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14 juin 2023

Carnet / Le moment Antaño.

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En cette fin de printemps, le soleil le matin et les orages l’après-midi créent une configuration cyclique qui peut agacer mais qui s’avère intéressante pour le fumeur de cigare en raison de l’humidité de l’air, de la douceur de la température et de l’absence de vent. Les puissants effluves floraux des arbres et de la terre offrent les meilleures conditions pour déguster un cigare au jardin, notamment le Joya de Nicaragua Antaño. Assez puissant et rassasiant, ce cigare n’est pas à conseiller dans la matinée mais plutôt après le déjeuner ou le dîner. 

Je me suis intéressé aux cigares du Nicaragua dès les années 80 à l’époque où j’achetais souvent mes havanes Por Larrañaga à Lyon dans une civette aujourd’hui disparue de la rue de la République (rue de la Ré comme disent les lyonnais). Le marchand voyait assez peu de jeunes fumeurs et il avait repéré mes goûts qui me portaient déjà vers des cigares complexes voire corsés. Il me conseilla un jour les Joya de Nicaragua dont j’essayai quelques vitoles. 

Lors de mes visites suivantes, il me demanda mon opinion sur les Joya. Je lui répondis qu’ils me paraissaient soutenir la comparaison avec les havanes dont ils avaient la force et la complexité, parfois la rondeur et le gras, mais avec une légère pointe d’amertume toutefois bien moins présente que dans les cigares de la République dominicaine. Il m’indiqua alors que les modules nicaraguayens qu’il m’avait fait goûter étaient issus de plants de tabac cubain cultivés au Nicaragua, ce qui expliquait la force et la complexité alliée à la très discrète amertume. 

À ce moment, le marchand ouvrit un grand tiroir de l’humidor et en sortit un magnifique cabinet de Joya (un coffret de cinquante cigares), d’imposants double coronas à un prix vraiment intéressant. Je ne sus hélas pas profiter de l’aubaine et je le regrette encore aujourd’hui. Il me faut avouer, à ma décharge, que j’étais encore un jeune fumeur au palais et surtout au budget en rapport… 

Les années ou plutôt les décennies qui suivirent, les Joya de Nicaragua devinrent difficiles à trouver en France, sans doute à cause des soubresauts politiques que connut le pays. Aujourd’hui, tout semble reparti dans le bon sens, au moins en ce qui concerne la production de cigares au Nicaragua. L’offre est désormais abondante et de qualité, y compris dans d’autres marques que Joya, même si ces derniers ont toujours ma préférence, notamment le fameux Antaño

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09 juin 2023

Un extrait de CHRONIQUES OYONNAXIENNES (Tome 1, Boulevard de l'enfance), récemment paru

chroniques oyonnaxiennes,souvenirs,enfance,christian cottet-emard,orage-lagune-express,livre,autobiographie,colonie de vacances,confort,valserine,blog littéraire de christian cottet-emard,boulevard de l'enfanceLe complot de la colonie de vacances

Un soir de 1969, mes parents soupèrent plus tôt que d'habitude, me confièrent à ma grand-mère Marie-Rose puis s'habillèrent pour sortir comme ils en avaient l'habitude le samedi pour aller au cinéma. Un détail me chiffonnait, nous n'étions pas samedi. J'étais au lit lorsqu'ils rentrèrent mais je ne dormais pas. À mon chevet, ils m'annoncèrent qu'ils revenaient d'une réunion d'information sur un séjour à la colonie de vacances de Confort, un village de la vallée de la Valserine situé à une trentaine de kilomètres d'Oyonnax (autant dire sur la lune), et qu'ils m'avaient inscrit pour le mois de juillet. J'en fus très contrarié car la première fois qu'ils m'en avaient parlé, j'avais répondu que je n'étais pas intéressé.

