10 août 2011
Deux vallées m’enfantent,
l’une où je résiste et l’autre où je consens. La première me fit naître et voulut me réduire, la seconde me fit voir et voulut m’accueillir. Je ne suis que silence et fixité dans celle où je lutte, parole et mouvance dans celle où j’acquiesce. L’une a misé des brassées de destins sur de pauvres objets que nous servons plus qu’ils ne nous servent, l’autre s’est détournée de ces mirages. Leurs arbres ne se connaissent pas et leurs eaux s’ignorent jusque dans la mer. Je les habite : l’une à mon corps, l’autre à mon rêve. M’unifier dans l’une ou l’autre me condamnerait car je ne puis être de ceux qui partent.
(Extrait de mon recueil L’Alerte joyeuse, éditions Orage-Lagune-Express, 1997.)
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07 août 2011
Après des temps d’inattention et d’insolence,
j’eus la grâce d’échouer dans un jardin hirsute. J’y tombai comme une pierre dans les rires pour y demeurer sans peurs et sans attentes.
On m’y réserva l’espace des amis las en quête d’une accueillante solitude. Rien ne m’était donc soustrait hormis le nœud d’absurdité qui me gavait pour mieux dévorer jusqu’à ma faim. L’heure discrète du bourdon éclaircit mes prochains territoires et je sus prendre à temps les bains d’orage que le corps réclame sans les connaître.
« J’approche du but ? » m’inquiétai-je auprès du petit Lare contrarié et grondant jamais las de ma pauvre aventure.
— Passe au large ! l’entendis-je me souffler dans les arbres.
(Extrait de mon recueil L’Alerte joyeuse, éditions Orage-Lagune-Express, 1997.)
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05 août 2011
Casser la course
Et si les bandelettes d’un sommeil destructeur me ravissaient les cris des hirondelles ?
J’ai cru m’éteindre en l’absence de cette question et ce fut la réponse qui se profilait avant elle qui me conduisit tout enfant aux portes de la fugue. J’en conçus l’amour de la désertion plus riante que l’alliance aux forces.
Un seul pas de côté suffit à mon chemin, je n’eus pas à courir. Désuni, je puis l’être encore pour quelque monnaie dans un art de ne pas vivre, exilé là où l’on ne prétend qu’à la seule gloire de bien se vendre.
Mais je sais depuis l’enfance m’arrêter là, casser la course, habiter où l’on erre, joyeux, me ruer où l’on tâtonne.
(Extrait de mon recueil L’Alerte joyeuse, éditions Orage-Lagune-Express, 1997.)
Photo : une des éditions du recueil.
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