07 décembre 2012
Projet nocturne d’un poème d’hiver à écrire le lendemain matin
Avant minuit entre la braise et le givre à distance raisonnable du monde tu formes un projet d’avenir
Pour le matin
Un poème d’hiver avec du paysage et tous les adjectifs que tu veux
Malgré les innombrables poèmes hivers paysages et adjectifs de la création qu'importe après tout c’est bientôt Noël
Tu l’écriras sous l’œil du chat derrière le triple vitrage ce poème non sans avoir préalablement bu le café cherché la pelle puis déneigé le garage en maudissant le Haut-Jura
Ce poème d’hiver tu l’écriras quand tu auras oublié l’existence de la pelle à neige
Vers midi en été
Finalement
© Éditions Orage-Lagune-Express 2012 pour ce texte. Droits réservés.
Photo : ces derniers jours, chez moi derrière la maison.
02:49 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paysage, neige, campagne, hiver, arbre, chemin, haut jura, poésie, littérature, poème, déneigement, récit des lisières, blog littéraire de christian cottet-emard, photographie
28 novembre 2011
Avec les pommes
Tu n'as pas compris grand-chose à la vie
Encore moins à la vie humaine le mode d’emploi manquait dans le colis
Des questions sans réponses d’une importance cruciale dit-on t'inspirent un une eh bien disons
t'inspirent une profonde indifférence
Tu as échangé quelques baisers quelques saluts quelques marchandises pris donné repris ce qui ne t'appartenait pas
Et maintenant te voilà avec les pommes avant l’hiver
Te voilà bien avancé
16:32 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, vie humaine, mode d'emploi, notice explicative, colis, questions, réponses, indifférence, baisers, salut, marchandise, pomme, hiver, blog littéraire christian cottet-emard, récits des lisières, éditions orage-lagune-express, droits réservés, copyright
28 janvier 2011
Carnet d'hiver
Perdre le goût et ne pas pouvoir profiter d’un cigare, voilà ce qui m’embête le plus lorsque je suis enrhumé. J’ai commencé par rester au chaud en avalant de l’aspirine pour que le problème se règle au plus vite, mais l’autre jour, comme la situation s’enlisait, j’ai marché jusqu’à la supérette du village en respirant à pleins poumons l’air glacial du crépuscule. Au moins, n’ai-je pas été tenté par le jaunâtre bureau de tabac qu’on dirait sorti des années cinquante, non pas parce que, n’y trouvant évidemment aucun cigare digne de ce nom, je me contente parfois, en dépannage, de Gauloises voire de Gitanes maïs, mais parce que je ne ressens même pas le goût de ces cibiches dans l’état où je suis. Même les volutes charbonnières d’un Toscane ne me feraient pas plus d’effet que de gober un altostratus. Au retour, sous la dernière ampoule d’éclairage public qui marque l’entrée dans mes broussailles, j’ai cru à une petite amélioration qu’un Woodford Reserve a confirmée. C’était donc un rhume à combattre à la bise et au bourbon. Comment s’y prend le chat pour soigner le sien, lui qui vit toujours dehors ?
Cette question me fait penser que je n’ai pas vu Sa Majesté ces dernières heures. J’ai beau savoir qu’il y a ces temps de la bagarre dans l’air avec ses rivaux, notamment avec le principal, un autre spécimen semi-sauvage tout aussi costaud qui tente régulièrement sa chance pour s’approprier le territoire, je suis toujours un peu inquiet car les deux ennemis ne plaisantent pas. Lorsqu’ils ont épuisé tout le théâtre de l’intimidation en se parlant japonais (ceux qui connaissent les chats comprendront), ils se sautent à la gorge et ne se lâchent qu’après de longues minutes en grondant après s’être infligés de terribles blessures. Je vois alors rappliquer sa Majesté dans un état d’épuisement qui le conduit, après des absences de durée variable, à se refaire une santé par le sommeil et la gamelle. Sa Majesté met en moyenne une semaine à cicatriser, voire plusieurs si les blessures sont encore plus graves, ainsi que cela s’est produit à trois reprises depuis que nous avons fait connaissance. La première fois, il avait une entaille béante sur le flanc, si large qu’elle a sans doute été provoquée par un animal plus gros : chien, renard ? La deuxième fois, il avait un trou rond parfaitement régulier sous la gorge. On lui avait sûrement tiré dessus. La troisième fois, il s’agissait d’une blessure plus classique provoquée par un autre chat mais particulièrement profonde. Parfois, je me dis que je suis indirectement responsable de l’âpreté de ces combats territoriaux puisque c’est moi qui ai augmenté la valeur du territoire en servant de la nourriture et en disposant, en vue des plus rudes épisodes de l’hiver, une niche en tissu matelassé dans le hall extérieur de la maison. Faut-il se mêler des affaires de la nature si l’on n’y est pas forcé ? Éternelle question...
Hier après-midi, corvée de bois. Je puise encore dans les quantités entreposées dehors par mon père (décédé en 2003) qui pratiquait l’affouage. Certaines bûches à tronçonner en trois doivent dater de 2000 et sont intactes. En les regardant donner leur bonne chaleur, j’ai une pensée pour mon père qui a construit une grande partie de la maison où j’habite. Il y a ceux qui sèment et ceux qui récoltent...
Pour me distraire de cette pensée culpabilisante, j'ai écouté tard dans la nuit la Sinfonia concertante (version 1927) de William Walton (1902-1983) et des œuvres orchestrales de William Alwyn (1905-1985), entre autres, Cinq préludes de 1927, Overture to a Masque (1940) et le concerto grosso n°1 (1943).
Photo : Sa Majesté surveille son territoire par tous les temps.
03:12 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, journal, chat, rhume, bois, affouage, blog littéraire de christian cottet-emard, campagne, hiver, william walton, william alwyn