03 juillet 2016
Dix ans de carnets
Écrire un journal c'est suivre sa route en gardant un œil dans le rétroviseur. On y voit défiler des choses étranges, les premiers souvenirs, la première neige, la première mer, tout ce qui va vite, la belle colère qui s'épanouit comme une corolle un soir de foehn, un instant d'accord avec le monde, le carnet à portée de main comme une trousse de secours pour rêves égratignés et ce visage incompréhensible qui est pourtant à soi.
Pour Oyonnax et les environs : Maison de la presse.
Nantua : Maison de la presse, rue du collège.
http://www.orage-lagune-express.net/
Extrait du catalogue :
La Gare, Jean-Jacques Nuel
Où elles vivent à présent, Roland Fuentès
En Italie, Jean-Louis Jacquier-Roux
La Mort du minotaure, Bernard Deson
Alma s’en va, Christian Cottet-Emard
Célébration de l’œuf, Ménaché
Trois figures du Malin, Christian Cottet-Emard
Le Bleu violent de la vie, Anne-Lise Blanchard
Prairie journal, Christian Cottet-Emard
Ceci est un nuage, Jacki Maréchal
14 juin 2013
La deuxième personne du singulier
Toi qu’on fit débarquer sur Terre sans te demander ton avis sous le nom de Christian Claude Louis Cottet-Emard tu t’aimes un peu beaucoup à la folie mais pas passionnément
Tu t’adresses à toi à la deuxième personne du singulier pour te sentir moins seul lorsque tu es obligé d’emmener ton ombre dans des lieux absurdes
Tu ne te remets pas du déclassement économique qui frappa bien avant ta naissance tes familles paternelles et maternelles et te déposséda d’un agréable destin d’oisif petit bourgeois formé aux seules bonnes manières
Tu es un occidental de culture catholique baptisé agnostique non militant ordinaire d’une intelligence moyenne à tendance médiocre
Tu n’es pas et ne souhaites pas être un héros parce que la vie est courte et incompréhensible
Tu penses qu’une vie qui ne serait faite que d’obligations et de devoirs ne vaudrait pas la peine d’être vécue
Tu n’as rien à faire d’un chef-d'œuvre qui ne t’apporte aucun plaisir
Tu n’as pas un rapport solennel à l’écriture
L’aventure du poème n’a rien à voir avec une sortie entre copains d’ailleurs tu ne pratiques pas la sortie entre copains
Tu t’étonnes toujours quand quelque chose fonctionne
Être convaincu n’est pas dans ta nature
Tu l’as compris rien n’est sérieux tout est tragique
Tu as peur du loup
Le loup peut avoir peur de toi car tu as peur de lui
Il ne faut pas te déranger quand tu manges il ne faut pas te manger quand tu déranges
Tu as un petit côté fleur bleue quand tu as bien mangé
Tu aimes avoir les oreilles froides
Tu détestes lacer tes chaussures
Tu n'es pas sûr d'être vivant avant dix heures
Tu t'intéresseras à la politique le jour où plus personne ne couchera dehors sans en avoir envie
Tu aimes être propre et sentir bon même si ton âme est grise
Tu ne comprends pas grand-chose aux femmes mais elles t’inspirent plus confiance que les hommes parce qu’elles t’ont fait
Tu aimes rire boire manger fumer des cigares aller au concert à l’opéra être amoureux parce que la tristesse durera toujours
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2013
02:05 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : autoportrait, estime-toi heureux, récit des lisières, blog littéraire de christian cottet-emard, note, carnet, journal, tristesse, cigare, opéra, boire, manger, amoureux, rire, humour, occidental, agnostique, culture catholique, loup, fleur bleue, baptisé, écriture, copains, sortie, nature, femmes, âme