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10 octobre 2009

J’essaie encore un livre de Paul Auster.

257d6414e8ba15b0.jpgLe premier que j’avais lu m’avait séduit par son titre (L’Invention de la solitude) et son début. De beaux passages sur la figure du père et puis, en continuant, une sorte de bavardage dont je n’ai rien retenu. Il semble que ce soit le problème de Paul Auster : de bons titres (grâce à la traduction ?) et de beaux débuts mais ensuite, l’impression qu’il tire à la ligne.
Plusieurs années après, je tombe par hasard sur La Nuit de l’oracle. Idem. Titre engageant, début sur les chapeaux de roues et une alléchante histoire de carnet acheté dans une étrange papeterie. Et puis, au bout de quelques dizaines de pages, la narration qui s’emballe, part dans tous les sens, tourne à vide. La quatrième de couverture annonce « virtuosité, puissance narrative, défi réciproque de l’improvisation et de la maîtrise » . Diable ! Je ne retiens pour ma part que le mot « improvisation » pour qualifier ces 235 pages d’élucubrations, allez, 200 pages si l’on admet qu’on peut sauver les 35 premières. Arrivé à la fin, sonné par ces empilements de péripéties du quotidien et de digressions, j’en arrive à cette conclusion : le narrateur mange beaucoup de pizzas, boit beaucoup de coca et il a sauvé son couple. J’ai la même difficulté avec le roman américain du vingtième siècle qu’avec les gros gâteaux des pâtissiers actuels : trop d’émulsion, copieux mais fade. Remportez-moi ça et servez-moi un Carver bien serré !

En médaillon : La Nuit de l'oracle (Babel).

02 septembre 2009

Carnet du premier quartier de lune

Ce matin, le petit crêt qui s’élève au-dessus des frênes, tout au fond du verger, a disparu dans un immense nuage et ce fut presque un soulagement de contempler ce spectacle après l’inhabituel et piquant soleil de fin août. Je suis sorti pour me laisser emmailloter à mon tour par ces nuées qui ont dévalé jusqu’au village où des enfants vivent probablement leur première rentrée scolaire. J’espère qu’il ne s’en trouve aucun parmi eux pour me ressembler et vivre ces moments comme je les ai vécus, c’est-à-dire conscient dès les premiers instants en classe maternelle que ce serait long, pénible, éprouvant. L’avantage de la cinquantaine qui approche et de ma vie marginale, c’est de savoir que, sauf réincarnation malencontreuse, je ne revivrai jamais la scolarité et ce qui vient après.

51J9BGSXW2L._SL500_AA240_.jpgComme chaque année à cette époque, je termine un cycle de lectures parmi lesquelles Haruki Murakami aura tenu une place non négligeable. Je ne savais rien de ce japonais très occidentalisé en commençant son roman Les Amants du spoutnik que j’ai lu avec plaisir même si la fin est bâclée. Mais cela n’est pas grave car il ne peut en être autrement dans ce style de narration onirique dans laquelle l’intrigue ou ce qui en tient lieu n’a guère d’importance. J’ai été plus gêné d’apprendre que Murakami est un marathonien, non seulement dans le domaine sportif (ça le regarde et personne n’est parfait) mais encore, ce qui est beaucoup plus contestable, dans son écriture. Murakami est de ces écrivains doués qui écrivent trop, sans doute pour le bonheur de leurs éditeurs mais ce n’est point l’affaire des lecteurs. En ce qui me concerne, j’ai toujours préféré les livres courts et les auteurs paresseux. Un gros livre qui n’est pas un chef-d’œuvre est une impolitesse et la plupart des chefs-d’œuvre ont au moins cent pages de trop.

Après Les Amants du spoutnik, j’ai continué avec une épaisse compilation de nouvelles sous le titre L’éléphant s’évapore dans lesquelles se déploient sans complexes les défauts des auteurs trop prolixes qui finissent par se plagier eux-mêmes, devenir des faiseurs en tirant parti de la moindre idée saugrenue pour en dérouler le fil jusqu’à la rupture ou du moins jusqu’à l’extrémité de la bobine. Le plus étonnant est que j’ai pourtant lu facilement ces nouvelles pour la plupart bavardes et sans grand intérêt, sans doute parce que Murakami sait emmailloter le lecteur dans son univers comme le nuage de mon début de matinée a enveloppé tout ce qui se trouvait sur son passage en ce deuxième jour de septembre. En tous cas, je ne compte pas en rester là avec Murakami puisque j’ai le projet de lire, rien que pour la beauté du titre, Saules aveugles, femme endormie, lorsque ce recueil paraîtra en poche bien sûr.41WQy4R61RL._SL500_AA240_.jpg

Bien que la lecture d’œuvres déjà si nombreuses devrait en toute logique me dissuader d’écrire les miennes, il me faut maintenant reprendre mes chantiers et veiller à ne pas m’ensevelir dans la contemplation de ce merveilleux paysage sur lequel ouvrent mes fenêtres. Pour des natures comme la mienne, le risque est grand... Comme la tentation de Venise toutes les années à la même époque...

11 juillet 2009

Carnet

Ce fut vraiment une riche idée de réserver un an à l’avance cette journée de dimanche dernier pour aller voir en famille une très belle Traviata à l’opéra de Lyon dans la mise en scène de Klaus Michael Gruber. J’ignorais, à l’époque de la réservation, que l’année 2009 ne serait pas localement favorable à la musique avec la disparition pure et simple du festival du Haut-Bugey à Nantua. Je déplore la fin de ce petit festival de grande qualité organisé dans le lieu inspiré de l’abbatiale Saint-Michel. Difficultés financières, fréquentation en baisse, et, flottant dans le mauvais air du temps, cette désormais récurrente accusation d’élitisme chaque fois qu’on essaie de s’adresser à la sensibilité et à l’intelligence du public, tout cela devait-il pour autant conduire à effectuer un replâtrage hâtif avec cette nouvelle programmation estivale qui, bien qu’elle s’intitule « Airs d’été » , manque cruellement de souffle ?
Hier vendredi, je suis descendu de mon repère campagnard pour aller consulter un ouvrage à la bibliothèque municipale d’Oyonnax abritée par le centre culturel Aragon. À l’intérieur du bâtiment, les murs des circulations étaient tapissés d'affreuses photographies géantes de tapeurs de ballon. Je suppose que cette initiative grotesque a été prise au nom du dialogue entre culture et sport et dans un souci d’éviter tout élitisme ! Je me demande simplement si l’on peut trouver de l’art exposé dans les vestiaires du stade. De toute façon, n’ayant jamais mis les pieds dans un stade, même à l’époque où j’aurais pu être exposé à ce déshonneur du fait d’une de mes péripéties professionnelles, je ne risque pas d’aller vérifier.
Bon, ce n’était pas mon jour à Oyonnax qui n’est jamais une ville aussi agréable que le dimanche soir en hiver par moins dix degrés. Or nous sommes en été et, sous prétexte d’animation commerciale, on nous privatise l’espace sonore public au moyen d’une sonorisation je ne vous dis que ça. Ambiance parfaitement infernale garantie. Retour illico presto sous mes frênes musiciens, loin de tout ça.