17 mai 2022
Carnet / Orgue de Nantua : les retrouvailles !
Philippe Lefebvre aux claviers de l'orgue Lété de Nantua, dimanche 15 mai dernier. (Photo Ch. Cottet-Emard)
Improvisation finale (photo Ch.Cottet-Emard)
L'enregistrement de 1976
03:02 Publié dans carnet, Musique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : musique, orgue, blog littéraire de christian cottet-emard, inauguration, bénédiction, orgue historique, orgue de nantua, orgue nicolas antoine lété, nantua, ain, haut bugey, région auvergne rhône alpes, france, europe, site clunisien, récital d'orgue, bénédiction de l'orgue, monseigneur pascal roland, évèque du diocèse belley ars, organiste, philippe lefebvre, titulaire grand orgue notre dame de paris, conférence, restauration de l'orgue de nantua, jacques nonnet, abbatiale saint michel de nantua, mairie de nantua, véronique rougier, bach, franck, association des amis de l'orgue de nantua et de l'abbatiale, mendelssohn, duruflé
13 mai 2022
L'orgue de Nantua a enfin retrouvé sa voix
Communiqué
Inauguration, conférence, bénédiction de l'orgue et concert au programme de ce week-end.
L’inauguration de l’orgue de Nantua aura lieu les samedi 14 mai et dimanche 15 mai 2022 en l’abbatiale Saint-Michel de Nantua. L’instrument, classé monument historique, construit par Nicolas-Antoine Lété, a enfin retrouvé sa voix après une restauration menée à bien par Jacques Nonnet, facteur d’orgue à Bernin.
Samedi 14 mai à 17h, Jacques Nonnet donnera une conférence sur la restauration de l’orgue. Ses explications seront illustrées de photos retransmises sur grand écran. Philippe Lefebvre, organiste titulaire du grand orgue de Notre-Dame de Paris, présentera l’orgue depuis la console et le public pourra le voir sur l’écran géant.
Dimanche 15 mai, Monseigneur Roland, Evêque de Belley-Ars, bénira l’instrument à 16h30.
À 17h, suivra un concert d’orgue retransmis sur écran géant. Philippe Lefebvre sera aux claviers et interprétera des œuvres de Bach, Franck, Mendelssohn et Duruflé. L’entrée est libre avec participation aux frais pour ce week-end inaugural organisé conjointement par l’Association des Amis de l’Orgue et de l’Abbatiale de Nantua et la Mairie de Nantua.
Présentation de l’orgue de Nantua
Cet instrument original, de trois claviers et pédalier, classé monument historique en 1976 pour la partie sonore et en 2017 pour le buffet, est un représentant de l’esthétique de transition entre classicisme et romantisme.
Nicolas-Antoine Lété garde le plan vertical de l’orgue classique, avec un positif de dos et une mécanique suspendue. Le grand jeu rappelle l’orgue classique français, même si la puissance éclatante des anches n’est pas sans évoquer l’Espagne. À chaque clavier les jeux de fonds romantiques sont nombreux : bourdons, gambes, salicional, flûte harmonique, voix angélique. Chaque plan sonore comporte un jeu à anche libre : euphone de 8 pieds au positif, euphone de 16 pieds au Grand-orgue, cor anglais de 16 pieds au récit. Les pleins jeux de taille plutôt forte, fourniture 8 rangs au grand-orgue et plein jeu de 5 rangs au positif émettent un son « cornettisant » peu conforme au goût français classique. Le récit, bien que commençant à la 2ème octave, s’apparente à la facture romantique : voix humaine, musette, trompette, quintaton de 16 pieds et un jeu inventé par Lété, le galoubet composé d’une doublette et d’une quarte, contribuent au pittoresque de cet instrument en remarquable état de conservation. Une pédale d’orage, élément caractéristique du goût de l’époque, permet d’interpréter les pastorales du XIXème siècle. À noter que Jacques Nonnet a rajouté 5 notes dans les aigus de la pédale qui monte maintenant jusqu’au fa.
