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09 avril 2010

Envie de retourner flâner sur les Zattere

Se sentir plus proche d'un lieu qui permet l'art, ou tout au moins qui le considère, qui prend en compte son existence... Tel est le désir de Venise qui pimente mes jours d'attente et de stérilité. Cela tient d'un rêve construit de voyages réels et espérés que je peux transporter partout avec moi.3162.jpg

Mon désir de Venise s'est manifesté chaque fois qu'une porte tentait de se refermer sur une joie ou un espoir de beauté. Avant même d'entrer pour la première fois dans Venise, j'ai perçu des signes dès l'enfance. Des signes encourageants. Une invitation à ne pas perdre confiance. Une intuition. Une promesse qui serait tenue des années plus tard.

(Retrouvé dans un de mes carnets de voyages en Italie)

Photo : une de mes promenades vénitiennes préférées, sur les Zattere.

26 octobre 2009

Trois croquis vénitiens

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Venise : c’est dans la boîte !

Mes carnets regorgent de ratures, d’écriture bâclée, parfois de fautes. Il s’agit d’aller vite. L’important est de capturer l’idée, la sensation, avant qu’elles ne s’échappent. Pas le temps de bien écrire, de calligraphier, d’autant qu’en fixant quelque chose qui passe dans la tête ou qui remonte de la mémoire, on le fait souvent très mal installé.
Un jour, à Venise, j’ai posé mon carnet sur une des passerelles installées en prévision de l’alta aqua. Devant moi, je voyais l’eau du canal de la Giudecca déborder doucement sur le quai en un discret clapotis. Pattes de mouches, gribouillis, écriture sale. Qu’importe, c’est dans la boîte, dirait un photographe !

 

Venise et Pessoa
À la fin des années 70, Venise était une destination qui faisait ricaner. Pour les nombreux rescapés qui naviguaient encore dans le sillage du bateau 1968 rapidement parti à vau-l’eau, Venise n’était qu’un salon de thé défraîchi pour écrivains lâchés par leurs éditeurs, comtesses fardées, vieux beaux et adolescents réacs. Petit coup d’oeil dans le rétroviseur. Oui, c’était bien moi l’adolescent réac qui venait de claquer la porte du lycée en milieu de terminale, qui avait trouvé un boulot bien payé malgré le peu de compétence dont il pouvait se prévaloir et qui revenait à la récré cigare au bec pour annoncer à sa future épouse qu’il allait l’emmener à Venise !
Cette destination présumée ringarde dans l’esprit de certains barbudos d’opérette (l’un d’eux pondit sur le tard un bref et poussif essai « Contre Venise ») fut en réalité l’un des grands chocs esthétiques de ma vie, équivalent peut-être, en littérature, beaucoup plus tard, à ma découverte éblouie de l’immense et labyrinthique Fernando Pessoa.

 

Deux précieux
À la table d'un restaurant renommé où l'on peut goûter aux spécialités de la gastronomie vénitienne, j'attendais mes filets de Saint-Pierre Casanova dans leur sauce au vin blanc avec moules et crevettes. Survint alors un jeune couple aux manières des plus affectées. Les malheureux qui les servirent durent endurer sans broncher mille hésitations. Quant au sommelier, il avait dû embrasser, dans une vie antérieure, une carrière dans le corps diplomatique tant il avait supporté, impassible, les mines de connaisseur du jeune homme et les soupirs blasés de sa compagne. Pour finir, après une très théâtrale étude de la carte, ils avalèrent à toute vitesse ce qu'on leur avait spécialement préparé pour les satisfaire : deux steaks-frites bien saignants - ô barbares ! -

© Éditions Orage-Lagune-Express

Photo MCC

11:54 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : venise, voyage, italie, promenade

04 avril 2008

La roche merveilleuse

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Pour gravir cette colline tu as suivi un sentier rocailleux tu ne cherchais rien

De la poussière de terre des cailloux sous les semelles des brindilles des effluves de bois tendre rien d’autre

Le sentier s’est perdu dans les buis et tu t’es retrouvé dans le merveilleux parfum de leur fleur banale

Ce jour valait pour cet instant

Tu n’as pas vu d’animaux mais eux t’ont vu

Incapable de te débrouiller seul comme eux pour vivre ici contraint de rentrer dans le monde triste des hommes où chacun s’affaire à ce qui ne le concerne en rien

Où chacun mène une autre vie que celle entrevue un instant quand le sentier se perd dans les buis


© Éditions Orage-Lagune-Express 2008.