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31 mai 2024

Un extrait de mon roman humoristique LES FANTÔMES DE MA TANTE

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Antoine et une comédienne jouant le rôle de la fée Clochette se sont rencontrés lors d'une fête de rue. Leur premier rendez-vous « officiel » a lieu chez Antoine qui se trouve dans un état fébrile. Heureusement, Pelham, le valet de chambre, est là pour veiller au bon déroulement de ce premier rendez-vous décisif.

 

En réalité, la vraie fée Clochette ne ressemble pas du tout à la fée Clochette qui a picoré dans ma barquette de frites la nuit de la parade.

Face à face dans le boudoir de tante Marcia, nous nous regardons en silence en attendant que Pelham apporte le thé sur le guéridon.

Elle a été redoutablement ponctuelle et même un peu en avance. Elle sursaute parce qu'elle n'a pas vu arriver Pelham avec son plateau. J'avais pourtant bien recommandé à ce satané valet de chambre, pour cette fois, de ne pas traverser le mur qui se trouve heureusement derrière ma belle visiteuse.

On dirait que le temps s'est arrêté. Elle n'est pas blonde mais brune, elle ne porte pas une robe verte très courte, elle n'est pas chaussée de pantoufles vertes à pompons blancs et bien sûr, ses ailes sont rangées quelque part très loin d'ici dans je ne sais quel magasin d'accessoires.

Je me demande si je suis déçu et je me prépare à faire le point intérieurement pendant que Pelham pose le plateau et remplit les tasses. On n'entend rien d'autre que le tic-tac de la pendule, ce qui suffit à m'empêcher de faire le point correctement. Pour me donner une contenance, je bois une gorgée du breuvage tiède dans lequel nous avons convenu la veille avec Pelham, lors des répétitions de cette entrevue, de ne pas ajouter mon trait de Cognac habituel sous prétexte que selon lui, cela eût risqué de me faire perdre mes moyens dans l'état de surexcitation certes invisible mais bien réel dans lequel je me trouvais encore en ce moment. L'ennui, c'est que le thé nature me déclenche aussitôt un véritable concerto pour gargouillis et borborygmes dont l'orchestre résonne si puissamment que même le chartreux s'en inquiète au point de venir se frotter contre mes jambes en ronronnant comme le moteur au ralenti de ma vieille Citroën Ami 6. Je me dis que la fée Clochette va me trouver ridicule et se mettre à rire effrontément, d'autant que confronté à des émotions intenses, la couleur naturelle de mes oreilles vire au violet, mais non, aucune réaction.

Nos regards sont aimantés. J'ai l'impression qu'elle ne m'a même pas entendu gargouiller. Rassuré, le chartreux se coule dans un fauteuil où il se contente de cligner des yeux. La fée Clochette porte un biscuit à sa bouche mais le silence est tel qu'on l'entend craquer sous ses dents, comme si un hamster caché dans un recoin de la pièce grignotait ses graines de tournesol.

Avec Pelham, nous avions pourtant répété la veille cette rencontre dans les moindres détails mais nous n'avions pas prévu les gargouillis et les bruits de grignotage. Tout va bien se passer, Monsieur, n'ayez crainte, nous avons la situation en main. Si vous le dites, Pelham... En attendant, je n'ai toujours pas retrouvé mes rasoirs. Que monsieur ne panique pas, je vais de ce pas en acheter à la supérette, bien que cela ne soit pas dans mes attributions. Vous êtes bien aimable, Pelham. Au fait, où dois-je recevoir ? Dans la salle à manger ? Pelham réfléchit une seconde, ce qui est hors de ma portée. Personnellement, il me faut beaucoup plus de temps. Non monsieur, la table est beaucoup trop allongée, vous et Mademoiselle seriez contraints d'élever la voix, ce qui nuirait à la communication. Très juste, Pelham, le petit salon alors ? Pelham leva un sourcil. Le boudoir me semblerait plus indiqué, Monsieur, moins protocolaire, hum, disons, hum, hum, plus intime. C'est cela, Pelham ! De l'intimité ! Excellent, Pelham, l'intimité ! Mais que ferais-je sans vous, Pelham ! Vous avez une solution à tous les problèmes ! Pelham sourit discrètement. Une fois qu'on le connaît bien, il est possible de déceler chez lui un sourire, un peu comme moi lorsque je saute intérieurement de joie mais que personne ne s'en aperçoit.

Eh bien voilà, Monsieur, je crois que nous sommes fin prêts pour demain. Espérons, Pelham, espérons. Et surtout, pensez bien à me réveiller tôt demain matin, vers dix heures.