Véronique Rougier
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27 octobre 2015
Carnet / Rendez-vous manqués au milieu de nulle part
Quand je suis un peu cafardeux, je recherche le gras, les chips. Avec du scotch ou du bourbon. Une bouteille me fait des mois, heureusement, car je ne prends pas les premiers prix. N’ayant plus de Lagavulin et de Woodford, j’ai fini par dénicher au fond de l’armoire deux flacons de whisky bas de gamme hérités du bar d’un défunt. J’ai jeté l’un à l’évier, vraiment imbuvable, et me suis dépanné avec l’autre, acceptable.
Une amie m’a prêté Vernon Subutex de Virginie Despentes et je me retrouve aujourd’hui à ramer avec ce roman parce que j’essaie toujours d’être attentif aux livres que me prêtent les amis, non pas parce que je me serais spontanément tourné vers une telle littérature mais parce que je trouve normal de tenir compte des conseils de lecture, surtout lorsqu’ils viennent de personnes proches. Je rame avec Despentes parce que pour moi, elle parle d’une autre planète. Pas moyen de me sentir concerné, pas la moindre empathie pour ses personnages, leurs préoccupations, leur monde, leur style, leur vie. J’ai eu du mal à commencer le livre, à le continuer jusqu’à une centaine de pages, à me forcer à doubler la mise et là, page deux cents et quelques, les jeux sont faits, je cale. La quatrième de couverture nous explique que Vernon Subutex est « le dernier témoin d’un monde révolu, l’ultime visage de notre comédie inhumaine, notre fantôme à tous » , comme si l’on nous vendait une fresque alors qu’il n’est question de rien d’autre que de vieux fêtards branchouilles traînant leur gueule de bois depuis l’adolescence dans trois rues de Paris.
J’ai déjà des difficultés avec les références musicales qui sont pourtant censées être celles des gens de mon âge mais manque de chance, déjà adolescent, je n’écoutais que du classique. Encore aujourd’hui, Saint-Saëns (eh oui, Camille Saint-Saëns !) est un de mes compositeurs préférés et en ce moment, avant de commencer à écrire ce carnet, j’écoutais Scenes from the Bavarian Highlands d’Edward Elgar, dans la version pour piano et chœur. C’est dire...
Alors, le rock... J’en ai certes entendu mais jamais écouté de ma propre initiative, même au sommet de ma crise d’adolescence. Un lycéen de ma classe de seconde avait quand même réussi à me traîner quelques temps dans des préfas et des salles plus ou moins paroissiales où des types de l’Association Musique Évolution produisaient du son. À cette époque, j’écoutais en boucle les Variations symphoniques de César Franck, les deux concertos pour piano de Brahms et ceux de Liszt, alors, le boucan de l’Association Musique Évolution, ça me passait loin, très loin au-dessus des oreilles, malgré les décibels. Quant aux idoles rock des grandes scènes nationales ou mondiales dont j’entendais baragouiner les noms par leurs pâles imitateurs puant la vieille clope et la bière tiède, leur tintouin et leur théâtre pseudo rebelle ne m’inspirait pas plus. À seize ans, je considérais déjà que le rock était à la contestation ce que la musique militaire est à la musique, juste une autre façon de marcher au pas. Comme prévu, le rock a aujourd’hui mal vieilli et son public de quinquas embourgeoisés jusqu’aux ongles des orteils avec. Despentes confirme, si j’ai bien lu.
Mais peut-être ai-je mal lu car pour moi, Despentes est pénible à lire. Pour certains paragraphes, j’aurais besoin d’une traduction. De toute manière, Vernon Subutex n’est pas le sujet de ce carnet. Le sujet, c’est que ma laborieuse lecture des deux cents premières pages m’a juste une fois de plus rappelé que je n’ai pas aimé l’époque de ma jeunesse, ni ses musiques ni ses idées qui n’étaient d’ailleurs pas des idées mais des poses gonflées du plus grotesque esprit de sérieux. Étrange sentiment, surtout au moment des débuts d’inventaire, que celui de n’avoir jamais adhéré à ce que partageaient les jeunes de mon âge.
Les années 80 et ce qui a suivi dans le domaine de la culture grand public : un arrière-goût de rendez-vous manqué au milieu de nulle part, où en dehors de la bulle protectrice et créative de la vie privée, il n’y avait probablement rien ni personne à attendre.
(Photo © Christian Cottet-Emard, Barcelone)
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