Ombre élastique au petit matin

Mon ombre ne rassure que moi

 

On dit que ceux qui errent sans elle ne savent qu’ainsi leur infortune de spectres chagrinés et perplexes

 

et je vois bien la mienne hésiter entre chien et loup sur les pavés de vieilles villes aux tramways hantés

 

sans comprendre pourquoi elle aussi voudrait s’étirer comme un élastique et claquer d’un coup sec

 

tel l'adieu impatient et sans regrets des femmes qui n'aiment plus

 

(Extrait de mon recueil Estime-toi heureux. © Éditions Orage-Lagune-Express.)

Image : rails du tramway à Lisbonne (photo Christian Cottet-Emard)

 

Carnet-photo / Nuit d'été à Lisbonne

Ces yeux me disent que j'y verrai plus clair dans la nuit de Lisbonne

Noctambules eux aussi les arbres

Un dernier verre dans l'ombre jaune

Un tour dans le temps incertain

Où est passé mon rêve ?

Où est passée mon ombre ?

Ici on se promène à la verticale

Les petites chaussures aimeraient battre le pavé

Encore lui qui me fait de l'œil !

Rendez-vous au Rato

Trouver la corde sensible

 Ne pas trop se laisser mener en bateau

Quand suis-je ?

Dans les temps mélangés

La rue où l'on s'élève

Les arbres ne dorment pas

La nuit sera trop courte

J'ai soif de ses lumières

 

Photos et légendes © Christian Cottet-Emard, Lisbonne juillet 2016