis d’Oyonnax), que vous soyez best-sellers mondiaux ou plumitifs de sous-préfectures, allez, je ne vous hais point, vous qui ne fûtes et ne serez jamais des écrivains du matin.
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27 mars 2011
Nouvelle formule et parution mensuelle pour le Magazine des livres
La suite de mon feuilleton Tu écris toujours ? (conseils aux écrivains qui ne veulent pas se lever,) est dans le Magazine des Livres (n°29) actuellement en kiosques. Le Magazine des Livres est désormais mensuel et adopte un nouveau format, tabloïd.
Au sommaire :
LE MAGAZINE DES LIVRES n°29 / mars 2011
L’éditorial de Joseph Vebret : Le miroir Céline
ÉVÈNEMENT
Franck Lestringant : « Gide sera révolutionnaire malgré lui » par Joseph Vebret
RENCONTRES
Michel Chaillou : « On commence à écrire quand on n’a rien à dire », par Joseph Vebret
Hubert Haddad, le jour et la nuit, par Joseph Vebret
ENTRETIENS
François Cérésa, de cape et d’épée, par Emmanuelle de Boysson Clamorgan
Pierre Pelot, raconteur d’histoires, par Joseph Vebret
Les audaces de Dan Chaon, par Stéphanie des Horts
Sur la piste d’Erik L’Homme, par Pierre Gillieth
La violence de Leonardo Oyola, par Éric Bonnargent
HOMMAGE
Andrée Chedid, l’éloge du vivant, par Valère-Marie Marchand
UNE VIE D’ÉCRIVAIN
Philippe Delerm : « Dans un atome de vie, il y a toute la vie », par Thierry Richard
APARTÉ
Sylvie Testud, actrice en mots, par Laure Rebois
CLASSIQUE
August, reviens..., par Gerald Messadié
Trois lettres inédites, d’August Strinberg
LE CAHIER DES LIVRES
Focus • Romans • Poésie • Documents • Revues
Lectures] Un roman de la perplexité, par Michel Chaillou
Poésies] Une voie d’espérance, par Gwen Garnier-Duguy
Chemin faisant] Le grand combat, par Pierre Ducrozet
Cinéma & littératures] Un pur western, signé les frères Coen, par Anne-Sophie Demonchy
Lire la musique] Toujours punk, par Guy Darol
Musique & littératures] La voix Ferré, par Jean-Daniel Belfond
Les mains dans les poches] Mémoire vive, par Anthony Dufraisse
Relecture] « Un mois de satisfaction », par Stéphanie Hochet
BONNES FEUILLES
La sélection d’Annick Geille : Retour aux sources
Nous, animaux et humains, Tristan Garcia
L’autre fille, Annie Ernaux
La fuite en Égypte, Michel Chaillou
La vie nous regarde passer, Georges-Olivier Châteaureynaud
Un homme de passage, Serge Doubrovsky
Rue de Rivoli, Viviane Forrester
Olivier, Jérôme Garcin
La nuit de Lampedusa, Daniel Picouly
Les larmes de mon père, John Updike
En vedette au Salon par Annick Geille
FEUILLETONS
Voyage dans une bibliothèque : Céline en clandestin, par Raphaël Juldé
Conseils aux écrivains qui ne veulent pas se lever, par Christian Cottet-Emard
Bavarderies : Grand Palais, par Pierre Pelot
Il était une fois l’auteur : L’Auteur est amoureux, par Emmanuelle Allibert
Sous la direction éditoriale de Joseph Vebret.
Avec : Emmanuelle Allibert, Stéphane Beau, Jean-Daniel Belfond, Éric Bonnargent, Brigit Bontour, Emmanuelle de Boysson Clamorgan, Adeline Bronner, Pierre Canavaggio, Michel Chaillou, Christian Cottet-Emard, Guy Darol, Anne- Sophie Demonchy, Guilaine Depis, Pierre Ducrozet, Anthony Dufraisse, Gwen Garnier-Duguy, Annick Geille, Pierre Gillieth, Christophe Henning, Stéphanie Hochet, Stéphanie des Horts, Raphaël Juldé, Claire Julliard, Anne-Françoise Kavauvea, Marc Laudelout, Valère-Marie Marchand, Gerald Messadié, Christophe Mory, Jean-Jacques Nuel, Pierre Pelot, Laure Rebois, Thierry Richard, Frédéric Saenen, Marc Villemain.
Photos : Louis Monier. Illustrations : Miège et Innocent.
Coordination : Delphine Gay.
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19 mars 2011
Tu écris toujours ? (62)
Conseils aux écrivains qui veulent gagner du temps.
Vos œuvres complètes tiennent sur une tranche de cinq centimètres dans votre bibliothèque et votre éditeur sera obligé de publier votre prochain roman en gros caractères sur papier extra-bouffant pour pouvoir vendre vos quatre-vingts laborieux feuillets au prix de cent soixante chez la concurrence. Pourtant, vous débordez d’idées. Conclusion : vous n’arrivez pas à réserver assez de temps à l’écriture. De deux choses l’une, ou vous menez une vie de patachon si excitante qu’elle ne vous laisse que trois heures de sommeil par nuit ou vous vivotez comme tout le monde, accablé par les corvées quotidiennes qui écrabouillent votre créativité. Vous vous trouvez dans cette deuxième catégorie ? Je m’en doutais. La situation est désespérée mais pas grave.