En me remémorant toute cette préparation, je sentais que le moment approchait pour moi de prendre une initiative. La fée Clochette n'allait pas attendre indéfiniment, d'autant qu'il ne restait presque plus de biscuits.

Finalement, je n'étais pas déçu, même si la fée Clochette était habillée dans le plus pur style Décatcourt (polaire à capuche et pantalon de toile sans ourlet tombant sur des baskets, elle avait ce regard de biche si près de m'hypnotiser qu'elle jugea bon de prendre elle-même l'initiative. Elle porta le dernier biscuit à sa bouche, approcha son visage du mien et nous le croquâmes tous les deux jusqu'au contact de nos lèvres, ce qui fut grandement facilité par le fait qu'il s'agissait d'une cigarette russe. Pour une fois que la technique est de mon côté...

Extrait de mon roman Les fantômes de ma tante, paru en février dernier.

En vente par correspondance ici ou en m'envoyant un mail : contact.ccottetemard@yahoo.fr

Pour les personnes d'Oyonnax et sa région, ce livre est en vente à la librairie Buffet d'Oyonnax et au kiosque de l'hôpital d'Oyonnax. Il est aussi disponible au prêt à la médiathèque municipale d'Oyonnax, centre culturel Aragon.

29 mai 2024

Retour de mon personnage, l'enseigne de vaisseau Mhorn, dans un de mes romans en cours d'écriture.

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Photo Christian Cottet-Emard, Lisbonne, 2024.

Dans leur trentaine, Mhorn et le Bernois avaient aimé la même femme, une mésaventure banale qui avait failli tout aussi banalement détruire leur amitié. Lasse de cette rivalité qu’elle jugeait archaïque, machiste et petite bourgeoise, Elina avait résolu le problème en partant avec quelqu’un d’autre. L’amitié s’en était ainsi trouvée préservée mais avaient-ils gagné au change ?

Ils avaient pris leurs distances au gré de leurs activités professionnelles, le Bernois dans la brocante et Mhorn dans la marine marchande pendant quelques années durant lesquelles son caractère rugueux et son maintien un peu rigide lui avait valu le surnom ironique d’enseigne de vaisseau. Il avait beau s’être ingénié à échapper au service militaire, ce surnom l’avait poursuivi au point que la plupart de ses anciens collègues et compagnons de boisson l’appelaient toujours l’enseigne de vaisseau Mhorn quand ils parlaient de lui, et plus familièrement l’enseigne quand ils le rencontraient.

Maintenant, Mhorn repensait aux souffrances endurées à cause de cet amour raté. Ces tourments avaient atteint leur paroxysme le jour où quelques affaires douteuses lui avaient amené dans les mains son Makarov en parfait état de fonctionnement pour une arme aussi ancienne. Après l’avoir démonté, nettoyé et entretenu, il l’avait essayé en tirant sur des plaques de tôles dans une décharge sauvage. Les impacts donnaient une idée du résultat sur un corps humain et il s’était dit qu’il pourrait toujours s’en servir pour se brûler la cervelle s’il venait à souffrir encore plus mais au même instant, il eut honte de cette idée ridicule.

Curieusement, le fait de porter en permanence cette arme sur lui avait émoussé son chagrin, même si la blessure n’était pas cicatrisée, comme si au milieu d’une partie de carte lugubre où il perdait tout le temps, il avait un peu repris la main.

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Photo Christian Cottet-Emard, Lisbonne, 2024.

 

La première apparition de l'enseigne de vaisseau Mhorn se trouve dans mon livre Le grand variable publié en feuilleton dans les n°9, 10 et 11 de la revue Salmigondis et en volume chez Éditinter en 2002  puis en réédition sous le label Orage-Lagune-Express en 2021. Il fait aussi une entrée furtive dans ma nouvelle intitulée L'auteur intégrée à mon recueil Trois figures du Malin paru en 2004 sous le même label.

Pour les personnes d'Oyonnax et sa région, la nouvelle édition illustrée, revue et commentée du Grand variable est en vente au kiosque de l'hôpital d'Oyonnax. Elle peut aussi être demandée à la librairie Buffet d'Oyonnax qui sera approvisionnée dans un délai de deux jours. Cette édition est en outre disponible au prêt à la médiathèque municipale d'Oyonnax, centre culturel Aragon.

26 mai 2024

Luís Vaz de Camões

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(Photo Christian Cottet-Emard, Lisbonne)

 

Je suis sur terre et je m’envole au Ciel,
Je découvre en une heure mille années,
Et en mille ans ne puis trouver une heure.

 

- Extrait des Sonnets de Luís Vaz de Camões (1525 (?) - 1580).