29 janvier 2015
Comme une ombre heureuse dans le temps des images
À ce que j’étais peut-être avant de prendre corps (quelque amas de poussière sans conscience en suspension dans un recoin de l’univers) il fut écrit
« Va sur Terre en ce corps qui t’échoit et ne le fatigue pas trop
Va sur Terre un moment et regarde le spectacle auquel tu es convié mais ne monte pas sur scène tu n’es pas là pour agir
Tu n’es là que pour contempler car tu es assemblé de telle sorte que tu ne puisses rien faire d’autre
Rien d’autre que te promener et passer comme une ombre heureuse dans le temps des images »
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2014
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25 janvier 2014
Saint Valentin en prend un coup
Hélène Dassavray. C'EST GENTIL D'ÊTRE PASSÉ. Éditions Le Pédalo ivre, Maison des Passages, 44 rue Saint-Georges, 69005 Lyon (Collection Poésie dirigée par Frédérick Houdaer), 2013. 48p. 8 €. (+ 2 € de port pour commande par correspondance).
Encore des histoires d’amour... Mais existe-t-il un sujet plus intéressant ? D’autant qu’Hélène Dassavray a sa petite musique bien à elle, précise comme un mouvement d’horloge, car c’est des temps et contretemps de l’implacable mécanique de la valse amoureuse qu’il s’agit dans ce recueil.
Passion, désir, absence, rupture, abandon, fatalité du renoncement, tous les ingrédients sont là, mijotés à la sauce aigre-douce. Malgré la souffrance, un jour ou l’autre sœur jumelle du sentiment amoureux, la douceur l’emporte pourtant mais sans la moindre mièvrerie. Hélène Dassavray confirme à qui en douterait que l’amour n’est pas aveugle, qu’il est au contraire le plus puissant révélateur de notre pathétique condition humaine.
La femme qui écrit et parle ici œuvre en photographe des trente-six instantanés composant le livre. Elle traque dans la pénombre rouge l’apparition sur le papier de la vérité instable et dérangeante. Panique de la déroute, images fugaces du désir cru, fièvre du corps et de l’esprit en manque, à vif, chaud effroi, ce torrent qui alimente tant de romans fleuves coule ici tel un filet de source, en quelques lignes qui disent tout, avec parfois cette touche d’humour désespéré : « J’aime Ton égoïsme Ta fatuité Ta lâcheté Ton arrogance Ta mauvaise foi Ton inconstance Ta cruauté Ta fourberie Ta couardise Ta cuistrerie Ta queue ».
Après ça, il peut aller se rhabiller Saint Valentin.
Christian Cottet-Emard
Extrait :
Visite surprise
Oui l’amour
C’est gentil d’être passé
Mais là je suis occupée
Tu sais ce que c’est
Oui l’amour
C’est bien de se voir
Moi aussi j’apprécie
Mais là il est tard
Oui l’amour
La prochaine fois
Appelle-moi avant
Que l’on ait plus de temps
Photo 2 : Hélène Dassavray lit C'est gentil d'être passé sur la scène du Périscope à Lyon lors du Cabaret Poétique du 5 janvier dernier. (Photo MCC).
23:05 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hélène dassavray, c'est gentil d'être passé, éditions le pédalo ivre, lecture, poésie, amour, rupture, passion amoureuse, désir, manque, corps, sentiment, blog littéraire de christian cottet-emard, périscope, cabaret poétique, lyon, rhône-alpes, france, littérature, scène, saint valentin, collection poésie, frédérick houdaer
25 octobre 2011
Les ennemis du poète
La plupart des ennemis du poète sont de passage
Ils font carrière et sont contraints de subsister un certain temps dans cette petite ville qu’ils veulent faire changer comme ils veulent te faire changer toi aussi
Naturellement ils se cassent vite les dents à cette tâche et repartent un beau jour un très beau jour lassés et furieux non sans avoir cependant provoqué quelques dégâts ce qui est la définition même de l’ennemi
De leur défaite et des dégâts qu’ils ont causés ils conçoivent une nostalgie et les voici sans cesse revenant dans cette ville qu’ils ont voulu changer mais qui les a changés
Et toi toujours pareil à toi-même comme cette ville est toujours pareille à elle-même il t’arrive parfois de les apercevoir au détour d’une rue ombreuse et déserte du dimanche soir
Et tu t’arrêtes un instant pour les voir passer comme on s’assoit au bord du fleuve à regarder glisser bercés par l’onde les corps des ennemis du poète
© Éditions Orage-Lagune-Express 2011. Droits réservés.
Image : Jacki Maréchal
00:02 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poète, ennemi, corps, ville, récit