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21 mai 2010

Carnet du premier quartier de lune

P1000218.JPGDimanche dernier en début de soirée, sous un ciel encore incertain, alors que j’allumais un cigare avec une braise du barbecue, la solution au problème d’une nouvelle bloquée en plein milieu depuis au moins deux ans m’est apparue à l’improviste. Je me suis donc attelé à la tâche dès que j’ai en ai eu le loisir, dans la nuit de mercredi à jeudi. Je n’ai eu qu’à tirer un fil et toute la pelote s’est dénouée. J’en ai ressenti un intense soulagement. Vers 1h30, une fois la première version de cette deuxième partie du texte fixée, enregistrée et sauvegardée sur une clef, je me suis autorisé une pause et je suis sorti fumer un cigare dans la nuit. Quelques coups de vents finissaient de dégager le ciel de plus en plus étoilé. Dans mon coin du Haut-Jura, les étoiles brillent avec beaucoup d’intensité en raison de la faible pollution lumineuse. Après avoir fini mon cigare, je suis resté encore un moment immobile dans la pénombre lorsqu’un froissement dans les hautes herbes à ma droite a révélé le passage du renard à quelques mètres de moi. Un beau spécimen, très costaud. Il a fournaté dans les taillis, repris tranquillement son chemin en prenant soin de ne jamais s’exposer au clair de lune et a disparu dans les fourrés. C’est la première fois que je le vois d’aussi près. Quelques minutes après, le cri de la hulotte a retenti juste au-dessus de ma tête. Elle aussi était tout près. D’habitude, je l’entends dans les grands champs qui s’étendent autour de la maison. Pour finir, le chat a surgi en silence du gros buisson de lilas en fleur et m’a fait des fêtes semblables à celles qu’il me dispense à mon lever qui correspond pour lui à l’arrivée dans sa gamelle de la première boîte de la journée. Il m’a regardé avec l’air de me dire : « qu’est-ce que tu fabriques encore debout à cette heure-là ? » Pendant qu’il reprenait ses incessantes patrouilles destinées à marquer tout son territoire et au besoin à en chasser tout rival, je suis rentré et me suis remis à l’ouvrage. Une fois la narration fixée, je procède à un élagage (coupures, corrections, chasse aux coquilles) puis à un lissage (autres coupures, recherche de toutes les simplifications possibles et chasse aux fausses bonnes idées qui contentent sur le moment mais qui se révèlent souvent lamentables en seconde ou troisième lecture). Vers 3h, j’ai déclaré forfait car il me restait à éteindre les lumières, fermer les volets, vérifier le verrouillage des portes et préparer la table du petit-déjeuner. Cette dernière opération me permet de fournir le minimum d’efforts lorsque, quelques heures après, je dois me lever hébété de fatigue au moment de commencer la journée suivante...

04 janvier 2010

Carnet des nuits scintillantes et glaciales

P1000577.JPGCela faisait un bout de temps que je n’avais pas vu le renard. Ces dernières nuits scintillantes et glaciales, je l’ai d’abord entendu, malgré le double vitrage, non pas glapir mais pousser de longues plaintes rauques. Plusieurs fois, derrière la vitre où se reflétait le feu, je l’ai regardé trotter en direction du village. Il avait l’air très agité, peut-être affamé, ce qui expliquerait son passage si près des maisons. L’avant-dernière nuit, alors que je m’étais enveloppé dans mon manteau pour fumer un cigare sur le seuil, le bruit sec de ses pattes sur la neige gelée m’a alerté et je n’ai eu qu’à bouger les yeux pour le voir apparaître à dix mètres à peine, dans la clarté du premier lampadaire de l’éclairage public. La direction de l’air ne lui a pas permis de flairer ma présence et, grâce à ma considérable aptitude à l’immobilité, j’ai pu constater sans l’inquiéter que ce renard n’était pas un freluquet. lxt61711.jpg

Du coup, je me suis remémoré les premières mesures de Renard de Stravinsky, et cette musique m’a accompagné jusqu’au bord du sommeil.

Le lendemain matin, les deux chats sont revenus mendier leur pitance. Le froid ne les ménage pas et ils engloutissent leur pâtée, l’un en me faisant des fêtes  (le gros mâle dominant déjà d’un certain âge) et l’autre, la minette au coup de patte facile, mais qui oublie toute prudence lorsque je remplis la gamelle. J’ai décidé de l’appeler Diane car elle est très gracieuse et chasse avec une efficacité redoutable les mulots, campagnols et souris qu’elle avale en commençant par la tête. Après, on voit la queue du malheureux rongeur disparaître dans la gueule et la petite diane chasseresse repartir momentanément repue vers d’autres aventures.

Je me demande si les chats et le renard se surprennent en rôdant autour de la maison mais j’ai plutôt l’impression qu’entre espèces incapables de s’entendre, ils ont la sagesse de s’éviter. Après tout, leur monde est assez vaste pour cela et chacun y trouve son compte...

Entre Noël et le jour de l’an, la promenade prévue avec des amis n’a pas été possible. Je me suis pour ma part contenté de l’indispensable petit tour quotidien dans les futaies,  sentiers et petits crêts au-dessus de la maison.P1000585.JPG

Je vais tenter de placer le sapin Frazer en pot qui a cette année supporté les guirlandes et les boules multicolores dans un endroit de la propriété propice à sa survie. Cette espèce étant canadienne, le climat jurassien ne devrait pas trop lui déplaire.

Ces fêtes endeuillées sont maintenant terminées. Malgré la disparition d’un être cher, on a célébré Noël et souhaité la bonne année, la vie est ainsi faite, elle continue car elle ne sait pas faire autrement.

Photos : crépuscule à la Vierge et fin d'après-midi sur les crêtes au-dessus de la maison.

24 juin 2009

Notes le nez en l'air

Le vent très frais (nord-est) qui a ébouriffé les frênes toute la journée a faibli ce soir pendant que s’installaient des nuages lenticulaires. Ces nuages d'altitude en « piles d’assiettes » , soudainement immobiles, contrairement à ceux qui ont roulé du matin au soir en lourds convois gris, se sont en prime teintés des roses et mauves crépusculaires avant d’être à nouveau chassés par un coup de vent nocturne. La voûte céleste a réapparu dans un intense scintillement en raison de la très faible pollution lumineuse dans ce secteur du Haut-Jura. Aperçu deux fois depuis hier le renard que j’ai revu cette nuit trottiner sur la route en direction du village. Samedi dernier, je l’ai surpris sous le cerisier. Lorsqu’il m’a localisé, il a levé la tête et s’est tranquillement éloigné dans le champ d’à côté. Pourquoi s’approche-t-il souvent des maisons ces temps-ci ? Inutile de se poser la question. Déjà que je passe trop de temps le nez en l'air...