25 janvier 2014
Saint Valentin en prend un coup
Hélène Dassavray. C'EST GENTIL D'ÊTRE PASSÉ. Éditions Le Pédalo ivre, Maison des Passages, 44 rue Saint-Georges, 69005 Lyon (Collection Poésie dirigée par Frédérick Houdaer), 2013. 48p. 8 €. (+ 2 € de port pour commande par correspondance).
Encore des histoires d’amour... Mais existe-t-il un sujet plus intéressant ? D’autant qu’Hélène Dassavray a sa petite musique bien à elle, précise comme un mouvement d’horloge, car c’est des temps et contretemps de l’implacable mécanique de la valse amoureuse qu’il s’agit dans ce recueil.
Passion, désir, absence, rupture, abandon, fatalité du renoncement, tous les ingrédients sont là, mijotés à la sauce aigre-douce. Malgré la souffrance, un jour ou l’autre sœur jumelle du sentiment amoureux, la douceur l’emporte pourtant mais sans la moindre mièvrerie. Hélène Dassavray confirme à qui en douterait que l’amour n’est pas aveugle, qu’il est au contraire le plus puissant révélateur de notre pathétique condition humaine.
La femme qui écrit et parle ici œuvre en photographe des trente-six instantanés composant le livre. Elle traque dans la pénombre rouge l’apparition sur le papier de la vérité instable et dérangeante. Panique de la déroute, images fugaces du désir cru, fièvre du corps et de l’esprit en manque, à vif, chaud effroi, ce torrent qui alimente tant de romans fleuves coule ici tel un filet de source, en quelques lignes qui disent tout, avec parfois cette touche d’humour désespéré : « J’aime Ton égoïsme Ta fatuité Ta lâcheté Ton arrogance Ta mauvaise foi Ton inconstance Ta cruauté Ta fourberie Ta couardise Ta cuistrerie Ta queue ».
Après ça, il peut aller se rhabiller Saint Valentin.
Christian Cottet-Emard
Extrait :
Visite surprise
Oui l’amour
C’est gentil d’être passé
Mais là je suis occupée
Tu sais ce que c’est
Oui l’amour
C’est bien de se voir
Moi aussi j’apprécie
Mais là il est tard
Oui l’amour
La prochaine fois
Appelle-moi avant
Que l’on ait plus de temps
Photo 2 : Hélène Dassavray lit C'est gentil d'être passé sur la scène du Périscope à Lyon lors du Cabaret Poétique du 5 janvier dernier. (Photo MCC).
23:05 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hélène dassavray, c'est gentil d'être passé, éditions le pédalo ivre, lecture, poésie, amour, rupture, passion amoureuse, désir, manque, corps, sentiment, blog littéraire de christian cottet-emard, périscope, cabaret poétique, lyon, rhône-alpes, france, littérature, scène, saint valentin, collection poésie, frédérick houdaer
09 septembre 2011
Chaque fois l'éternité
Roland Tixier, Chaque fois l’éternité, éditions Le Pont du Change, (préface de Geneviève Metge), 70 p., 12 €. Port gratuit. Juillet 2011.
Un mystère Tixier ? Je finirais par le croire. Depuis le temps, comment fait-il pour ne jamais me lasser de l’instant, de la sensation, des cinq lignes par page (je n’ose même pas écrire des cinq vers par page parce qu’il ne prend aucune posture de poète). Il faut pourtant compter Roland Tixier au registre de la poésie, même s’il ne presse pas la langue française comme un citron, même s’il ne la « déconstruit » pas, même s’il ne la tortille pas dans tous les sens. Se contente-t-il d’un sujet, d’un verbe et d’un complément ? Pas forcément. Souvent, l’énumération suffit. Moins de vingt mots et voici réunis le clair et l’obscur, l’espace et le confinement, le mouvement et l’immobilité :
La nuit
la veilleuse mauve
les vitres froides
la lumière des gares
où l’on ne s’arrête pas
Poète voyageur Roland Tixier ? Dans le temps un peu, dans l’espace pas beaucoup plus. Le temps d’un voyage d’enfance entre le bitume et le talus, le temps de glisser entre des pages un fragment d’été à la campagne au milieu du vingtième siècle, le temps d’un battement de paupières pendant lequel un monde a succédé à un autre. Comment dire ? « Chaque fois l’éternité » , évidemment.
Éditions Le Pont du Change, 161 rue paul Bert, 69003 Lyon,
Photo : Roland Tixier avant une lecture en public à la Scène Poétique à Lyon.
BON DE COMMANDE :
TIXIERBONDECOMMANDE_chaquefois.pdf
Rappel : du même auteur, chez le même éditeur : Simples choses. Article ici.
00:46 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : chaque fois l'éternité, roland tixier, éditions le pont du change, lyon, simples choses, poésie, recueil, rhône-alpes, limousin, villeurbanne, blog littéraire de christian cottet-emard, geneviève metge
08 août 2011
Lectures : ratages bourratifs.
Pascal Mercier, Train de nuit pour Lisbonne, poche 10/18. 511 pages.
À force d’en rajouter (des pages), le mystère ne s’épaissit plus mais coagule. Malgré le titre alléchant et la curiosité du début, impossible d'attendre le terminus, on finit par descendre en route, ce que j’ai fait au chapitre 19, page 198.
Hiromi Kawakami, La brocante Nakano, Picquier poche. 343 pages.
À vouloir nous attacher à des petits riens, l’auteur nous détache de tout. Au chapitre intitulé « Les pommes » , j’ai décidé de ne plus être une poire, page 253.
Mary Ann Shaffer & Annie Barrows, Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, poche 10/18. 411 pages.
Pourquoi l’éditeur a-t-il cru judicieux de contracter le titre complet de ce roman épistolaire qui est en réalité Le cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey ? Telle est la seule question que l’on trouve encore à se poser au moment de caler avant le milieu de cette tourte bourrative, page 148 en ce qui me concerne. Et pourtant, je les aime les tourtes aux patates !
Christian Gailly, L’incident, éditions de Minuit. 255 pages.
Incident, je veux bien mais c'est déjà beaucoup dire. Arrivé page 53, on sait qu’une femme s’est fait voler son sac et que l’homme qui l’a retrouvé envisage de tondre la pelouse. Lu les quelques 200 autres pages parce qu’il pleuvait et que je n’avais pas envie de commencer les travaux dans ma cuisine. Pour qui serait tenté de ne pas lire ce livre, voici, pour lui donner raison, la quatrième de couverture : « Elle n’avait pas prévu qu’on lui volerait son sac à la sortie du magasin. (Note du lecteur : Au fait, vous prévoyez qu’on vous vole quelque chose, vous ?) Encore moins que le voleur jetterait le contenu dans un parking. Quant à Georges, s’il avait pu se douter, il ne se serait pas baissé pour le ramasser. »
Sacré Georges, il nous les fera toutes !
19:35 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : pascal mercier, train de nuit pour lisbonne, poche 1018, hiromi kawakami, la brocante nakano, picquier poche, mary ann shaffer & annie barrows, le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, christian gailly, l’incident, éditions de minuit