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09 septembre 2014

Extrait de mon prochain livre

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Antoine se perdait souvent dans la contemplation d’une tache contre le mur de son bureau, la trace d’une grosse araignée qu’il avait écrasée quelques années auparavant et qui était restée là, tel le morne trophée d’une demi-décennie d’assemblées générales et de collisions au carrefour. Le jour où la Rolls verte se gara devant l’agence du quotidien local où Antoine végétait dans un emploi de rédacteur photographe, un rayon de soleil estival éclairait crûment la tache. La secrétaire indiqua le bureau d’Antoine à un jeune couple puis se déplaça en direction de la vitrine pour admirer la Rolls verte au volant de laquelle patientait un chauffeur. Sans chauffeur, une Rolls n’est pas tout à fait une Rolls, pensa Antoine à ce moment-là. Le jeune couple qui avait trouvé porte close à l’Office de tourisme voisin de l’agence cherchait à rejoindre une direction qu’il était impossible d’indiquer clairement en raison du plan de circulation complexe récemment inauguré. Pendant qu’Antoine réfléchissait au moyen de renseigner les visiteurs, ils se chamaillèrent un peu à propos de l’heure à laquelle ils devaient se présenter là où ils étaient attendus. Antoine apprit ainsi qu’ils s’appelaient Ricardo et Rozana. Ricardo était un jeune homme brun au teint mat et Rozana une jolie rousse aux yeux verts. Sa beauté espiègle fut sans doute pour quelque chose dans la décision d’Antoine de les accompagner pour les emmener sur la bonne route. Au volant de son Ami 6 exténuée, Antoine avait du mal à quitter des yeux le rétroviseur qui encadrait l’image de la Rolls verte glissant dans les rues désertes du centre ville. À l’embranchement, Antoine fit demi-tour et indiqua d’un geste la nouvelle direction. Ricardo et Rozana le remercièrent par de grands signes de la main. De retour à l’agence, songeur, Antoine passa le reste de l’après-midi à bavarder avec la secrétaire sur le thème de la Rolls verte. Antoine n’y entendait rien en voitures mais un pigiste qui collectait des résultats sportifs assura qu’il s’agissait d’une Rolls Corniche, probablement un modèle datant de 1971.

© CECCL 2014. Tous droits réservés.

07 septembre 2014

Dans la lune !

(Extraits de différentes nouvelles de mon prochain recueil dont je viens de déposer le manuscrit)

Mhorn posa une semelle sur le marchepied puis l’autre sur le bitume du quai. Le sol s’éclaira subitement. C’était le ciel qu’un grand coup de vent venait d’éclaircir comme par enchantement, révélant un bleu violent pour  cette saison encore timide et, plus étrange, une lune blanche et pleine, comme affolée dans cet éblouissement brutal.

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Photo : ciel nocturne avant minuit hier samedi chez moi

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La douceur de la nuit révélait les effluves de roses tardives. Il arriva au seuil d’une serre de jardin opalescente sous le clair de lune. Il entra et flâna parmi les plantes. Un pas se fit entendre sur le gravier.

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Cette route forestière moirée sous le clair de lune, ce paysage qui lui évoquait Verlaine, Laforgue, ces grands arbres qui berçaient encore sous leurs ramures les féeries de son enfance, tout n’était plus qu’un décor à l’abandon, un cahier interrompu aux premières pages.

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Il se coucha sur le dos, ressentit un profond soulagement et crut entendre, prononcé par une voix familière : « On voit la lune en plein jour ! » mais ce n’était qu’un rêve de plus.

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Lorsque nous descendîmes le boulevard ombragé, seulement animé par quelques cafés restés ouverts mais dont les clients étaient presque tous scotchés devant les écrans, la pleine lune roula dans les feuillages des tilleuls et des marronniers.

 

21 décembre 2013

Des nuages lenticulaires et du bonheur

nouvelle,nuage lenticulaire,bonheur,joie,destin,andrade,christian cottet-emard,blog littéraire de christian cottet-emard,droits réservés,édition,publication,manuscrit déposé,extrait,fêtes lointaines,mariage d'automne,notaireIl était souvent vêtu d'un caban, parlait peu mais acceptait volontiers un cigare et un verre d'alcool mais pas de thé. Un jour, il sortit de sa réserve habituelle, peut-être sous l'effet d'un vieux porto, et demanda à Andrade s'il était heureux de la vie qu'il menait. Sur le moment, Andrade ne sut que répondre et se contenta de remplir de nouveau le verre de son visiteur. Quand celui-ci prit congé, il repensa à la question et la jugea indiscrète. Quant à l'adjectif « heureux », il le trouva saugrenu mais lié à deux souvenirs, l'un d'enfance et l'autre d'adolescence.

Dans le premier, il revit un nuage en forme de soucoupe volante qui s'était installé dans le ciel, et sous le ciel courait ce jeune garçon qu'il avait été. Après s'être arrêté un moment le nez en l'air, il était rentré chez lui où il avait appris dans un livre qu'il s'agissait d'un nuage lenticulaire. « Les nuages lenticulaires, en forme de pile d’assiettes, peuvent rester sur place durant plusieurs heures » disait le livre. Cette apparition l'avait comblé d'un étrange et fugace bonheur. Ainsi la formation d'un nuage lenticulaire pouvait-elle susciter le sentiment d'être heureux. Pourquoi ? Alors là, mystère...

Dans le second souvenir, celui d'une promenade dans le parc municipal, Andrade se revit en jeune homme franchissant un pont. Son regard s'était mêlé au cours tranquille de la rivière. Ce jour-là, non loin du kiosque à musique, lui apparut le mystère de cette eau claire qui dansait sur les cailloux et dans le soleil, fantasque comme le rire tumultueux d'une jeune fille. Mais la rivière n'est jamais fantasque. Seul peut l'être celui qui, sans savoir pourquoi, s'est arrêté sur le pont, le passant du parc municipal soudain traversé par l'énigme de l'eau.

Presque trente ans plus tard, celui qui reste le passant du parc s'immobilise encore sur le pont, et la rivière, toujours pareille à elle-même, lui signifie qu'il ne sait toujours rien de cette inexplicable joie à propos de laquelle les gens se questionnent parfois dans la solitude lorsqu’il leur arrive de réfléchir à leur destin.

Extrait d'un ouvrage en cours. Droits réservés. © L'auteur et Orlag, 2013.

Photo de nuages lenticulaires prise ici.