L’idée d’une humanité privée de quatre-vingt-dix pour cent de votre génie sous prétexte que vous devez faire le ménage, les courses et éventuellement gagner votre vie (un comble quand on n’a pas demandé à venir au monde) n’est certes guère plaisante mais supportable comparée aux catastrophes que pourraient provoquer l’arrêt du Gulf stream ou la faillite de la distillerie qui sort mon bourbon favori à quarante-trois degrés. Comme disait Einstein, il faut relativiser (enfin, je crois qu’il a dit quelque chose dans ce genre).
Si le temps vous manque pour écrire les chefs-d’œuvre dont les idées vous entrent dans la tête à la vitesse de la lumière mais en sortent hélas aussi vite, c’est que vous le gaspillez. Je ne sais pas ce que vous faites de vos journées et je ne veux pas le savoir mais vous n’ignorez pas que certaines mauvaises habitudes, la pratique d’un sport notamment, sont chronophages. S’il vous est agréable de vous disperser dans une gymnastique qui vous fait rentrer tout suant à la maison et qui vous accule à une navrante dépendance aux nouilles, spaghettis, macaronis et autres tagliatelles pourvoyeuses de sucres lents, je ne peux rien pour vous.
Après tout, vous mangez ce que vous voulez mais je peux au moins vous donner des astuces pour gagner du temps sur les repas car je suis bien placé pour savoir que les écrivains ont tendance à rester trop longtemps à table. Aussi veillerez-vous, les jours où l’inspiration vous assaille, à ne prévoir qu’un casse-croûte ne nécessitant qu’un minimum de préparation. Rien de tel qu’un bon sandwich thon-mayonnaise. À ma gauche, la boîte de thon, à ma droite, le tube de mayonnaise et au centre, deux tranches de pain qui viendront aplatir le mélange. Pas question de perdre de précieuses minutes à monter la mayonnaise vous-même. La mayonnaise sort du tube, le thon sort de la boîte, c’est tout. Et pour le pain, rien que du pain de mie, plus rapide à mastiquer que la baguette. Mon conseil en plus : on peut trouver du pain de mie sans croûte, encore un gain de temps et d’énergie. J’ai aussi en magasin un truc bien pratique pour le petit déjeuner. Pourquoi vous épuiser à tourner une cuiller à café dans votre bol ? Préférez une cuiller à soupe qui divisera le mouvement par deux. Résultat, moins de fatigue, surtout dans l’état où vous êtes au saut du lit.
Qui dit petit déjeuner dit journal. À proscrire. Vous ne lisez certes pas la presse locale dont vous vous contentez de regarder les images mais si vous êtes vraiment amateur de ces photos rappelant le style Raymond Depardon tardif, achetez carrément son dernier album et n’en parlons plus. Sachez cependant que la contemplation, de bon matin, de cette France si exotique peut non seulement vous saper le moral mais encore vous boulotter de précieuses minutes (sans parler, si vous êtes marié, de ce qui peut constituer un redoutable tue-l’amour pour votre femme qui n’a pas épousé un homme avec un journal ou un livre à la place du visage). Je ne prends cet exemple qu’au masculin car, heureusement, plus rares sont les femmes dont la tête disparaît à chaque repas derrière les pages dépliées de journaux locaux ou sportifs.
Le régime que je vous ai conseillé vous convient mais vous ne pouvez pas vous priver de votre quotidien local ? À cause des avis de décès bien sûr ! Je sais qu’on a toujours l’espoir d’y trouver un vieil ennemi mais dites-vous bien que l’augmentation de l’espérance de vie dans nos sociétés, phénomène général concernant aussi les ennemis, raréfie les bons morts et remet de ce fait en question la rentabilité d’un abonnement à la feuille du coin. Toujours pas décidé à ne plus vous noircir les doigts et le bout du nez à l’encre de chiens écrasés ? Dans ce cas, je ne vois plus qu’une raison : vous guettez un papier sur votre dernier livre. Au fait, avez-vous trouvé le temps de l’écrire ? Pas encore ? Je vois. Écoutez, je connais un très bon psy. Voulez-vous l’adresse ?
(Extrait de TU ÉCRIS TOUJOURS ? (FEUILLETON D’UN ÉCRIVAIN DE CAMPAGNE). Précédents épisodes parus en volume aux éditions Le Pont du Change, Lyon.) Cet épisode est paru dans le Magazine des Livres n°28.
La suite du feuilleton dans le récent Magazine des Livres (n°29) qui vient de sortir en kiosques dans un nouveau format tabloïd.
18:08 Publié dans FEUILLETON : tu écris toujours ? | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : feuilleton, tu écris toujours ?, christian cottet-emard, le magazine des livres 29, tabloïd, éditions le pont du change, lafont presse, thon, mayonnaise, pain de mie, sandwich, bourbon, gulf stream, einstein, raymond depardon