10 janvier 2015
Carnet / De l'émotion et de la raison
Personnellement, je n’ai rien contre cette habitude qu’ont les gens de se regrouper dans la rue pour exprimer leurs sentiments même si mon réflexe ironique me porte à considérer qu’il s’agit de « communions laïques » ! Pourquoi pas ? Ça ne mange pas de pain comme on dit, mais c’est aussi un peu le problème !
Ce qui me chiffonne dans ces manifestations certes bien intentionnées mais un peu pathétiques tout de même eu égard à ce qui se passe et qui était annoncé depuis longtemps, c’est que ces grands rassemblements soient lancés par le gouvernement.
Je voudrais qu’on m’explique comment on peut affirmer qu’on relève le plan Vigipirate à son plus haut niveau tout en invitant des centaines de milliers de personnes à se masser dans les rues et donc à s’exposer à n’importe quels illuminés et autres fous furieux, avec des risques évidents de graves débordements.
Pour moi, un gouvernement n’a pas à appeler à des manifestations, ce n’est pas sa vocation, il doit juste gouverner, c’est-à-dire, en tout premier lieu, assurer la sécurité, y compris celle des gens qui souhaitent manifester si ça leur chante et s’ils trouvent cela utile.
Mais je le répète, le gouvernement n’a pas à manifester et encore moins à exposer inutilement des chefs d’états démocratiques à un nouvel attentat. Quel sera la crédibilité de l’État si un nouveau malheur survient lors de ces manifestations, si d’autres armes de guerre sortent des caves où tout le monde sait qu’elles sont entreposées, prêtes à servir?
Quelle idée de prendre un tel risque en des moments aussi dangereux ? Cette attitude me laisse pantois et je veux encore espérer que le pouvoir démocratique pour lequel j’ai voté ait quelque chose d’autre à proposer dans le présent contexte qu’une simple manif.
16:08 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : carnet, note, journal, manifestations, blog littéraire de christian cottet-emard, débat, gouvernement, état, démocratie, démocraties occidentales, sécurité, émotion, raison
Carnet / Mieux vaut en rire
Sur Arte 28 minutes vendredi soir, Sylvie Brunel exprime son aversion pour Michel Houellebeck (c'est son droit) et reproche à l'Obs de faire sa Une avec ce romancier qu'elle qualifie de « répugnant ».
Elle suggère alors à l'Obs de faire plutôt sa Une avec Éric-Emmanuel Schmitt, ce qui relève du plus haut comique, le seul talent de ce dernier se résumant à de bons titres. Je me suis fait avoir une fois avec La rêveuse d'Ostende, alléché par ce titre merveilleux ne débouchant hélas que sur des narrations paresseuses et bâclées, telles de grosses structures molles soutenues à grand-peine par les béquilles d'une écriture indigente.
Une bonne raison de lire Houellebeck qui n'est certes pas un styliste mais un vrai romancier qui a tout compris de son époque et l'a montré dès la parution de son fameux Extension du domaine de la lutte.
Je n'ai pas encore lu Soumission car je sors à peine d'une année difficile pour mon moral et le sujet de cette fiction est assez effrayant pour que je programme cette lecture à un moment où je me sentirai plus solide.
01:23 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : arte, 28 minutes, télévision, carnet, blog littéraire de christian cottet-emard, note, journal, lectures, édition, roman, nouvelles, éric-emmanuel schmitt, michel houellebeck, sylvie brunel, humour involontaire, l'obs, goût et couleurs, opinions, christian cottet-emard, la rêveuse d'ostende, extension du domaine de la lutte, soumission, livres, littérature
06 janvier 2015
Carnet / Du chant des possibles
Une rareté désormais : la carte de vœux fabrication maison en exemplaire unique reçue l’autre jour au courrier. Au verso d’une belle photo, l’amie de trente ans a recopié un instantané de François Xavier Maigre, un poète que je ne connaissais pas, publié aux éditions Bruno Doucey :
« Janvier. Son parfum hivernal, sa fraîcheur drue sur nos visages. le vent qui souffle... L’entendez-vous ? C’est le chant des possibles qui érafle les fenêtres de nos vies. »
Chez moi après les récentes chutes de neige
Chaque année le lendemain de l’Épiphanie, je regarde avec un petit pincement au cœur mon épicéa de Noël qui a perdu sa couleur et ses aiguilles mais dont le parfum rappelle encore ces fêtes de fin d’année pour moi toujours éclairées d’une certaine magie malgré tout ce qu’on leur reproche en ces temps de cynisme nanti et d’affectation blasée. C’est ma culture, avec ses imperfections, mais je m’y sens à l’aise et sans souhaiter la brandir comme un drapeau, je ne voudrais pas la voir remplacée par une autre.
