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09 septembre 2011

Chaque fois l'éternité

chaque fois l'éternité,roland tixier,éditions le pont du change,lyon,simples choses,poésie,recueil,rhône-alpes,limousin,villeurbanne,blog littéraire de christian cottet-emardRoland Tixier, Chaque fois l’éternité, éditions Le Pont du Change, (préface de Geneviève Metge), 70 p., 12 €. Port gratuit. Juillet 2011.

Un mystère Tixier ? Je finirais par le croire. Depuis le temps, comment fait-il pour ne jamais me lasser de l’instant, de la sensation, des cinq lignes par page (je n’ose même pas écrire des cinq vers par page parce qu’il ne prend aucune posture de poète). Il faut pourtant compter Roland Tixier au registre de la poésie, même s’il ne presse pas la langue française comme un citron, même s’il ne la « déconstruit » pas, même s’il ne la tortille pas dans tous les sens. Se contente-t-il d’un sujet, d’un verbe et d’un complément ? Pas forcément. Souvent, l’énumération suffit. Moins de vingt mots et voici réunis le clair et l’obscur, l’espace et le confinement, le mouvement et l’immobilité :

La nuit
la veilleuse mauve
les vitres froides
la lumière des gares
où l’on ne s’arrête pas

Poète voyageur Roland Tixier ? chaque fois l'éternité,roland tixier,éditions le pont du change,lyon,simples choses,poésie,recueil,rhône-alpes,limousin,villeurbanne,blog littéraire de christian cottet-emard,geneviève metgeDans le temps un peu, dans l’espace pas beaucoup plus. Le temps d’un voyage d’enfance entre le bitume et le talus, le temps de glisser entre des pages un fragment d’été à la campagne au milieu du vingtième siècle, le temps d’un battement de paupières pendant lequel un monde a succédé à un autre. Comment dire ? « Chaque fois l’éternité » , évidemment.

Éditions Le Pont du Change, 161 rue paul Bert, 69003 Lyon,

Photo : Roland Tixier avant une lecture en public à la Scène Poétique à Lyon.

BON DE COMMANDE :

TIXIERBONDECOMMANDE_chaquefois.pdf

 Rappel : du même auteur, chez le même éditeur : Simples choses. Article ici.

08 août 2011

Lectures : ratages bourratifs.

pascal mercier,train de nuit pour lisbonne,poche 1018,hiromi kawakami,la brocante nakano,picquier poche,mary ann shaffer & annie barrows,le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates,christian gailly,l’incident,éditions de minuitPascal Mercier, Train de nuit pour Lisbonne, poche 10/18. 511 pages.
À force d’en rajouter (des pages), le mystère ne s’épaissit plus mais coagule. Malgré le titre alléchant et la curiosité du début, impossible d'attendre le terminus, on finit par descendre en route, ce que j’ai fait au chapitre 19, page 198.

Hiromi Kawakami, La brocante Nakano, Picquier poche. 343 pages.
À vouloir nous attacher à des petits riens, l’auteur nous détache de tout. Au chapitre intitulé « Les pommes » , j’ai décidé de ne plus être une poire, page 253.

Mary Ann Shaffer & Annie Barrows, Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, poche 10/18. 411 pages.
Pourquoi l’éditeur a-t-il cru judicieux de contracter le titre complet de ce roman épistolaire qui est en réalité Le cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey ? Telle est la seule question que l’on trouve encore à se poser au moment de caler avant le milieu de cette tourte bourrative, page 148 en ce qui me concerne. Et pourtant, je les aime les tourtes aux patates !

Christian Gailly, L’incident, éditions de Minuit. 255 pages.
Incident, je veux bien mais c'est déjà beaucoup dire. Arrivé page 53, on sait qu’une femme s’est fait voler son sac et que l’homme qui l’a retrouvé envisage de tondre la pelouse. Lu les quelques 200 autres pages parce qu’il pleuvait et que je n’avais pas envie de commencer les travaux dans ma cuisine. Pour qui serait tenté de ne pas lire ce livre, voici, pour lui donner raison, la quatrième de couverture : « Elle n’avait pas prévu qu’on lui volerait son sac à la sortie du magasin. (Note du lecteur : Au fait, vous prévoyez qu’on vous vole quelque chose, vous ?) Encore moins que le voleur jetterait le contenu dans un parking. Quant à Georges, s’il avait pu se douter, il ne se serait pas baissé pour le ramasser. »

Sacré Georges, il nous les fera toutes !

 

10 septembre 2010

Annie Ernaux. Les Années

fb29ec0353be6136c71fb8b6bd98260e-300x300.gifPeu concerné par la rentrée littéraire et sa petite foire d’empoigne, je lis en ce moment en édition de poche (Folio) Les Années d’Annie Ernaux, chronique de l’après-guerre à nos jours où apparaît en filigrane le chemin parcouru par l’auteur de La Place, son livre le plus connu (Prix Renaudot).

J’étais rédacteur dans le quotidien local lorsque la tournée de promotion de La Place conduisit Annie Ernaux à Oyonnax dans les années 80. Peu férus de littérature, mes anciens chefs m’abandonnaient volontiers les entretiens, rencontres, signatures et conférences de presse avec les écrivains qui échouaient on ne sait trop comment dans cette bourgade.

Je me préparais donc à l’habituelle séance de photos après avoir lu La Place qui ne m’avait guère enthousiasmé avec cette « écriture plate » dont on nous rebat périodiquement les oreilles. De fait, j’avais trouvé ce livre bien plat.

Dans le même temps, nous avions renforcé l’équipe de pigistes, disons plutôt de correspondants locaux, pour cause de concurrence avec une autre feuille. Les correspondants locaux ne sont pas à la noce dans les quotidiens. C’est à eux qu’on refile les assemblées générales où l’on déblatère pendant des heures pour décider du tarif d’affranchissement des convocations pour l’an prochain.

Parmi les nouveaux correspondants, une jeune femme déclara qu’elle s’intéressait aux livres. Dans un bel élan de générosité qui n’était en réalité que l’expression de mon faible intérêt pour La Place et son auteur, je confiai donc à la nouvelle pigiste le soin de couvrir la rencontre avec Annie Ernaux. Sur ce, je partis quelques jours en congé.

À mon retour, je trouvai sur mon bureau une lettre furibarde signée par quelques enseignants d’Oyonnax. La nouvelle pigiste avait bâclé son article, et tout ce beau monde croyait que j’en étais l’auteur, ce qui me désola d’autant plus qu’elle avait émaillé sa prose peu flatteuse de quelques jolies fautes d’orthographe ! Je me consolai en pensant que des personnes prenant la peine d’envoyer une pétition pour défendre un livre et un écrivain ne pouvaient pas être tout à fait mauvaises.

Quant à Annie Ernaux, si j’en juge par ce deuxième livre que je lis, elle écrit toujours aussi « plat » , même si je remonte sans déplaisir le cours de ses Années qui sont aussi, à un peu plus d’une décennie près, les miennes.