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16 mai 2017

Carnet / Fournisseurs, rouleurs de mécaniques, Renard

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J’ai beaucoup de mal à comprendre tout ce psychodrame à propos des résultats d’élections, des nominations de ministres et du barnum médiatique qui accompagne en fanfares et en paroles creuses cette routine du fonctionnement de la société. Après tout, ces élus ne sont que des fournisseurs que nous envoyons en politique et en gestion de l’économie parce que nombre d’entre nous avons plus intéressant et plus urgent à faire : vivre.

Rouleurs de mécaniques
Récemment, je patientais dans une file d’attente. Devant moi, un groupe de jeunes types, moyenne d’âge une vingtaine d’années, incapables de se parler normalement. Pathétiques à force de rouler les mécaniques, d’essayer de placer leurs voix dans les graves et de se contraindre à des postures artificielles, inconfortables, apparemment avantageuses à leurs yeux. Personne pour leur rendre service en leur expliquant calmement le ridicule de leur maintien. À quoi bon ? Forcément un lien avec ce dont je parlais au début à propos des élections, de la politique.

Aventure du poème et sortie entre copains
Une fois libéré de la file d’attente, j’ai repensé à un fragment de texte de mon recueil Le Passant du grand large qu’on ne trouve désormais qu’en bibliothèque : L’aventure du poème n’a rien à voir avec une sortie entre copains. Je ne me souviens plus à quel propos j’avais écrit cela mais là encore, c’est en liaison avec ce que je décrivais précédemment.

Jules Renard
Revenir à son journal : Les hommes de la nature, comme on les appelle, ne parlent guère de nature. Ou encore L’horreur des bourgeois est bourgeoise.

 

14 juin 2013

La deuxième personne du singulier

Toi qu’on fit débarquer sur Terre sans te demander ton avis sous le nom de Christian Claude Louis Cottet-Emard tu t’aimes un peu beaucoup à la folie mais pas passionnément

Tu t’adresses à toi à la deuxième personne du singulier pour te sentir moins seul lorsque tu es obligé d’emmener ton ombre dans des lieux absurdes

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Tu ne te remets pas du déclassement économique qui frappa bien avant ta naissance tes familles paternelles et maternelles et te déposséda d’un agréable destin d’oisif petit bourgeois formé aux seules bonnes manières

Tu es un occidental de culture catholique baptisé agnostique non militant ordinaire d’une intelligence moyenne à tendance médiocre

Tu n’es pas et ne souhaites pas être un héros parce que la vie est courte et incompréhensible

Tu penses qu’une vie qui ne serait faite que d’obligations et de devoirs ne vaudrait pas la peine d’être vécue

Tu n’as rien à faire d’un chef-d'œuvre qui ne t’apporte aucun plaisir

Tu n’as pas un rapport solennel à l’écriture

L’aventure du poème n’a rien à voir avec une sortie entre copains d’ailleurs tu ne pratiques pas la sortie entre copains

Tu t’étonnes toujours quand quelque chose fonctionne

Être convaincu n’est pas dans ta nature

Tu l’as compris rien n’est sérieux tout est tragique

Tu as peur du loup

Le loup peut avoir peur de toi car tu as peur de lui

Il ne faut pas te déranger quand tu manges il ne faut pas te manger quand tu déranges

Tu as un petit côté fleur bleue quand tu as bien mangé

Tu aimes avoir les oreilles froides

Tu détestes lacer tes chaussures

Tu n'es pas sûr d'être vivant avant dix heures

Tu t'intéresseras à la politique le jour où plus personne ne couchera dehors sans en avoir envie

Tu aimes être propre et sentir bon même si ton âme est grise

Tu ne comprends pas grand-chose aux femmes mais elles t’inspirent plus confiance que les hommes parce qu’elles t’ont fait

Tu aimes rire boire manger fumer des cigares aller au concert à l’opéra être amoureux parce que la tristesse durera toujours

 

© Éditions Orage-Lagune-Express, 2013