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16 juin 2008

Comment ça va la p'tite santé ?

À savourer avant ou après le film de Diane Kurys.

 

 

 

 

 

 

 

Avoir peur de Virginia Woolf

Samedi matin, 14 juin, je furète dans les étagères de la librairie Zadig de Saint-Claude (Jura) où je finis par trouver un recueil de trente nouvelles de Virginia Woolf. Le lendemain soir, avant d’ouvrir ce volume, je vais faire mon petit tour sur le site internet d’Hubert Nyssen où, dans ses carnets datés du 15 juin, je tombe sur deux citations de Virginia Woolf extraites du Journal intégral :
« Les pauvres n'ont aucune chance ; pas de bonnes manières ni de maîtrise de soi pour se protéger. Nous avons le monopole de tous les sentiments généreux. » et « Sur le chemin de halage nous avons croisé une longue file d'idiots. (…) C'était parfaitement horrible. Il est bien évident qu'on devrait les supprimer. »
Moi qui voulais aborder ces nouvelles sans préjugés, je sens que ces deux notes sinistres ne vont pas me quitter durant ma lecture. À moins que je ne parvienne à m’imprégner de ce que disait Jorge Luis Borges à propos des opinions : « l’aspect le moins important d’un écrivain » ...

15 juin 2008

Peser un peu

bougie.jpgVous êtes le premier ce matin te dit le nouveau curé une petite quarantaine peut-être moins en te donnant du feu

D’habitude tu trouves déjà une veilleuse rouge ou bleue pour allumer la tienne mais en ce très sombre matin de la belle saison tu es le premier on finit un jour ou l’autre par être le premier qu’est-ce que ça peut faire

Il a entendu la chute de ta pièce dans le tronc à cause de l’écho dans les chapelles peut-être croit-il que tu as la Foi pour venir de si bon matin signifier aux ténèbres qu’elles n’ont pas encore gagné et qu’après toi viendra quelqu’un d’autre et ainsi de suite jusqu’à ce que s’éteigne sous la dernière voûte la dernière bougie

Dans cette abbatiale de petites flammes taquinent l’ombre depuis le douzième siècle alors

Si le curé entrait dans la grotte primitive de tes pensées il trébucherait là-dessus : pour toi rien n’était le 24 novembre 1958 puisque tu es né le 24 novembre 1959 et un certain 24 novembre encore non écrit rien ne sera de plus que le 24 novembre 1958

Avec ta veilleuse à cinquante centimes tu as l’air d’un ver luisant qui se signale aux confins de l’univers

Dehors sur l’esplanade du grand lac glaciaire le forain laisse trembloter l’enseigne de son camion frites boissons nougats berlingots

Commande-lui un café et un hot-dog histoire de peser un peu sur la Terre


© Éditions Orage-Lagune-Express, 2008.