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04 février 2008

Le congé du buveur

L'étoffe à loisir s'use au fil du vent entre le mur et l'arbre

Le chapeau de paille s'ouvre au soleil

Le café entrebâille la chambre

abf4fbd8bd228f5fd456067e1571b022.jpgLa table se dresse dans le ciel

Le jardin se risque au pied du mur

La nuit vingt-cinq watts descendent en même temps que l'araignée du plafond sur un journal d'avant-hier

Très loin la vigne vierge empoigne une usine


Extrait de : Interludes narratifs, in Le Pétrin de la foudre, éditions Orage-Lagune-Express, 1992.
Gravure de Jacki Maréchal (2008) pour cet extrait en ligne.

29 janvier 2008

Crépuscule décisif dans l’année 75

Tu étais sorti sous d’épais nuages mauves et gris un merle avait traversé devant toi sans juger utile de s’envoler

Ces nuages sentaient la forêt et ce merle comme il était réel !7ca6cbcc75911f8c25c33c3be845cf19.jpeg

Tu avais entendu de la mauvaise musique dans une salle enfumée où l’on jouait du théâtre amateur et où les collégiens avaient gym dans la poussière

4f8cfa40de25388fa41d88448f7389b7.jpegEn mémoire de Jules Laforgue « Je fume au nez des dieux de fines cigarettes » tu en avais grillé une sous un réverbère du très désert parc Nicod (à une lettre près cela ne s’invente pas) il avait commencé à pleuvoir

Tu étais rentré tard après avoir marché d’un invincible pas dans les rues trempées et après Brahms pour te laver la tête tu avais dormi du majestueux sommeil de l’adolescence parfaitement

Parfaitement indifférent aux ondes du choc pétrolier et au prix du baril comblé de cette pluie et de cette nuit qui t’aimaient et qui sentaient bon comme des copines


© Éditions Orage-Lagune-Express 2008.

03 janvier 2008

Petite scène

L’insomniaque horloge bâilla péniblement, rêvant un jour de s’arrêter. Effleurée par la fuite de l’ombre, elle fit tressaillir un noctambule que le silence empêchait de dormir. Pressé d’être au diapason, le noctambule bouscula un hibou renfrogné auquel on sabotait quotidiennement le coucher. eb47e1237c928149e8e540bc1b0aed86.jpegSon aile muette dispersa les dernières voiles du vaisseau nocturne et la lune, dépouillée du scapulaire moucheté qu’elle affectionnait, en voulut au soleil qui la rendit scarieuse comme une corolle de Perce-neige éblouie.
Saisissant l’opportunité d’un tel spectacle, le noctambule qui se trouvait être un poète trempa cérémonieusement le croissant de la lune dans son café au lait, l’aube naissante.

© L’auteur, 1979.
(Ce texte, datant de 1977 ou 1978, a été publié dans mon premier recueil de poèmes sorti en 1979. Le fond est aussi léger que la forme alourdie d’adverbes mais j’avais envie de commencer l’année avec lui, tel qu’il fut écrit voici trois décennies. Après tout, on fait ce qu’on veut sur un blog !)

Bonne année 2008 !