Cette colonie de vacances de garçons était à l'époque gérée par l'association Air et Montagne en liaison avec la paroisse et elle jouissait d'une excellente réputation. Aujourd'hui encore, les gens de ma génération qui ont séjourné dans la grande bâtisse au milieu des champs en haut du village en ont gardé de très bons souvenirs. Il n'en fut pas de même pour moi mais je tiens à préciser que cette colonie de vacances n'en fut pas responsable car même dans mon enfance, je n'ai jamais pu m'adapter à la vie en collectivité. Inquiets de ce trait de mon caractère, mes parents avaient voulu bien faire en espérant que je revienne de ce séjour avec un avis différent. Ce fut bien sûr le contraire.

Je pris le lieu en grippe dès que je découvris le dortoir avec ses lits en métal et la vaste salle d'eau équipée de lavabos collectifs disposés en arc de cercle. À côté de chaque robinet, un savon ovale jaune orangé fixé à une tige de métal chromé servait à se débarbouiller le matin au lever. La douche hebdomadaire se prenait dans un local en prolongement du bâtiment des cuisines et du réfectoire, dans une enfilade de cabines aux portes battantes impossibles à verrouiller. Je compris vite que l'organisation du lieu allait me priver pendant un mois de toute possibilité de m'isoler, ce qui relève pourtant pour moi d'un besoin vital. Les cris, l'agitation, l'incessante promiscuité pendant la toilette, les repas et la sieste du début d'après-midi, les activités sportives, les chocs des ballons dans la cour en ciment (un bruit que je ne supporte toujours pas à soixante-trois ans), la bousculade au moment de la distribution du goûter, tout m'exaspérait.

Le soir au coucher, je pleurais en silence en pensant au lendemain et au lendemain du lendemain, en particulier au moment d'enfiler mes souliers que je ne savais pas lacer. Je n'acceptais pas d'être éloigné de mon environnement habituel et de ma famille, ce qui m'amena par la suite à organiser ma vie de manière à ne jamais prendre le risque de revivre une telle expérience. C'est par exemple la principale raison pour laquelle j'ai refusé de faire mon service militaire. Dès que je me déplace seul loin de chez moi du fait d'une quelconque contrainte, le plus souvent professionnelle, j'éprouve vite une panique voisine de celle qui peut étreindre un nageur au moment où il réalise qu'il s'est trop éloigné du rivage.

Au bout d'une semaine, je comptais déjà les jours. Ma famille ayant toujours tout archivé, jusqu'aux cartes postales, j'ai retrouvé deux lettres que j'avais envoyées à mes parents : à Confort, je ne suis pas tellement bien. J'espère que ça ne durera pas. À la fête des parents, je serais content qu'on me ramène à Oyonnax. En relisant aujourd'hui mon écriture de gamin de dix ans, je m'aperçois que le ton de ces lettres était largement en-dessous du malaise que j'éprouvais. Organisée à la moitié de la durée du séjour, la fête des parents consistait en une kermesse d'une journée à laquelle les familles des pensionnaires étaient conviées. Quand mes parents repartirent en fin d'après-midi, je vécus un moment vraiment difficile, bien conscient qu'il me restait encore deux semaines à tirer. Dès le début de cette troisième semaine, mon humeur et mon moral étaient si détériorés que plusieurs incidents s'enchaînèrent dont deux très significatifs de mon état d'esprit.

Le premier survint à l'occasion de la réception des colis de friandises que les parents faisaient livrer à leurs enfants. Sous prétexte que certains avaient plus que d'autres, les moniteurs décidèrent de tout mettre en commun et de gérer la distribution. Comme la plupart de mes camarades, je n'avais aucune réticence à partager mais j'interprétai l'instauration de cette mesure collectiviste comme une injuste confiscation. Je m'emparai donc de mon colis et, à la faveur d'un des brefs moments où l'on nous laissait nous occuper librement dans la cour, je le dissimulai dans une anfractuosité du muret en bordure du pré situé derrière la colonie. Cette solution peu commode m'amena à la conclusion que la meilleure cachette était mon ventre. J'engloutis donc l'intégralité du contenu du colis en deux jours, ce qui eut pour effet de me couper l'appétit au réfectoire et de m'écœurer le soir au coucher, le seul avantage ayant été de me rendre provisoirement imbattable à certains concours de gargouillis et borborygmes (il y avait des pastilles effervescentes à la menthe), joutes déloyales que nous improvisions, moi-même et quelques contestataires, pour perturber la sieste obligatoire.

