09 février 2021
Un petit hommage à Balthus
La traduction de mes textes (ici en portugais) est toujours, pour moi qui suis incapable d'apprendre une langue étrangère, une curieuse expérience. Il s'agit ici d'un hommage en forme de clin d'œil au peintre Balthus qu'on retrouve dans mon livre Le Grand variable, dans mon recueil bilingue La Jeune fille et enfin, dans cette même traduction, dans mon recueil publié l'été dernier Aux grands jours.
Romaines
En ce jour de grand soleil, mon ombre danse autour de moi, au seuil de la Villa Médicis.
Les chaussures des passants sur les marches du grand escalier martèlent un air connu de moi seul.
Je laisse mon orchestre intérieur organiser librement cette musique lorsque, dans une éblouissante clarté, mon ombre disparaît dans un envol de jeunes filles qui crient toutes : Balthasar ! Balthasar ! Ohé, Balthasar !
Romanas
Neste dia à torreira do sol, a minha sombra dança em volta de mim, no limiar da Villa Medicis.
Os sapatos dos transeuntes nos degraus da grande escada martelam uma moda só conhecida de mim.
Deixo a minha orquestra interior organizar livremente esta música quando, numa claridade deslumbrante, a minha sombra desaparece num levantamento de raparigas que gritam todas juntas : Baltazar ! Baltazar ! Olá, Baltazar !
(Traduction S. M.)
12:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le grand variable, éditinter, la jeune fille, orage-lagune-express, aux grands jours, club, christian cottet-emard, traduction, français portugais, france, portugal, hommage, balthus, peinture, villa médicis, rome, blog littéraire de christian cottet-emard, recueil, édition, balthasar kłossowski de rola, italie
21 janvier 2021
Interlude / Peinture
22:42 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, usa, amérique, andrew wyeth, blog littéraire de christian cottet-emard, interlude
11 janvier 2021
Hier comme aujourd’hui ! Et bien pire aujourd'hui :
« Pour comprendre l’attitude de certains critiques comme de certains éditeurs tant étrangers qu’italiens, il faut savoir qu’éditeurs et critiques sont fréquemment eux-mêmes des écrivains ; lorsque l’on sait cela, on s’explique mieux pourquoi certains écrivains et poètes de valeur ne sont jamais publiés ou sont mal publiés et ne voient jamais leurs livres exposés dans les vitrines des libraires. Et, quand l’éditeur n’est pas écrivain lui-même, il est toujours entouré par les soi-disant « lecteurs » qui sont des espèces d’éminences grises — « lecteurs » qui sont aussi des écrivains plus ou moins ratés et qui éprouvent instinctivement, inconsciemment, automatiquement, le besoin de laisser dans l’ombre tout ce qui possède une valeur réelle. Plus cette valeur est grande, plus on la laisse dans l’ombre ; et, par contre, ces mêmes lecteurs conseillent à l’éditeur qu’ils assistent tout ce qui est médiocre, dénué de valeur véritable, ennuyeux, tout ce qui se conforme aux lieux communs, aux modes, et au « soi-disant » goût du public, goût qui ne possède qu’une existence théorique. En ce qui concerne l’expression : écrivain raté ou artiste raté, il convient de ne pas oublier que je n’entends pas désigner par là un écrivain inconnu ou peu connu, pas plus que je ne fais allusion à une absence de réussite financière ; un écrivain — ou un artiste — peut très bien être très connu, gagner beaucoup d’argent et être tout de même un raté et, dans ce cas-là, il sent bien que ce qu’il fait ne mérite pas ce qu’il en obtient et, ainsi, il ne peut connaître aucune sérénité ni porter aucun jugement sincère. Moi qui suis le contraire par excellence d’un raté, je n’ai jamais éprouvé d’envie à l’endroit de personne, même du temps où j’étais inconnu ou peu connu et où je ne gagnais que peu ou pas du tout d’argent. Évidemment, lorsque je constate qu’un individu dénué de valeur est magnifié dans la presse et gagne beaucoup, je suis indigné; mais il n’y a là aucune envie : il ne faut y voir que mon sens de la justice. Tout comme je m’indigne lorsque je vois des artistes de valeur tenus à l’écart. »
- Giorgio de Chirico - (1888-1978) Mémoires, éditions Flammarion.
01:01 Publié dans Alliés substantiels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : blog littéraire de christian cottet-emard, citation, alliés substantiels, édition, reconnaissance, poésie, littérature, peinture, art, giorgio de chirico, mémoires, éditions flammarion