19 avril 2016
Magic Printemps Circus
La nature parle aux amoureux. Pour les autres, elle a quand même sa petite musique.
Les bourgeons déjà là comme si tout ce qui s’était passé avant n’avait jamais existé.
Le vieil amoureux reprend le teint frais mais il est toujours aussi moche à l’intérieur.
C’est un grand romantique, excepté aux heures de repas.
Elle est très tendre quand elle a bien mangé.
Pourquoi les marronniers roses peuvent-ils fendre le cœur?
Le bonheur va vite, le malheur prend son temps.
Au printemps, il entend pousser les fleurs et ça l’empêche d’agir.
Il y a des jours où l’on donnerait n’importe quoi pour avoir un cœur de pierre.
Pour éviter d’être amer, mieux vaut se sucrer le bec.
Rien ne vaut un bon sandwich pour soigner un chagrin d’amour (pendant cinq minutes).
Un coup d’œil à sa montre lui indiqua qu’elle avait dû être amoureuse de lui à peu près trois quarts d’heure.
Quand le printemps sent trop le fauve, il se parfume à la violette.
Où est passé le vieux merle ? Hop, remplacé par un œuf !
© Éditions Orage-Lagune-Express 2016
00:31 Publié dans Magic Printemps | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : magic printemps, christian cottet-emard, printemps triste, littérature, brefs, proses brèves, instantanés, carnets, croquis, droits réservés, amoureux, merle, printemps, saison, sandwich, cœur, marronnier rose, violette, fauve, bourgeon, chagrin d'amour, recueil, poésie, humour, traits, circus, magie, prestidigitation, prestidigitateur, magicien, mélancolie, désenchantement
27 mars 2016
Mon poème de Pâques
Ténèbres et lumière de Pâques
Qui sort de l’enfance et se découvre mortel adoucit sa tristesse dans les Pâques
Même l’Office des Ténèbres est doux à l’écolier qui n’a pas peur de son église parce qu’il sent qu’elle est une maison et un vaisseau à sa mesure comme à celle du monde
Maison où l’on est libre d’entrer ou de sortir
Vaisseau du port ou du grand large ou voile blanche à l’horizon
Quel voile noir a pu peser si lourd sur la Terre ce vendredi? se demande l’enfant inquiet en entrant dans la nuit épaisse
Et quelle est cette attente en ce samedi perplexe jour silencieux sans cloches ?
Les voici revenues ce dimanche dans les flocons dans les pétales ou dans la folle joie du fœhn
L’enfant anxieux s'éveille alors le cœur délivré parce qu’il entend parler autour de lui en leur concert d’une étrange et prodigieuse victoire sur la mort dont il a vu passer s’étendre et fuir l’ombre provisoire
© Éd. Orage-Lagune-Express 2016 pour cette version
Photo : carillon à Porto (photo CC-E)
00:58 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : blog littéraire de christian cottet-emard, fête chrétienne, pâques, poème de pâques, culture chrétienne, occident, christian cottet-emard, poésie, hymne, éloge, office des ténèbres, église, vaisseau, maison, joie, fœhn, pétale, flocon, victoire, lumière, renouveau de l'occident, renaissance, espoir, attente, éditions orage lagune express, droits réservés
04 mars 2016
Carnet / Du ridicule en poésie
Les tics de langage et l’abus de clichés sont une caractéristique des très jeunes et des très vieux. Le magazine Télérama n’étant plus très jeune, on ne s’étonnera pas que ses rédacteurs et rédactrices qui, faut-il le rappeler, sont à l’origine de la contagion du ridicule adjectif jubilatoire, nous abreuvent de clichés à la mode. Le dernier s’étale majestueusement cette semaine dans le titre d’un article : « La poésie est un sport de combat » .
Voilà qui est en effet d’une bêtise jubilatoire car malgré qu’on puisse lire tous les jours cette ânerie sur Facebook, je ne sache pas que la poésie soit un sport et encore moins un sport de combat. Mais nous n’allons pas nous mettre dans tous nos états à cause du retour en grâce du collier de perle au sein de la rédaction de ce qui n’est quand même, ne l’oublions pas, qu’un programme télé.
L’ennui, c’est que chaque fois que la presse fait mine de s’intéresser à la poésie, elle la mitraille de clichés. Or, l’un des grands soucis de la poésie consiste en la traque du cliché (sauf si le poète l’emploie à dessein). Une fois de plus, on croit dépoussiérer alors qu’on ne fait que brasser la poussière en remplaçant un cliché vieillot (par exemple « la poésie est un jardin secret ») par un cliché branchouille (« la poésie est un sport de combat »). L’année dernière, à l’occasion de l’ineffable Printemps des poètes, j’avais entendu parler de brigades d’interventions poétiques et même de commandos du poème ! Sport, brigade, commando, combat, on renifle bien l’air du temps dans ce printemps des poètes qui ne sent pas la rose malgré son nom fleuri.
Personnellement, je n’aime pas beaucoup être qualifié de poète même si j’ai publié quelques recueils. Jean Tardieu m’avait confié qu’il n’aimait guère ce mot à la sonorité désagréable. Comment se sentir à l’aise lorsqu’on est désigné par un mot dont on ne goûte ni la musique ni le sens perverti depuis si longtemps, lorsqu’on est sans cesse réduit à l’image d’un rimailleur pour jeux floraux ou d’un faiseur de performances ?
Je me reconnais si difficilement dans ces postures peu flatteuses que je regrette d’avoir parfois participé à des lectures publiques et autres animations en librairies et en médiathèques, en particulier ces deux dernières années où j’étais assurément sous l’influence d’un maléfice pour avoir consenti à me ridiculiser de la sorte. Encore heureux que je me sois arrêté avant de toucher le fond du pathétique et du grotesque : le slam !
Photo CC-E
02:25 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, écriture de soi, autobiographie, prairie journal, blog littéraire de christian cottet-emard, poésie, printemps des poètes, slam, sport de combat, télérama, clichés, tics de langage, jubilatoire