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05 mars 2022

Carnet / Avez-vous votre « Passe bonne morale » ?

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Je n'ai évidemment rien contre les initiatives humanitaires en faveur des victimes de guerre et des réfugiés.
 
Ceci dit, je ne vois de la part du gouvernement actuel dans l'affaire de l'Ukraine que posture de diversion pour éviter d'avoir à rendre compte de son bilan et pour escamoter la campagne électorale, posture alarmiste pour créer la stupeur dans l'opinion et continuer de gouverner par la peur de la guerre après la peur du virus et enfin posture belliciste irresponsable (notamment avec les déclarations hallucinantes et scandaleuses de Bruno Le Maire qui a dit vouloir « livrer une guerre économique et financière totale à la Russie » , même s'il a fini par revenir sur ses propos déments mais qui montrent bien que ce gouvernement est en train de péter un câble).
 
Tous ceux qui ont écouté ou lu l’intégralité du délire guerrier de Bruno Le Maire dans sa première version ont pu constater que le ministre de l’économie s’est vautré avec une visible complaisance sur les conséquences pour le peuple, les petites gens, des gens comme vous et moi, d’un effondrement de l’économie qu’il appelle de ses vœux à l’encontre d’une nation avec laquelle nous ne sommes pas en guerre. Il en a décrit avec la précision de quelqu’un qui sait de quoi il parle, qui en a la compétence, les effets dévastateurs. C’est tellement irresponsable que le Sénat a été obligé de lui secouer les puces. Cet épisode n’est qu’un parmi tant d’autres des couacs et de l’absence de maîtrise de la parole gouvernementale qui doit être mesurée en toutes circonstances, en particulier dans les manœuvres diplomatiques de rigueur lors de crises internationales aussi sérieuses.
 
Dans le même temps, les habituels indignés sélectifs du camp du bien se collent des petits drapeaux sur les pommettes et sur leurs photos de profil Facebook. Ils feraient bien de s'informer plus en détail et en croisant les sources avant de relayer avec naïveté ou cynisme la propagande officielle (je parle de la propagande du gouvernement Macron qui est aussi celle des pouvoirs issus du même moule européen, celui de ces gouvernements post-démocratiques révélés par la crise Covid, tous donneurs de leçons et qui se croient fondés à imposer leur pensée unique sans craindre le ridicule d’initiatives discriminatoires décrétées dans l’arbitraire le plus total contre des personnes qui font leur métier. J’en veux pour preuve les ennuis qu’on fait à des artistes tels que Valery Gergiev, Anna Netrebko et d’autres dont la liste s’allonge de jour en jour en une pure et simple chasse aux sorcières.
 
Une de mes connaissances qui m’accuse fort imprudemment sur Facebook, donc en public, de « soutenir Poutine » ce qu’aucune de mes publications ne suggère, n’hésite pas à affirmer : « Je ne vois pas en quoi il serait néfaste de demander fermement à certains artistes pro Poutine de prendre leurs distances avec un dictateur. » (On appréciera au passage le « demander fermement »). C’est donc cela la liberté de penser et la liberté d’expression à la nouvelle sauce européenne ? On ordonne (pardon, on demande fermement (!) à des artistes et des sportifs russes et biélorusses de décliner leurs idées et leurs opinions politiques sans même leur laisser le choix d’être silencieux puisqu’il leur est explicitement commandé de se positionner sur la guerre en Ukraine sous peine de perdre leurs engagements. C’est du chantage et rien d’autre. À quand les concerts et spectacles édifiants comme au bon vieux temps ? Comment peut-on admettre ces pressions dignes des anciennes chaisières des ligues de vertu ? Nous voilà donc revenus au temps de la stigmatisation de Wagner, de Richard Strauss, de Prokofiev, de Chostakovitch, de Céline, de Dostoïevski ? Qu’est-ce que ce sera la prochaine fois ? Le boycott de la vodka et des blinis ?
 
La même personne que j’évoquais précédemment revient à la charge après notre engueulade au cours de laquelle je lui expliquais qu’il n’était pas conseillé de m’accuser devant témoins de soutenir qui que ce soit si je ne l’avais pas exprimé moi-même. J’ai donc droit à l’interrogatoire :
« Donc, tu ne soutiens pas Poutine ? » Me voici donc sommé, moi, minuscule blogueur, de présenter moi aussi mon « passe anti-Poutine » pour accéder au camp du bien !
 
Ainsi que l’a très bien dit Elisabeth Lévy à la télévision, on ne peut plus évoquer le sujet de cette guerre, exposer une analyse ou une opinion sans préalablement l’assortir de la mention politiquement correcte je ne soutiens pas Poutine. J’ai encore un peu le droit de dire ce que je pense mais attention : sans oublier la mention légale comme sur les bouteilles d’alcool et les paquets de cigarettes ! Ces mises en demeure visent à empêcher toute contradiction, toute remise en cause de cette déferlante de pensée unique et de moraline sur nos consciences d’européens surveillées par Bruxelles. Si je « soutenais Poutine » (ça lui ferait une belle jambe !), je le dirais haut et fort et seulement si je décidais d’en faire état en public. Ce consentement généralisé à l’assignation de montrer patte blanche en permanence, très peu pour moi. La période Covid a semé de bien mauvaises habitudes dans les esprits ; à ceux qui n’ont pas perdu le leur de veiller à ce que cela ne devienne pas des réflexes.
 
