25 octobre 2017
Onzième poème du bois de chauffage
Ils retournent à l’état sauvage mes arbres fruitiers je n’ai ni le temps ni les compétences pour les en empêcher
J’ignore si l’on peut encore les rattraper ils me prennent de vitesse et Dieu sait que moi aussi je m’ensauvage alors pourquoi pas eux
Le pommier le poirier le cerisier et le prunier sont tout barbus il paraît que ce lichen qu’on appelle tabac de sorcière est signe de bon air
Le cerisier monte au ciel dans le vent il ressemble à un grand adolescent disproportionné qui fait le fou sous les nuages
Mais tous fleurissent avec insolence quand les frênes qui les encerclent et les affament sont encore nus
Bien que les arbres paraissent plus sympathiques que les humains je ne jurerais pas qu’ils soient moins avides
J’ai l’impression que mes arbres fruitiers sont en colère et qu’ils le disent avec leurs basses branches tordues noires et pointues juste au-dessus de ma tête
Je casse ces ramures et je les brûle comme bois d’allumage dans la cheminée pour que les petites flammes soient à mes yeux leurs fleurs ultimes
© Éditions Orage-Lagune-Express 2017
Photo : derrière ma maison
01:01 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bois de chauffage, forêt, campagne, jura, bois, ramures, frêne, brouette, poème, blog littéraire de christian cottet-emard, poèmes du bois de chauffage, estime-toi heureux, éditions orage lagune express, littérature, christian cottet-emard, septième poème du bois de chauffage, haut-jura, saison, automne, hiver, vent, textes sous copyright, droits réservés, notaire, poésie, grosse pierre, minéral, pierre, photographie, serrure, bricolage, rose, fleur, roses de septembre, stère, camion, benne, café, pommier, poirier, cerisier, prunier, état sauvage, lichen, tabac de sorcière, arbres fruitiers
17 octobre 2017
Carnet / Feuilles et pages aux quatre vents
Riche week-end de promenade dans la campagne lumineuse en compagnie des amis et la musique en prime avec deux concerts, le pianiste Alexander Paley vendredi et le claveciniste Olivier Leguay samedi. Beethoven, Tchaïkovski, Liszt, Rachmaninoff et Froberger le lendemain !
Je ne pensais pas connaître Alexander Paley avant son concert d’avril dernier et son nom tournait quand même un peu, assez étrangement, dans un recoin de ma mémoire.
Le mystère s’est dissipé lorsque j’ai retrouvé un enregistrement de 2002 dans ma discothèque, le concerto pour piano et orchestre de la compositrice américaine Sheila Silver (née en 1946) suivi de ses six préludes pour piano d’après des poèmes de Charles Baudelaire (CD Naxos). Le concerto date de 1996 et les préludes de 1991. Dans la nuit, j’ai longuement réécouté l’interprétation d’Alexander Paley, ce qui m’a permis de renouer avec ces deux œuvres dans lesquelles je n’étais pas vraiment entré à l’époque déjà lointaine où j’avais acquis le disque.
Lundi, petit déjeuner dehors, certes peu matinal mais dehors (!) sous les frênes qui laissent leurs feuilles au vent. Quelques papillons entrent dans la danse et tout miroite dans la brise aux parfums d’humus et de roses tardives. De telles journées d’arrière-saison consolent des mois de grisaille.
Il paraît que ces jours de lumière et de douceur exceptionnelles vont se prolonger un peu. J’en ai déjà pleinement profité hier lundi après-midi en ne faisant rien d’autre que siroter du café et fumer un bon cigare au milieu de la ronde des feuilles jaunes dans le ciel bleu.
Des gens me cherchent parfois querelle à propos de mes deux derniers livres. Ils ignorent à quel point, depuis des années, j’ai pris de la distance par rapport à mon activité d’écriture. J’écris désormais mes livres comme le pommier fait des pommes, comme le frêne abandonne ses feuilles aux quatre vents.
02:10 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, blog littéraire de christian cottet-emard, littérature, musique, concert, alexander paley, piano, olivier leguay, clavecin, épinette, sheila silver, christian cottet-emard, naxos, charles baudelaire, feuilles d'automne, pages, livres
10 octobre 2017
Dixième poème du bois de chauffage
C’est difficile de communiquer avec le type qui livre le bois de chauffage sous les gros nuages violets du petit matin
Non pas que je souhaite vraiment communiquer mais juste avoir l’air à peu près affable même si je n’ai pas encore bu mon premier café
Il a l’habitude de parler bref et fort à cause du bruit du camion et de la benne qui verse les onze stères mais moi j’ai été éduqué à articuler et à ne pas parler trop fort
On ne peut pas s’entendre
Lui il se lève tôt pour le travail moi je me lève tôt parce que je pense au temps qu'il reste et pour glander plus longtemps
On ne peut pas se comprendre
Une vague gêne comme un brouillard finalement ça nous arrange le fracas des bûches qui s’entassent
Et le malaise se dissipe quand je donne le chèque tout redevient normal jusqu’à l’automne prochain
© Éditions Orage-Lagune-Express 2017
01:14 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bois de chauffage, forêt, campagne, jura, bois, ramures, frêne, brouette, poème, blog littéraire de christian cottet-emard, poèmes du bois de chauffage, estime-toi heureux, éditions orage lagune express, littérature, christian cottet-emard, septième poème du bois de chauffage, haut-jura, saison, automne, hiver, vent, textes sous copyright, droits réservés, notaire, poésie, grosse pierre, minéral, pierre, photographie, serrure, bricolage, rose, fleur, roses de septembre, stère, camion, benne, café