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20 mai 2022

Lectures du moment :

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21 octobre 2021

Carnet / Sauvetage

Dans un carnet de mai dernier, j’évoquais le sujet du rangement de la bibliothèque et de ses conséquences (choix rigoureux, sacrifices, renoncements, purges, ventes, destructions, mises à l’écart, mais parfois quelques sauvetages) !

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À la fin des années 80, j’avais acheté un livre du peintre Valerio Adami que je commençais à découvrir et que j’apprécie de plus en plus parce qu’il est ce que j’appellerais peut-être à tort un peintre littéraire. Il s’agissait de Les règles du montage, un ouvrage paru dans la collection Carnets des éditions Plon. À l’époque, je n’avais pas réussi à entrer dans ce recueil, peut-être parce que j’étais trop jeune ou immature. Les rencontres avec les livres sont comme les rencontres avec les gens, elles doivent se produire au bon moment, ce que je pressentais sans en avoir la certitude comme aujourd’hui. J’ai donc conservé ce livre depuis tout ce temps, j’ai même essayé de le relire plusieurs fois, sans succès. À chaque fois, je le trouvais un peu affecté, snob comme l’étaient souvent les livres publiés dans les années 80, période de snobisme par excellence. Lors de la récente purge de ma bibliothèque, je venais donc de le jeter dans un sac destiné aux vendeurs de livres d’occasion lorsque, ces derniers jours, l’achat de Récits avec figures, un recueil de textes d’Antonio Tabucchi, un des rares écrivains dont j’ai lu presque tous les ouvrages, m’a ramené devant les yeux les compositions de Valerio Adami.

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La couverture de ce livre est un détail d’une de ses œuvres, une sérigraphie intitulée Écrits de l’éphémère. Récits avec figures reproduit aussi, de Valerio Adami, un Portrait d’Antonio Tabucchi (2000), Le Minotaure (1996) et L’heure du sommeil de l’enfant (1993). 

Quant à la couverture du recueil de Valerio Adami, Les règles du montage, elle reproduit un détail d’une œuvre intitulée Ascension (1984), ce qui m’a conduit à le récupérer in extremis et, une fois encore, à tenter de le lire d’un œil différent si je m’en montre capable. Dans la foulée, j’ai consulté sur internet une vidéo dans laquelle Valerio Adami s’exprime d’une manière qui m’encourage à persévérer dans l’exploration tardive de son œuvre et, probablement, à réintégrer son recueil de carnets dans mes rayonnages où les places sont désormais devenues si rares et si chères !

 

16 octobre 2021

Carnet / De la figure du chef (notes)

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Les grands penseurs anarchistes sont des orfèvres de la langue écrite et ils y sont obligés pour décrire une société qu’ils appellent de leurs vœux mais qui ne peut exister que dans le laboratoire de leurs constructions théoriques, comme c’est notamment le cas pour ma toquade de jeunesse, Max Stirner, l’auteur de L’Unique et sa propriété. 
Sous les yeux inquiets de mes parents, surtout de mon père et de mon grand-père, je suis allé assez loin dans mon exploration, au point de m’abonner à un journal de la Fédération anarchiste qu’on pouvait trouver à la maison de la presse d’Oyonnax. J’avais même discuté un peu avec une de leurs figures locales, un vieux monsieur sec comme un bout de bois et bien sûr toujours vêtu de noir. Il était aussi violoniste à la Lyre industrielle d’Oyonnax qui fut d’abord un orchestre d’harmonie avant d’intégrer des pupitres de violon. 
Quant au frère du vieil anarchiste violoniste, c’était une autre figure locale dont la spécialité était de se promener tout nu dans la forêt, non par vice exhibitionniste mais par conviction écologique mêlant retour aux sources et mythe du bon sauvage, ce qui le conduisit à se définir lui-même comme pré-animal. Il se faisait appeler le Serfin (je ne suis pas certain de l’orthographe). Pendant les beaux jours, il séjournait dans une cabane au milieu des bois où il pouvait rêver à un monde sans chefs. 
Mon souvenir de ces deux personnages et de bien d’autres plus ou moins excentriques partageant la défiance à l’encontre de la figure du chef ne me visite pas en ce moment par hasard, lorsque s’exerce en un triste consentement non pas l’autorité mais son mauvais jumeau, le pouvoir. 
Le bon chef use de l’autorité, le mauvais seulement du pouvoir. Le bon chef s’appuie sur la meilleure part de ceux qu’il dirige, le mauvais sur la pire, et comme l’ordinaire de la troupe oscille entre les deux... Le bon chef rassemble parce qu’il est fort, le mauvais divise parce qu’il est faible. 
Un exemple frappant nous en est fourni en ces temps troubles par cette possibilité donnée à un individu mineur d’être vacciné avec le consentement d’un seul de ses parents. Pour les couples en discorde qui s’affrontent par l’intermédiaire de leurs enfants, cette disposition légale est d’une incroyable perversité, à l’image de l’action d’un mauvais chef et de la négativité du pouvoir qu’il cultive sur le terreau empoisonné du conflit et de la division. Toute société ainsi dirigée n’a aucun avenir, l’Histoire l’a montré.
Le pouvoir actuel se réfère avec duplicité aux Lumières dont il ne semble retenir qu’une forme culturellement appauvrie de despotisme éclairé. N’est pas Frédéric II de Prusse ou Catherine II de Russie qui veut. Si Voltaire revenait pour conseiller le monarque actuel, il s’arracherait la perruque en mesurant l’ampleur et probablement l’impossibilité de la tâche.