02 décembre 2011
Grands et petits désordres sous la comète Hale-Bopp
Pendant que la comète Hale-Bopp grossit dans le soir d’avril ton jour de congé rétrécit
Ils sont tous là à s’extasier devant cette boule de neige sale en cette année 1997 de grands et petits désordres
Année semblable aux autres si ce n’est le passage de la comète Hale-Bopp dénomination officielle C/1995 O1 qui paraît-il vaporise six cents tonnes de glace par seconde produit trois cents tonnes d’eau par seconde ça te fait une belle jambe
Et alors six cents ou trois cents tonnes d’eau ou de lisier par seconde qu’est-ce que ça peut te faire
Grand désordre habituel sur la planète Terre le temps qui manque
Petit désordre exceptionnel devant ta porte d’entrée le président d’un club sportif qui donne de sa personne en participant à la tournée des membres honoraires il te demande d’adhérer tu lui réponds d’une voix douce parce qu’il ne sert à rien d’être impoli et agressif
Que c’est l’année de la comète année pour toi encore moins favorable que les autres à l’adhésion à un club sportif car année spéciale durant laquelle tu craches à toi tout seul six cents tonnes d’exécration du sport par seconde
Et que si le président sportif persiste à te fourguer à défaut de sa satanée carte de membre honoraire un de ses satanés prospectus tu en feras un petit tas de confettis auquel tu mettras le feu non sans avoir par la suite pris soin de pisser sur les cendres
Les mictions cosmiques de la comète C/1995 O1 la carte de membre honoraire les prospectus du président du club sportif et puis quoi encore
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Photo : ciel nocturne (sans comète !)
01:17 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : comète hale-bopp, comète, eau, glace, poésie, espace, ciel, 1997, avril, périhélie, orbite, soleil, lune, astre, lumière, blog littéraire de christian cottet-emard, récit des lisières, droits réservés, copyright
28 novembre 2011
Avec les pommes
Tu n'as pas compris grand-chose à la vie
Encore moins à la vie humaine le mode d’emploi manquait dans le colis
Des questions sans réponses d’une importance cruciale dit-on t'inspirent un une eh bien disons
t'inspirent une profonde indifférence
Tu as échangé quelques baisers quelques saluts quelques marchandises pris donné repris ce qui ne t'appartenait pas
Et maintenant te voilà avec les pommes avant l’hiver
Te voilà bien avancé
16:32 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, vie humaine, mode d'emploi, notice explicative, colis, questions, réponses, indifférence, baisers, salut, marchandise, pomme, hiver, blog littéraire christian cottet-emard, récits des lisières, éditions orage-lagune-express, droits réservés, copyright
14 octobre 2011
Le virage du pays natal
Tu conduis sur les jolies routes ainsi les désignait ton père avant que ne vienne ton tour de tenir le volant et de voir défiler le paysage de toujours
Le paysage de toujours pourtant différent du seul fait que tu sois passé de la banquette arrière au siège avant
L’herbe des talus les vieilles bornes la maison vide du garde-barrière le château d’eau le goudron qui coupe la forêt en deux les grandes fougères qui s’inclinent au passage de l’auto les feuilles de charme de foyard de noisetier qui s’envolent dans la lunette arrière le bras d’une rivière ombreuse à l’onde rapide les ponts sur la brume le restaurant au menu très ordinaire l’autorail bicolore trente secondes dans la même direction puis qui prend la tangente le tracteur piloté par une jeune femme rousse toute menue le hérisson qui a de la chance la buse variable sur un poteau de ligne électrique les géraniums d’un hameau désolé le cimetière à la grille rouillée où s’alignent quatre tombes de petits jeunes de vingt ans morts pour une querelle de vieux vampires consanguins à particules et à la progéniture reconvertie en barons et capitaines d’industrie les wagons abandonnés la draisine en panne des années cinquante sur une voie de garage l’horaire des messes l’enseigne décolorée Vin fou la drôle d’odeur les gouttes sur le pare-brise l’éclaircie le soleil du soir dans les yeux le grand-père à sa fournache (*) le nuage en forme d’ours le coup de vent qui emporte un journal la ligne droite entre les platanes la grande côte en lacets la falaise encore l’autorail très loin accroché à flanc de montagne l’épingle à cheveux la descente le mauve bonbon d’une ampoule d’éclairage public pour deux maisons la déviation par le chemin vicinal au bord de la rivière profonde le héron le clocher les bâches de la fête foraine le lac le petit barrage les nids-de-poule sous l’allée de saules la pipistrelle la lune dans les frênes le dos d’âne le panneau Fin de déviation
Et bientôt ce virage après toutes choses banales dit-on qui ne cesseront de t’étonner le virage du pays natal où tout semble à peine moins étrange
(*) Fournache : feu d'herbe.
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