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14 mars 2016

Carnet / De l’imposture du rap

rap,hip-hop,imposture,capuche,casquette,machisme,sexisme,violence,obscurantisme,indigence culturelle,variété,blog littéraire de christian cottet-emard,point de vue,humeur,carnet,note,journal,christian cottet-emard,prairie journal,tribune,opinionJ’ignore par quelle aberration, erreur d’aiguillage ou plaisanterie j’ai reçu une proposition de service de presse concernant un disque de rap.

Certes, la poésie et la musique sont-elles souvent évoquées dans mon blog, ce qui me conduit d’autant plus à enjoindre les responsables de cet envoi à m’effacer de leur fichier d’adresses puisque pour moi, le rap ne relève ni de l’une ni de l’autre.

Cette expression grotesque et prétentieuse (les deux vont de paire) d’une prétendue contestation sociale n’est en réalité que la revendication du machisme, de la violence et de l’affairisme assumés jusqu’à la caricature. Quand le rap tente de sortir de cette caricature, il verse dans la recommandation édifiante rappelant la bonne parole des « grands frères des cités » à destination de leurs cadets en perdition et qui a fait illusion quelques temps mais dont on sait désormais vers quelle propagande elle s’est orientée.

Quand les textes des rappeurs ne relèvent pas des tribunaux en raison de l’appel au meurtre de policiers et de l’exaltation de la violence sexiste, leur indigence exprimée sur le ton du plus morne esprit de sérieux et par une gestuelle outrageusement solennelle ne fait que maintenir dans leur condition d’exclusion des publics dont ils se présentent comme les porte-parole. À cet égard, le rap, sous son masque subversif, défend efficacement l’ordre établi du business et de ses symboles les plus clinquants (marques commerciales, grosses voitures, accessoires de mode, bijoux voyants exhibés tels des gris-gris), ce qui explique le zèle de promotion médiatique dont il fait l’objet de la part des producteurs de sous-culture industrielle.

Même si certains rappeurs déclarent utiliser le rap pour diffuser d’éventuels contenus politiques ou de revendication sociale, la pénurie musicale et le radotage lexical de leur mode d’expression les réduisent à la production répétitive de stéréotypes stériles constitutifs d’une impuissance créatrice condamnée à se maintenir dans le champ culturel déjà sinistré du spectacle de variété par la surenchère dans la provocation et l’auto-victimisation.

L’imposture artistique du rap ne porterait pas plus à conséquences que celle du reste de la variété cantonnée à son insignifiance (rock, chanson, bande musicale destinée au fond sonore et autres musiques d’ascenseur) si elle n’était pas sciemment relayée comme vecteur de courants idéologiques mortifères relevant parfois de la propagande anti-occidentale et extrémiste religieuse. Aussi est-il important, dans le contexte actuel, de se souvenir que de tous temps, la diffusion massive d’un langage pauvre délivrant un message sommaire s’est toujours révélée comme le meilleur instrument de la destruction de la pensée pouvant conduire à l’oppression et au chaos politiques.

Si le rap est encore loin d’avoir atteint cette capacité de nuisance, il pose cependant problème au point de défrayer de plus en plus souvent la chronique judiciaire en raison de son apologie de la violence à l’encontre des femmes, du terrorisme et parfois du racisme antiblancs. Si ces procès augurent favorablement d’une prise de conscience salutaire des débordements du rap dans un contexte socio-politique tendu, leur issue avec des peines légères ou des relaxes est hélas encore loin d’avoir valeur d’exemple.

On a beau savoir que ces procès ne sont pas la panacée pour dénoncer l’imposture sociale et culturelle du rap, ils auraient au moins le mérite d’atteindre le point sensible des rappeurs véhiculant les messages les plus nocifs (leur compte en banque) si les peines se traduisaient par des amendes proportionnelles aux chiffres de leurs ventes.

Au-delà, il faut surtout se demander pourquoi et sous l’influence de qui un sous-produit comme le rap parvient à trouver des relais jusque dans les milieux de la culture et de l’enseignement pourtant en première ligne pour combattre le retour du vieil obscurantisme relooké façon Hip-hop.

 

Commentaires

ntm m'a autant amené à l'écriture, à la poésie ou à la pensée que les bouquins de bukowski ou de guillevic. Cet article est l'expression caricaturale et clichée de quelqu'un qui n'a tout simplement jamais écouté de rap et met tout dans le même sac. c'est aussi maigre intellectuellement et faux que les évangélistes qui associaient le rock n roll au diable ou a la décadence. Il y a des rappeurs de droite, des beaufs et des réactionnaires, d'autres cons comme des balais, et il y a des vrais écritures des vraies pensées des vrais nuances des vrais poèmes, des vrais histoires. Il y a de la complexité et de la nuances et de la finesse. et cela participe à un vrai processus de réappropriation, sociale politique et intellectuel aussi valable que les autres formes d'art.

