09 juin 2011
Je me souviens toujours du temps qu'il a fait
car rien d'autre ne m'intéresse vraiment. À l'école, déjà, mon attention se dispersait dans l'espace vide de la fenêtre à la moindre variation de ce ciel où je plongeais avec délice.
« Es-tu avec nous ? » s'énervait le maître.
Aujourd'hui, c'est pareil, sauf que je peux me payer le luxe d'ouvrir la fenêtre, y compris au bureau, lors d'une réunion avec des petits chefs.
« Êtes-vous avec nous ? »
Je ne réponds rien. Non, je suis contre vous mais je ne peux vous le dire de vive voix si je veux vous combattre avec efficacité. Sachez que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir vous combattre, individuellement, chacun à notre manière, chacun dans notre coin, par notre façon d'être et de vivre, mais tellement nombreux, de plus en plus nombreux ! Un tilleul m'envoie un signal tout odorant d'averse et d'éclaircie. Il existe encore, ce parfum, malgré la puanteur des usines et des voitures... La puanteur du monde industriel et marchand.
« Eh ! Vous ! » s'impatientent les petits chefs.
Presque toujours à mon insu, je pense à autre chose, à quelque chose qui n'a aucun rapport avec l'instant que les petits chefs essayent de confisquer, à quelque chose qui a si peu de consistance que j'aurais bien du mal à le nommer, à quelque chose de dangereux pour eux mais de si bon et nécessaire pour nous tous.
Extrait de mon livre LE GRAND VARIABLE, éditions Éditinter, 2002, épuisé.
01:00 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le grand variable, éditions éditinter, christian cottet-emard, temps, nuage, ciel, météo, usine, voiture, puanteur, industrie
02 juin 2008
Le vol nuptial de la pipistrelle
Quel dommage de n’avoir pas consacré ta vie à l’étude du vol nuptial de la pipistrelle
Mais comme te l’a souvent fait remarquer ton père tu n’as aucune patience il aurait fallu suivre en sciences naturelles et même en arithmétique seulement voilà
Tu tournais la tête vers la fenêtre avec vue sur le clocher même le glas une bonne partie de la matinée te semblait aimable comparé aux heures d’école
Ce soir de feuillage tendre les pipistrelles volent par deux parfois une troisième les poursuit
D’habitude la pipistrelle sort seule vole mange et se fiche pas mal du reste
Tu aurais pu décréter rien d’autre ne compte que le vol nuptial de la pipistrelle et je me fiche du reste tu serais devenu un spécialiste tes parents seraient fiers de toi tu ne serais pas un songe-creux
Comme tout est compréhensible ce soir
Si proche le monde des toits
Si nettes les vaguelettes des tuiles les cheminées sur fond de ciel mauve où gribouille comme sur une ardoise magique l’amoureuse pipistrelle
L’amoureuse pipistrelle bouche d’ombre de la non moins amoureuse phalène
© Éditions Orage-Lagune-Express 2008.
12:39 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pipistrelle, crépuscule, soir, ciel, phalène, poésie, blog littéraire