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06 mars 2021

Paysage / Évasion

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Dans une petite ville de province sans autre intérêt que celui qu’on veut bien lui prêter, on détruisit un jour un square minuscule pour construire une gare routière. Des arbres maigrichons mais gracieux furent empilés avec de vieux bancs publics dans la benne d’un camion.

Un poète à qui l’idée d’écrire un poème ne serait pas venue mais qui savait très bien prendre des photographies avait réuni dans un album, peu avant la destruction, des images du square.

Je relate ceci, croyez-moi, sans la nostalgie poisseuse en vogue ces derniers temps. Non. C’est juste une histoire de lumières pâles dans le soir bleu et de quelques piétons un peu plus attentifs que d’autres aux paysages qu’ils frôlent de leur pas le plus banal. Juste une histoire de paysage remplacé par un autre paysage où se croisent sans se voir des passants, un poète-photographe et encore d’autres passants.

Adulte, je traverse parfois l’étendue de la gare routière. Enfant, adolescent, je coupais souvent par le petit square et, entre ces deux époques (ou entre ces deux lieux), il y a quelque chose  que je ne peux pas décrire mais qui existe pourtant avec force. Quelque chose qui pourrait peut-être se nommer dans mon esprit lorsque je tourne les pages de l’album photographique. Quelque chose qui pourrait se traduire par « paysage / évasion » et qui chante en moi.

(Extrait de mon livre Le Grand variable, éditions Editinter, 2002, épuisé.)

Photo : Oyonnax, le petit square disparu, place de la gare, 1973.

Un autre texte inspiré par le petit square disparu ici.

 

22 septembre 2020

Fugace (Lisbonne)

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Fin d'été ombres douces

Tout le monde se reconnaît sous les arbres

On parle encore éblouis vers la fontaine

des bonheurs têtus dans les squares

où l'on croit en l'instant un peu bancal

mais unique et irremplaçable

 

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Photo / Détail de la fontaine du Rossio à Lisbonne (Photo Christian Cottet-Emard)

 

08 août 2019

Au parc

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Nos autos rôdent autour du parc et le grignotent en ronronnant mais à l’inverse du dompteur qui retient ses fauves, nous n’avons pas de fouets à leur claquer au nez. Aussi s’approchent-elles de plus en plus près, comme si elles seules détenaient le privilège du mouvement.

 

Au parc, la certitude paradoxale de se sentir chez soi au beau milieu d’un lieu public exhume de nos mémoires des nostalgies de vagabond. Aucun territoire ne nous appartient et ne se dérobe comme ce lieu d’heures lentes où fontaines, grilles et kiosques nous aident à mettre le temps entre parenthèses.

 

La ville alentour copie des pages d’Histoire de plus en plus difficiles et laisse la marge à des clochards de plus en plus jeunes. Au coin d’une allée, nous observons l’un d’eux que nous ne voulons pourtant pas voir, le temps d’une halte sur notre banc quotidien.

 

En ce décor où cohabitent riens des villes et riens des champs, jeunes et vieux se rejoignent dans l’œil du cyclone. Tout près, surviennent des choses graves et complexes alors qu’ici, l’instant est suspendu.

 

Extrait de mon recueil de proses courtes L'inventaire des fétiches, © Éditions Orage-Lagune-Express, 1988. Droits réservés.

(Photo CC-E)