Écrit par : thoams | 16 mars 2016

Si j'ai écrit cet article, c'est justement parce que j'ai eu le désagrément d'écouter du rap. En effet, comment échapper à ce matraquage médiatique ?
Je ne suis pas étonné de cette réaction parfaitement conforme à cette bien-pensance sirupeuse qui renvoie systématiquement ses contradicteurs dans les rangs des fachos, des évangélistes ou que sais-je encore ! Le procédé est connu.

Écrit par : Christian Cottet-Emard | 16 mars 2016

écouté vraiment ? pas les bons alors et surement pas en profondeur, je n'ai pas envie de faire généralité contre généralité. vous caricaturez mes propos, je n'ai traité pour l'instant personne de facho j'associais juste cette réaction à celle (aussi grossière) des autres époques et des autres musiques. Quand a ma bien-pensance sirupeuse (bientôt le politiquement correcte et le droit de l'hommisme?) elle vaut bien la mal-pensance aigre non ?...

Écrit par : thoams | 16 mars 2016

Cette conversation est typique du malentendu entre moi et nombre de mes contacts dans la petite sphère littéraire. Elle a le mérite de clarifier les choses.

Écrit par : Christian Cottet-Emard | 16 mars 2016

C'est ce que je dis : on est dans l'aigreur dès qu'on critique avec véhémence ce qui est communément admis. Et ce n'est pas parce que ne suis pas un robinet d'eau tiède que je suis dans l'aigreur.

Écrit par : Christian Cottet-Emard | 16 mars 2016

Le communément admis et la petite sphère littéraire je ne vois pas trop le rapport avec le sujet. Vos propos sont largement communément admis également. La différence entre ces deux "communément admis" c'est que l'un des deux écoute du rap et sait donc un peu mieux de quoi il parle. Ce qui ne me rend ni sirupeux ni tiède et m'a amené à déceler une pointe d'aigreur dans ces propos. Ceci étant ce n'est pas grave de ne pas être d'accord sur tout tant qu'on peut se répondre

Écrit par : thoams | 16 mars 2016

D’accord avec votre dernière phrase. Si tout le monde pensait la même chose, ce serait ennuyeux.
Je serais bien aise que la dénonciation du rap soit communément admise mais rassurez-vous, ce n’est pas le cas. C’est hélas plutôt le contraire, notamment dans cette fameuse petite sphère littéraire virtuelle où toute opinion à rebrousse-poil et à contre-courant des nouveaux conformismes est traquée et dénoncée comme l’expression de l’aigreur et de l’ignorance. Cela évite d’apporter de vrais arguments.
Il est clair qu’aujourd’hui, il est interdit d’exprimer un jugement de valeur négatif sur le rap et sur bien d’autres sujets. C’est la raison pour laquelle je me fais un plaisir de m'y employer, quitte à être étiqueté réactionnaire, c’est-à-dire capable d’une réaction.
En ce qui concerne l’ignorance, je n’aurais pas écrit ce texte si je n’avais pas écouté de rap, ce qui eût été absurde de ma part.
Quant à l’aigreur, elle me vient effectivement chaque fois qu’une grosse cylindrée ou un 4X4 coûtant le prix d’un appartement, payé avec l’argent du trafic et conduit par un gamin vomit en pleine rue ses décibels de rap traitant de « questions sociales » ! J’aime que l’espace sonore public soit respecté.
Et ce spectacle, c’est tous les jours, y compris dans les petites villes. Et qu’on ne vienne pas me parler de caricature dans mes propos car celle-ci est au volant, en état de mimétisme parfait avec ce dont elle est complaisamment gavée.

Écrit par : Christian Cottet-Emard | 17 mars 2016

Qu'il y ait une majorité de soupe infâme qui passe à la radio cela vaut pour tous les autres genres de musique confondus, généraliser à partir de ça montre seulement ,désolé, l'ignorance en ce domaine. Un peu comme de parler de chanson française en ne se référant qu'à Obispo. Ceci n'étant pas amélioré par ce genre d'argument "Quant à l’aigreur, elle me vient effectivement chaque fois qu’une grosse cylindrée ou un 4X4 coûtant le prix d’un appartement, payé avec l’argent du trafic et conduit par un gamin vomit en pleine rue ses décibels de rap traitant de « questions sociales » !" qui ressemble à du elisabeth levy dans le texte. Je pourrais vous faire écouter des dizaines de textes de rap qui montre une richesse d'invention de forme comme de fond, de sens comme de langue, mais je ne crois pas que vous en ayez vraiment l'envie ou la curiosité, ce qui n'est pas bien grave, tant qu'on évite de se tromper de colère.

Écrit par : thoams | 18 mars 2016

La référence à Elisabeth Lévy ? On ne peut pas me faire de meilleur compliment !

Écrit par : Christian Cottet-Emard | 18 mars 2016

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