Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26 décembre 2022

Carnet / Supermarchés, poètes et patates

supermarché,grande distribution,poète,patate,commerce,blog littéraire de christian cottet-emard,carnet,note,journal,humeur,chronique,billet,christian cottet-emardSur les pages internet d’un poète à la mode (je veux dire à la mode dans le microscopique écosystème de la poésie contemporaine bien-pensante) j’ai lu tout le mal que celui-ci (comme tant d’autres) pensait des supermarchés, ce qui est tout à fait son droit. 

Ah, l’enfer du consumérisme, de l’abondance obscène ! Et tous ces gens (ces gens comme vous et moi) qui vont faire leurs courses et se payer une petite fantaisie de temps en temps, pour Noël, par exemple, au lieu de faire pousser des topinambours sur le rebord de leur fenêtre ! Ah non, vraiment ! Pouah !

Bon, d’accord, les supermarchés, la grande distribution, on peut discuter des défauts sans pour autant oublier les avantages et même les progrès. Je vous le donne en mille mais j’espère, pour moi et ma descendance, ne jamais connaître cette situation, la disparition de cette forme de commerce, car le jour où les hyper et supermarchés disparaîtront, cher poète, vous pleurerez très vite toutes les larmes, jusqu’aux dernières, que vous avez en stock. Vous vous précipiterez vers la dernière supérette encore ouverte où vous ne trouverez qu’une interminable file d’attente remplie de militants bio, colibris, vegans et autres alternatifs décroissants prêts à s’étriper pour un quignon de brignole ou un rogaton de frombec. 

Il ne vous restera plus alors qu’à faire un détour vers l’armurerie ou la cave de « quartier sensible » la plus proche pour vous procurer une kalache destinée à défendre les trois patates que vous aurez peut-être extirpées à grand peine de votre lopin (si vous en avez un) à l’aide de votre vieux manuel de culture bio acheté chez Amazon à la rubrique jardinage écoresponsable au bon vieux temps où vous pouviez vous faire livrer. 

Il vous restera certes la poésie mais, comme chacun sait, elle ne nourrit pas le corps du poète ni même, je me prends de plus en plus souvent à le penser à la lecture de nombre d’entre eux, son esprit.

 

23 novembre 2020

Commerce

poèmes du bois de chauffage,éditions germes de barbarie,christian cottet-emard,commerce,blog littéraire de christian cottet-emard,estime-toi heureux,livre,recueil,poésie narrative,edward elgar,salut d'amour,musique

Les jours où tu te sens un peu plus que d’habitude un pauvre type tu rencontres le diable occupé à essayer d’acheter et de vendre tout un tas de trucs

 

Tu lui dis que finalement

 

Vu que que tu n’es pas sûr qu’il existe le diable

 

Vu que tu n’es même pas certain qu’elle existe cette fameuse âme tu pourrais pratiquer le troc la lui échanger contre quelque chose qui te fait envie ou plaisir

 

Mais le diable te répond mon pauvre ami que veux-tu que je fasse d’une âme comme la tienne qui va contre son intérêt si ça lui chante 

 

Désolé mais ton âme n’a pas le profil que puis-je faire d’une telle âme qui s’amourache s’attache

 

Ton âme toujours à deux doigts de verser une larme en écoutant Salut d’Amour d’Edward Elgar

 

Ton âme plus elle vieillit plus elle aime

 

Ton âme plus elle pâlit plus elle préfère le rose et le vert tendres

 

Ton âme même pas grise à défaut d’être noire

 

Et le diable s’éloigne en haussant les épaules

 

Alors tu rentres dans l’église elle est déserte la musique d’orgue tombe comme une pierre sur les dalles séculaires lustrées par tant de pas qui ne laissent aucune empreinte

 

Tu donnes quelques pièces pour allumer la bougie d’une veilleuse et tu sors sous les étoiles qui brillent très loin et très haut telles des femmes inconnues

 

Extrait de mon recueil Poèmes du bois de chauffage (quatrième partie, La lune du matin et autres récits de l'homme invisible), © éditions Germes de barbarie et Christian Cottet-Emard, 2018.

poèmes du bois de chauffage,éditions germes de barbarie,christian cottet-emard,commerce,blog littéraire de christian cottet-emard,estime-toi heureux,livre,recueil,poésie narrative,edward elgar,salut d'amour,musique

 

Également en vente sur Amazon.