Deux jours plus tard, le deuxième incident se produisit dans les douches. Nous étions tous en train de nous laver avec notre berlingot de shampoing Dop dans nos cabines respectives à peine fermées par leur porte battante lorsqu'un garçon plus turbulent et taquin que les autres ouvrit en grand ma cabine alors que j'étais encore nu sous la douche. Je l'envoyai aussitôt au tapis d'un coup de pied à l'entrejambe qui le laissa au sol si plié de douleur qu'on faillit appeler le médecin. On pensa plus à le réconforter qu'à me réprimander mais on jugea plus prudent d'écourter mon séjour, ce qui me permit d'échapper à la quatrième semaine grâce à cet acte certes répréhensible mais pas prémédité. Il était temps.

 

Christian Cottet-Emard est né en 1959 à Montréal (Ain). Il a vécu jusqu’en 2009 à Oyonnax avant de s’installer dans un village du Haut-Jura.
Bourse d’écriture du CNL (Centre National du Livre) en 2006.
Depuis 2005, il tient un blog : http://cottetemard.hautetfort.com (ISSN 2266-3959)

 

Les services de presse sont à demander à : contact.ccottetemard@yahoo.fr

  • ASIN ‏ : ‎ B0C1JBHVG7
  • Éditeur ‏ : ‎ Orage-Lagune-Express. Diffusion : Independently published
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 164 pages
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 979-8390413326
  • Poids de l'article ‏ : ‎ 236 g
  • Dimensions ‏ : ‎ 12.85 x 1.07 x 19.84 cm
  • Commandes : ici
  • Pour les gens d'Oyonnax et de sa région, ce livre est en vente au kiosque de l'hôpital d'Oyonnax.

02 juin 2023

Aux grands jours (un livre de saison)

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Empressé ou patient, fragile et lumineux comme un coquelicot, chaque poème avec audace se dédie aux grands jours

(Poème de 4ème de couverture) 

aux grands jours,littérature,édition,publication,© club,blog littéraire de christian cottet-emard,club littéraire des amateurs de cigares,christian cottet-emard,empressé ou patient,fragile et lumineux,comme un coquelicot,chaque poème,avec audace,se dédie aux grands jours,droits réservés,sous presse,le pétrin de la foudre,le congé du buveur,le passant du grand large,l'alerte joyeuse,la jeune fille,le monde lisible,poèmes rescapés,la jeune fille aux sandales de sable,l'île des libellules transparentes,entretien,été,jean-jacques nuel,gabriel guy,amazonPour une fois, je serai en phase avec l’actualité, au moins celle de la saison. Les grands jours sont revenus et peut-être en leur lumière le moment de tourner les pages de ce recueil dont l’un des principaux thèmes est tout simplement l’été.

Quelques liens pour découvrir ce livre :

À propos de mon livre AUX GRANDS JOURS

Une critique de Jean-Jacques Nuel : Vient de paraître / AUX GRANDS JOURS en édition reliée

Un petit hommage à Balthus

Villanelle des promis (Extrait de : Aux grands jours, paru l'été dernier)

Une brève vidéo de présentation

À propos de Aux grands jours

En vente sur : https://www.amazon.fr/Aux-grands-jour...

Et pour les gens d'Oyonnax et de sa région, recueil disponible (ainsi que mes autres livres récents) au kiosque de l'hôpital d'Oyonnax).

Aux grands jours est aussi disponible au prêt à la médiathèque municipale d'Oyonnax (centre culturel Aragon).