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21 juillet 2017

Petit plaisir lyonnais

J'en conviens, c'est un peu narcissique, immature, mais je dois avouer que découvrir mon nom sur la tranche d'un livre, sur cette fresque murale lyonnaise, m'a fait plaisir parce que j'aime beaucoup cette ville. Nous avons tous nos petites faiblesses !

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07 mars 2016

Carnet / Conservateur ?

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Vieillir c’est se fragmenter, devenir plusieurs personnes en désordre mais ce n’est pas pour autant que l’on en soit augmenté. Au contraire on diminue, on est diminué en devenant plusieurs.

Cette réplique de la sœur d’Honorine qui m’avait échappé alors que j’avais vu plusieurs fois le film Fanny réalisé par Marc Allégret et écrit par Marcel Pagnol : « Tout ça, c’est terriblement tragique, mais on peut manger quand même ! »

Le responsable d’une petite revue de poésie à laquelle j’ai été abonné qui me propose de « prendre des textes ». C’est gentil mais la publication prendra des semaines ou des mois et la diffusion sera confidentielle. Si je mets ces textes en ligne sur mon blog, ils seront lus tout de suite par beaucoup plus de monde. Alors à quoi bon ?

Sur Arte télévision, un jeune dessinateur (à peine trente ans, peut-être moins) dont j’ai oublié le nom explique doctement que les attentats menacent moins la sécurité que les lois sécuritaires. Cette ânerie m’en rappelle une autre proférée il y a quelques années par une de mes connaissances un peu plus âgée que moi alors que nous signions nos ouvrages au défunt salon Place aux livres à Lyon. Le salon situé au beau milieu de la place Bellecour avait été attaqué aux cocktails Molotov par des émeutiers venus de la banlieue. Réagissant à mon intention de ne pas revenir le lendemain, la personne en question m’avait déclaré en souriant : « Ce n’est pas des petits jeunes qu’il faut avoir peur mais des CRS. » Jamais je ne pourrai m’habituer à ce genre de raisonnement, c’est pourquoi je suis si isolé dans la sphère des « cultureux » . J’ai beau avoir le cœur à gauche sur le plan social, il n’en va pas de même pour ce qui touche à mon point névralgique, la sécurité, à mes yeux la première de toutes les libertés.

 

03 janvier 2016

De la procrastination littéraire (ou comment je n'écris pas mon journal intime)

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Tout d’abord, il est excessif d’affirmer que je caressais ce projet car, je le répète, il s’agissait d’une simple idée qui m’effleura et l’on ne peut, que je sache, disposer d’assez de temps pour caresser quelque chose qui ne fit que vous effleurer. À ce stade d’un raisonnement auquel ne peuvent accéder que les caractères enclins à une certaine qualité de vie contemplative, je préfère me contenter d’expliquer pourquoi la première page de mon journal intime est encore vierge aujourd’hui.

Le jour où cette idée se manifesta, je n’étais pas dans mon état normal. J’étais en pleine forme, débordant d’énergie et de soif d’entreprendre. Peut-être avais-je bu trop de café. Si je me souviens bien, c’était la Toussaint, donc pas question de me lancer dans une nouvelle activité en plein milieu d’un jour de fête. Après les fêtes, il y a toujours des restes mais pour ma part, le lendemain, il ne me restait déjà presque plus d’énergie, peut-être parce que c’était le jour des Défunts. Par la suite, revenu à mon état normal, j’hésitai : un journal intime... Est-ce vraiment une bonne idée ? Je décidai de me donner quelques jours pour faire le point. On ne fait jamais assez le point mais encore faut-il bien le faire, c’est-à-dire y consacrer du temps. Faire le point à la va-vite ? Allons, allons ! Ce serait trop facile. Cette fois-ci, je m’appliquai encore plus que d’habitude. Je fis le point cinq jours d’affilée et à la fin, j’étais presque décidé mais c’était sans compter avec l’Armistice de 1918. Travailler un onze novembre ? Jamais !

Le lendemain, 12 novembre, Saint Christian, constitue pour moi une date plus propice à la réception de nombreux témoignages d’affection qu’à la concentration nécessaire à cette activité hautement intellectuelle qu’est la rédaction d’un journal intime. Du 12 novembre, on a vite fait d’arriver sans s’en apercevoir au 24 qui est pour moi entièrement consacré à l’ouverture de mes cadeaux d’anniversaire. Je me vois mal dire aux gens en ce jour spécial : « merci, vous êtes gentils mais maintenant, je dois vous laisser pour rédiger mon journal intime. »

N’allez cependant pas croire à mon renoncement. Il ne faut jamais renoncer. Moi, je préfère ne rien faire du tout plutôt que de renoncer. Ainsi m’abîmai-je, chaque soir avant d’aller au lit, dans la contemplation du grand cahier de mon futur journal intime ouvert à la première page. Je déposai même sur ma table de chevet une lampe de poche dont le discret faisceau m’eût éventuellement permis de me lever, à la faveur d’une insomnie, pour me rendre à l’écritoire sans me cogner dans le noir et sans réveiller mon épouse. Par malchance, sur une bonne vingtaine de nuits, je ne connus durant cette période que dix minutes d’insomnie, à peine le temps d’appuyer sans résultat sur l’interrupteur de la lampe de poche, d’ouvrir le boîtier pour constater qu’il ne contenait pas de pile et de me rendormir aussitôt jusqu’à une heure plus habituellement réservée à l’apéritif qu’au petit déjeuner.

Novembre me laissant encore quelques jours, je ne désespérai point de fixer un bel instantané de ma vie sur la surface immaculée de mon cahier tout neuf. Hélas, le temps que je prenne conscience de ce délai qui m’était offert, le premier dimanche de l’Avent me surprit en pleine méditation sur cette incroyable accélération du temps qui permet à Noël d’arriver chaque année alors qu’on se demande comment Pâques devint si vite un souvenir. Tout cela pour dire que j’ai l’habitude, pendant les quatre semaines de l’Avent, de m’imprégner de l’esprit de Noël et, à la rigueur, de faire un peu le point.

Cette année, en ces heures printanières où je vous parle, j’observe depuis ma fenêtre mes frères les grands frênes qui sont les premiers arbres à se débarrasser de leurs feuilles et les derniers à s’en revêtir. N’ayant toujours pas trouvé comment débuter la rédaction de mon journal intime, j’ouvris au hasard celui d’un écrivain célèbre et je lus : « aujourd’hui, il a plu et les enfants sont venus déjeuner. » Trop fort !

Extrait de TU ÉCRIS TOUJOURS ? (FEUILLETON D’UN ÉCRIVAIN DE CAMPAGNE), épisode inédit en volume mais paru dans Le Magazine des Livres en 2010. 
Retrouvez d'autres épisodes de mon feuilleton dans l'édition en volume de Tu écris toujours ? publié aux éditions Le Pont du Change.

Photo de paresseux empruntée ici