01 août 2017

Carnet / Des librairies : point de vue d’un auteur lecteur client

Je ne fais guère la fortune des libraires car j’achète principalement des livres de poche. J’ai gardé cette habitude de quelques lointaines époques impécunieuses et aujourd’hui encore, je répugne par réflexe à payer vingt euros un ouvrage que je retrouverai en édition de poche quelques mois après sa parution, surtout s’il s’agit d’une nouveauté que je me risque à découvrir.

carnet,note,journal,opinion,humeur,blog littéraire de christian cottet-emard,librairie,marché du livre,édition,commerce,médiathèque,bibliothèque,maison de presse,commerce du livre,distribution,édition,petits éditeurs,lecteur,client,libraire,stock,base de données,amazon,fnac,vente de livres par correspondance,vente de livres en ligne,frais de port un centime,livre de poche,édition de poche,édition brochée,nouveauté,livre d'occasion,soldeur,poche,rayon,livre à rotation lente,livre épuisé,témoignage,christian cottet-emard,mouton à cinq pattes,bibliophilie,libraire d'anciens,avenir des librairies

Souvent, je juge les couvertures des éditions de poche plus attractives que celles des éditions d’origine. Dans ma pratique d’auteur (je préfère employer ce terme à mon propos plutôt que celui d’écrivain car un auteur ne peut à mon avis se prévaloir lui-même du titre d’écrivain) les collections de poche me font plus rêver que la pléiade !

Bon nombre des livres que je possède en éditions brochées mais aussi en éditions de poche proviennent du marché de l’occasion (libraires d’anciens, soldeurs) et de vente par correspondance (Fnac, Amazon).

Même si j’apprécie de m’approvisionner parfois en librairie (une belle librairie avec beaucoup de stock est toujours un plaisir), je dois dire que dans mon parcours d’auteur publié par de petites maisons d’édition, je n’ai guère trouvé de soutien de la part des libraires quand ce n’était pas du mépris voire de l'hostilité franche ou sournoise, excepté dans quelques maisons de presse.

Ces expériences négatives en tant qu’auteur auprès des libraires m’ont ennuyé tant que la distribution de mes œuvres dépendait exclusivement de leur circuit, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui grâce à internet et en particulier à Amazon.

Je suis bien conscient des difficultés que rencontrent les libraires dans leur pratique commerciale (j’ai d’ailleurs suivi jadis une petite formation d’un an à ce métier, cursus associé à des stages en magasin) mais le monde marchand étant ce qu’il a toujours été, une belle foire d’empoigne, je n’ai ni les moyens ni la volonté d’être un auteur et lecteur militant de la défense du petit commerce tout comme le petit commerce n’a ni la capacité ni la vocation à militer pour la survie des éditeurs indépendants et des auteurs confidentiels.

Actuellement, lorsque quelqu’un me fait l’amabilité d’ouvrir un de mes livres, c’est qu’il se l’est procuré en ligne, notamment sur Amazon, directement auprès de l’éditeur, sur le marché de l’occasion, lors de quelques salons du livre auxquels il m’arrive rarement de participer ou en lecture publique quand les bibliothécaires veulent bien accueillir mes ouvrages dans leurs collections.

Je n’ai ni à me plaindre ni à me réjouir de ce constat simplement significatif, y compris à mon minuscule niveau, des récentes évolutions du commerce de détail des livres et autres biens culturels.

L’avenir des librairies me paraît assez sombre. Les petites qui n’apportent pas un service client spécifique et efficace pour compenser le handicap bien compréhensible de stocks restreints sont vouées à disparaître. Les autres enseignes à peu près indépendantes et de plus grande envergure s’adaptent tant bien que mal aux récentes et rapides évolutions du marché du livre mais parfois au prix d’une standardisation de leur offre.

À elles de ne pas oublier que pour le client, s’approvisionner en livres, notamment en livres à faibles tirages ou en éditions anciennes (je ne parle pas ici de la bibliophilie qui constitue un marché à part) n’est pas près d’être un problème grâce à internet. Dans cet environnement commercial difficile pour elles, il leur appartient de prouver qu’entrer dans une librairie avec l’agrément de trouver des nouveautés mais aussi avec l’espoir de dénicher le mouton à cinq pattes (*), fût-il couvert de poussière, est un plaisir encore supérieur à celui d’être rivé à un écran pour faire venir un livre ou un disque de l’autre bout du monde en payant un centime de port.

 

(*) J’appelle mouton à cinq pattes un livre qui ne peut être tracé aussi efficacement qu’une nouveauté : non référencé sur les bases de données habituelles, dépourvu de code barre, n’ayant pas fait l’objet d’un dépôt légal en raison de son faible tirage, auto-édité ou édité à compte d’auteur, épuisé ou publié par un micro-éditeur ou encore publié par un éditeur qui a disparu. Un mouton à cinq pattes peut être aussi tout simplement un livre à rotation lente... Hélas.

Photo : détail d'une fresque murale à Arbent (Ain).