Au moment où je finis de mettre à peu près en ordre ces notes que j’ai précédemment publiées sur le réseau social, j’apprends sur radiofrance.fr que la Fédération des concours de musique alerte contre l’exclusion des jeunes candidats russes !
 
Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne plus rond en Occident. La musique n’a pas de frontières, Que les fanatiques de la pensée unique qui fait rage en ce moment en Europe se le disent !
 

#musique #music

27 mars 2011

Nouvelle formule et parution mensuelle pour le Magazine des livres

La suite de mon feuilleton Tu écris toujours ? (conseils aux écrivains qui ne veulent pas se lever,) est dans le Magazine des Livres (n°29) actuellement en kiosques. Le Magazine des Livres est désormais mensuel et adopte un nouveau format, tabloïd.

Au sommaire :


LE MAGAZINE DES LIVRES n°29
/ mars 2011
MDL 29

L’éditorial de Joseph Vebret : Le miroir Céline

ÉVÈNEMENT
Franck Lestringant : « Gide sera révolutionnaire malgré lui » par Joseph Vebret

RENCONTRES
Michel Chaillou : « On commence à écrire quand on n’a rien à dire », par Joseph Vebret
Hubert Haddad, le jour et la nuit, par Joseph Vebret
ENTRETIENS
François Cérésa, de cape et d’épée, par Emmanuelle de Boysson Clamorgan
Pierre Pelot, raconteur d’histoires, par Joseph Vebret
Les audaces de Dan Chaon, par Stéphanie des Horts
Sur la piste d’Erik L’Homme, par Pierre Gillieth
La violence de Leonardo Oyola, par Éric Bonnargent
HOMMAGE
Andrée Chedid, l’éloge du vivant, par Valère-Marie Marchand
UNE VIE D’ÉCRIVAIN
Philippe Delerm : « Dans un atome de vie, il y a toute la vie », par Thierry Richard
APARTÉ
Sylvie Testud, actrice en mots, par Laure Rebois

CLASSIQUE
August, reviens..., par Gerald Messadié
Trois lettres inédites, d’August Strinberg

LE CAHIER DES LIVRES
Focus • Romans • Poésie • Documents • Revues
Lectures] Un roman de la perplexité, par Michel Chaillou
Poésies] Une voie d’espérance, par Gwen Garnier-Duguy
Chemin faisant] Le grand combat, par Pierre Ducrozet
Cinéma & littératures] Un pur western, signé les frères Coen, par Anne-Sophie Demonchy
Lire la musique] Toujours punk, par Guy Darol
Musique & littératures] La voix Ferré, par Jean-Daniel Belfond
Les mains dans les poches] Mémoire vive, par Anthony Dufraisse
Relecture] « Un mois de satisfaction », par Stéphanie Hochet

BONNES FEUILLES
La sélection d’Annick Geille : Retour aux sources
Nous, animaux et humains, Tristan Garcia
L’autre fille, Annie Ernaux
La fuite en Égypte, Michel Chaillou
La vie nous regarde passer, Georges-Olivier Châteaureynaud
Un homme de passage, Serge Doubrovsky
Rue de Rivoli, Viviane Forrester
Olivier, Jérôme Garcin
La nuit de Lampedusa, Daniel Picouly
Les larmes de mon père, John Updike
En vedette au Salon par Annick Geille

FEUILLETONS
Voyage dans une bibliothèque : Céline en clandestin, par Raphaël Juldé
Conseils aux écrivains qui ne veulent pas se lever, par Christian Cottet-Emard
Bavarderies : Grand Palais, par Pierre Pelot
Il était une fois l’auteur : L’Auteur est amoureux, par Emmanuelle Allibert

Sous la direction éditoriale de Joseph Vebret.
Avec : Emmanuelle Allibert, Stéphane Beau, Jean-Daniel Belfond, Éric Bonnargent, Brigit Bontour, Emmanuelle de Boysson Clamorgan, Adeline Bronner, Pierre Canavaggio, Michel Chaillou, Christian Cottet-Emard, Guy Darol, Anne- Sophie Demonchy, Guilaine Depis, Pierre Ducrozet, Anthony Dufraisse, Gwen Garnier-Duguy, Annick Geille, Pierre Gillieth, Christophe Henning, Stéphanie Hochet, Stéphanie des Horts, Raphaël Juldé, Claire Julliard, Anne-Françoise Kavauvea, Marc Laudelout, Valère-Marie Marchand, Gerald Messadié, Christophe Mory, Jean-Jacques Nuel, Pierre Pelot, Laure Rebois, Thierry Richard, Frédéric Saenen, Marc Villemain.
Photos : Louis Monier. Illustrations : Miège et Innocent.
Coordination : Delphine Gay.