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11 mars 2008

Bon signe

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La fleur première du printemps fut un feu de feuilles sèches

Derrière la corolle espiègle tu vis trembler l’image de ton père et celle de ton grand-père puis celle des autres chers défunts

Ils t’encourageaient certainement à vivre encore dans les parfums fantasques de la Terre et dans la joie de l’air

Bientôt le merle lancera son appel des soirs d’avril

Pour l’instant il ne fait que frôler de vieilles herbes

Comme toi il se protège et scrute le ciel dont il n’a pas à espérer de faveur particulière hormis celle de cette fantaisie climatique qu’on appelle les beaux jours

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 2008.

Photo Marie-Christine Caredda 

08 février 2008

Syndrome du dimanche soir

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On aurait dit des perce-neige les derniers réverbères avant la forêt

La route avait disparu à travers les flocons tu cherchais l’un des vieux épicéas désigné par un camarade de lycée comme celui de sa pendaison ce dimanche de l’année 1975 à 19h

On a presque tous de bonnes raisons de se pendre et d’aussi bonnes raisons de ne pas le faire mais la perspective du lundi fait du dimanche un jour à risque

Tu sais qu’il existe une difficulté technique à se pendre dans un épicéa de quarante mètres de haut à moins d’apporter une grande échelle pour atteindre les premières branches solides (est-ce bien raisonnable ?)

Se compliquer la vie est-ce bien raisonnable le soir même où l’on veut se la simplifier pour toujours en se coltinant une échelle sans compter la route escamotée dans la tourmente de neige ?

Il t’aurait montré un foyard ou même une de ces variétés de pins qui se sont contentés du sol qu’ils ont trouvé sur l’autre versant (arole, ou de montagne à la rigueur) peut-être

À 18h45 on ne sait jamais tu es venu rôder dans le secteur des vieux épicéas secoués par les bourrasques pour en conclure vers 20h :

1) que la route attendrait au moins la nouvelle lune pour réapparaître

2) que le camarade avait sans doute trouvé mieux à faire que de se pendre un dimanche soir de tempête dans un épicéa de deux cents ans en pleine hibernation

3) que la forêt de résineux ne se prête pas à la pendaison

4) que décidément ces réverbères on aurait dit des perce-neige


© Éditions Orage-Lagune-Express, 2008.
Photo © Marie-Christine Caredda

06 février 2008

Missiano

2218965123f35bebfbb4b96d9cf4b39c.jpegJean-Louis Jacquier-Roux
Missiano
éditions Les Carnets du Dessert de Lune, 67 rue de Venise
B - 1050 Bruxelles.
2003, 40 p
Prix : 10 euros

(À la lecture de la présentation dans le magazine Le Matricule des anges (n°90, février 2008) des éditions Les Carnets du dessert de lune et de l’entretien fort intéressant avec leur créateur, Jean-Louis Massot, l’idée me vient de mettre en ligne la note de lecture que j’avais publiée à propos du recueil Missiano de Jean-Louis Jacquier-Roux, édité à cette enseigne.)

Jean-Louis Jacquier-Roux et l'Italie, c'est une alchimie. Les vacances y prennent la dimension d'un de ces modestes rituels qui font brusquement accéder à l'enchantement, comme l'ombreuse ruelle d'un village peut tout à coup projeter le passant au seuil d'un monde vertigineux.
Car cette Italie rurale résiste à la carte postale et à la photo souvenir. On y arrive tôt. On franchit la grille. On pousse le portillon. On touche des pierres. On rôde et on scrute. L'auteur de ces pages prête ses clefs au lecteur. Celui-ci se retrouve au milieu de paysages suggérés par les crayons de Monique Delorme qui, nous dit-on, dessine pour le plaisir, quand elle a le temps et surtout en Ombrie.
Le dessin, la peinture, comment ne pas y songer en lisant Jean-Louis Jacquier-Roux, beaucoup plus, d'ailleurs, par le jeu des lignes et des perspectives que par le déploiement d'amples fresques. Certes, les géométries de l'ombre et de la lumière livrent-elles ici leur ballet comme dans tout paysage mais un ton en dessous, car ces contrées sont propices aux attentifs.

Extrait :

Madone toujours pimpante

montrant du doigt

la route au pèlerin

impatient petite

flamme invisible

du miracle de chaque jour.

(Oratoire sur le chemin de Tavernelle).