Antonio Tabucchi (24 septembre 1943 - 25 mars 2012)

« ... et la vie était là, paisible, scandée par notre voisin le grillon, et cette nuit était la meilleure de toutes les nuits, parce que c’était une nuit liquide, semblable à la pulpe d’un abricot. »

 Antonio Tabucchi  (Extrait de Message de la pénombre, dans le recueil Les oiseaux de Fra Angelico, éditions 10/18.)

Du vote d'humeur

(Extrait de mon roman Le Club des pantouflards, éditions Nykta, 2006.)

Dans le bonheur (Chapitre 4)

Le clair de lune égara l’ombre d’Effron Nuvem contre une palissade recouverte d’affiches et l’une d’entre elles retint son regard parce qu’il y reconnut la tête du marchand de chaussures. Il se souvint alors que les élections approchaient. Pour la première fois, le club des pantouflards présentait une liste conduite par le petit gros. Maintenant, Effron Nuvem comprenait mieux ses approches mais tout de même, aller jusqu’à lui proposer de l’accueillir au sein du club... Que pouvait valoir l’adhésion d’un chômeur, une de ces « âmes mortes » à peine bonnes à émigrer d’un fichier à un autre au gré des fluctuations d’une comptabilité d’actifs et de passifs que se jetaient sans cesse à la figure lors de joutes télévisées les dignes héritiers de l’escroc Tchitchikov ?
Le jour du scrutin, Effron Nuvem, muni de sa carte d’électeur et de sa carte d’identité, alla aux urnes avec l’intention de voter contre et peu importait contre qui. Mais sur le trajet, son soulier droit s’enfonça mollement dans une énorme crotte de chien de couleur orange. Saisi d’une bouffée de colère, il mit un bon quart d’heure à nettoyer sa chaussure dans les toilettes publiques moyennant une pièce de vingt centimes, ce qui ne fit que décupler encore sa rage au point qu’il arriva tremblant et le visage congestionné au bureau de vote. Monsieur Nuvem ! Quelque chose ne va pas ? Vous ne vous sentez pas bien ? s’enquit le marchand de chaussures qui se tenait à proximité de la table où étaient disposés les bulletins et les enveloppes et qui saluait tout le monde. Tout à son exaspération, Effron Nuvem abandonna en une seconde ses intentions de vote et choisit ostensiblement un bulletin où figurait la liste du club des pantouflards sous l’oeil approbateur du petit gros qui lui décocha un clin d’oeil de connivence. Toujours contrarié, il décida d’aller respirer l’air de la Saône. Sur le pont Masaryk, il croisa une femme accompagnée d’un garçonnet qui le mit en joue avec un pistolet en plastique.

© Éditions Nykta, 2006.

ISBN : 2-910879-76-3

Olivier Leguay joue Litaize, Reboulot et Rolland. Le Père le Bourgeois présente l’écrivain Thomas Merton

Dans le cadre d'un concert avec lecture pour le temps du Carême à Nantua

Pour le mélomane amateur d’orgue, l’occasion d’écouter les œuvres de Gaston Litaize (1909-1991), Antoine Reboulot (1914-2002) et Philippe Rolland (1913-1981) sont rares, d’autant plus en ce qui concerne Philippe Rolland qui n’a apparemment légué qu’une composition à la postérité, sa Communion, en bonne place du programme interprété dimanche 18 mars en l’abbatiale Saint Michel de Nantua par l’organiste Olivier Leguay, à l’initiative de l’association des Amis de l’orgue et de la Paroisse Saint Michel de Nantua.

Le public était invité à ce bel événement musical dans le cadre du désormais traditionnel concert d’orgue pour le temps du Carême, rendez-vous spirituel et culturel qui a aussi permis d'approcher, à travers les textes lus et écrits par le Père Pierre Le Bourgeois, des éléments de la vie et de l’œuvre de l’écrivain américain né en France Thomas Merton, religieux et trappiste, socialement engagé et précurseur du dialogue inter-religieux avec l’Orient.

Lus par le Père Le Bourgeois, les extraits souvent poétiques de l’autobiographie de Thomas Merton, La Nuit privée d’étoiles (éditions Albin Michel) s’inscrivaient harmonieusement dans l’enchaînement des pièces musicales, la Chaconne en rondeau, l’Offertoire Terra tremuit et la Communion Pascha nostrum de Reboulot, la Communion de Rolland et Cinq pièces liturgiques ainsi que l’Offertoire Reges Tharsis, la Méditation improvisée et la Fugue sur l’introït Da pacem de Litaize.

Bien qu’il soit présenté comme un musicien et concertiste plutôt attiré par le répertoire des dix-septième et dix-huitième siècles, Olivier Leguay qui enseigne le clavecin au Conservatoire de Lons-le-Saunier et le piano et l’harmonie au Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Oyonnax a offert à son auditoire la chance d’apprécier en un même concert les compositions d’organistes du vingtième siècle encore à découvrir par le grand public, de surcroît sur l’instrument construit par Nicolas-Antoine Lété.

Prochain concert des Amis de l’orgue de Nantua : dimanche 17 juin à 17h, abbatiale Saint Michel de Nantua, fête de la musique. Requiem de Gabriel Fauré. Chœur et orchestre du CRD d’Oyonnax. Orgue : Olivier Leguay. Entrée libre.

On retrouvera aussi Olivier Leguay au clavecin lors du troisième festival Chromatica qui se tiendra les samedi 21 et dimanche 22 avril dans l’atelier du peintre Jacki Maréchal à Oyonnax.