Je suis bien conscient de la nécessité de ne pas tomber dans certains pièges politiques sordides mais je pense aussi que refuser de hurler avec les loups ne signifie pas pour autant accepter de bêler avec les agneaux.
J’ai rythmé les fêtes avec les somptueux motets de Jean Gilles (Cantate Jordanis incolæ, Diligam te Domine), le fracassant Te Deum Dettingen de Haendel et des pièces pour orgue de Gaston Litaize, notamment sa Sonate à deux pour grand orgue, à quatre mains, et son étonnant Cortège pour trois trompettes, trois trombones et orgue.
J’avais besoin de ces musiques pleines d’élan vital et de beauté pour tenter d’éloigner les vulgarités (hystérie sportive locale variée, passage à ma porte du lancer de Cochonou, autrement dit le Tour de France) et les chagrins de cette année 2014 qui s’est très bien terminée sur le plan matériel mais qui fut désastreuse sur le plan relationnel. Au milieu de ces chefs-d’œuvre musicaux, ma brève incursion dans l’univers symphonique du compositeur Howard Hanson ne m’a pas convaincu. Ce n’était peut-être pas le bon moment pour cette découverte.
On ne peut pas me soupçonner de me défier de la musique dite contemporaine, ma discothèque peut en témoigner, mais encore moins de renoncer à mes goûts personnels.
À cet égard, certaines « œuvres » me paraissent relever de la plus éhontée culture des poires, notamment celle d’un « compositeur » d’aujourd’hui dont j’ai oublié le nom et les sons (les trous de mémoire ont parfois du bon) mais pas le comique involontaire de son entretien avec une journaliste, laquelle, manifestement bien intentionnée, lui déclarait après avoir diffusé un salmigondis d’indigents borborygmes « je crois discerner dans cette pièce de subtils effets de miroirs, une composition en strates » (!) Et notre compositeur de lui répondre sur le ton matois caractéristique des adeptes et profiteurs de la culture des poires, tout heureux qu’on puisse trouver à leurs productions un intérêt, une beauté ou un sens qu’ils s’étaient abstenus d’y inclure : « Euh... Eh bien oui, on peut l’entendre ainsi, pourquoi pas ? » Ma foi oui, pourquoi pas ! Quant à moi, auditeur tombé par hasard sur cette séquence, j’aurais pu croire qu’un voisin bricolait mais comme je n’ai pas de voisin... Forcément, c’était France Musique !
Moins sonné psychologiquement qu’en fin 2013, j’ai réussi à me remettre un peu dans l’ambiance que j’agrémente chaque année de deux petits rituels : je regarde à la télé les retransmissions en direct de la messe de minuit à Saint-Pierre de Rome et du concert du nouvel an à Vienne.
Cette année, je craignais une perte d’éclat de cette grande messe en raison du style du Pape François enclin à plus de simplicité. Ce ne fut heureusement pas le cas, voire tout le contraire, avec en prime d’accompagnement musical, en plus de l’orgue et des chants, le concours d’un orchestre de chambre avec des solistes ! Une ambiance de concert !
Bien qu’étant agnostique, j’ai toujours aimé la pompe ecclésiastique sans laquelle des pans entiers de l’art occidental n’existeraient pas. Quant au concert du nouvel an, j’en aime depuis l’enfance ses morceaux de bravoure. J’ai toujours la larme à l’œil en écoutant la barcarolle des contes d’Hoffmann, je vibre à l’ouverture de la Chauve-Souris et la Marche de Radetsky m’électrise !
Après ces propos scandaleux, il ne me reste plus qu’à m’amuser à compter le nombre d’amis facebook qui m’auront viré... Les autres, en chair et en os, après avoir entendu bien pire, sont encore là, et c’est l’essentiel.
10:53 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, autobiographie, écriture de soi, blog littéraire de christian cottet-emard, voeux, meilleurs vœux, cartes de voeux, janvier, poésie, françois xavier maigre, éditions bruno doucey, messe de minuit, saint pierre de rome, italie, concert du nouvel an, vienne, autriche, musique, strauss, offenbach, howard hanson, jean gilles, haendel, motets, gaston litaize, orgue, épiphanie, épicéa, chauve-souris, barcarolle, contes d'hoffmann, marche de radetsky, facebook, amis, christian cottet-emard, occident, culture occidentale, art occidental, pompe écclésiastique, agnostique, agnosticisme, pape françois, culture chrétienne, france musique, radio, te deum dettingen, hystérie sportive, vulgarité