23 novembre 2020
Commerce
Les jours où tu te sens un peu plus que d’habitude un pauvre type tu rencontres le diable occupé à essayer d’acheter et de vendre tout un tas de trucs
Tu lui dis que finalement
Vu que que tu n’es pas sûr qu’il existe le diable
Vu que tu n’es même pas certain qu’elle existe cette fameuse âme tu pourrais pratiquer le troc la lui échanger contre quelque chose qui te fait envie ou plaisir
Mais le diable te répond mon pauvre ami que veux-tu que je fasse d’une âme comme la tienne qui va contre son intérêt si ça lui chante
Désolé mais ton âme n’a pas le profil que puis-je faire d’une telle âme qui s’amourache s’attache
Ton âme toujours à deux doigts de verser une larme en écoutant Salut d’Amour d’Edward Elgar
Ton âme plus elle vieillit plus elle aime
Ton âme plus elle pâlit plus elle préfère le rose et le vert tendres
Ton âme même pas grise à défaut d’être noire
Et le diable s’éloigne en haussant les épaules
Alors tu rentres dans l’église elle est déserte la musique d’orgue tombe comme une pierre sur les dalles séculaires lustrées par tant de pas qui ne laissent aucune empreinte
Tu donnes quelques pièces pour allumer la bougie d’une veilleuse et tu sors sous les étoiles qui brillent très loin et très haut telles des femmes inconnues
Extrait de mon recueil Poèmes du bois de chauffage (quatrième partie, La lune du matin et autres récits de l'homme invisible), © éditions Germes de barbarie et Christian Cottet-Emard, 2018.

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19 novembre 2020
Villanelle des promis (Extrait de : Aux grands jours, paru l'été dernier)

Le gamin raille les foudres des dieux mendiants
L'épicéa vacille où le pic les aborde
L'instant et le coquelicot courent le vent
Grande cymbale suspendue quitte ta horde !
L'œillet rit dans le pré à l'odeur de renard
Le drap claque aux coups d'air l'ombre tire la corde
Le gosse attache à l'heure un collier de pétards
Grande cymbale suspendue quitte ta horde !
Les genoux couronnés de racines de frêne
la fillette répond du ciel de sa marelle
Joue avec le tonnerre avant que je ne prenne
sa place dans ton heure au rang des étincelles !
© Club, 2020, et blog littéraire de Christian Cottet-Emard ISSN 2266-3959
Détails ici
En vente sur : https://www.amazon.fr/Aux-grands-jour...
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05 octobre 2020
La jeune fille aux sandales de sable
En vain la mer fait le voyage
Du fond de l'horizon pour baiser tes pieds sages.
Tu les retires
Toujours à temps.
- Léon-Paul Fargue -

La jeune fille pose le pied sur le quai désert. Elle est chaussée de tennis à la toile défraîchie par le voyage.
Dans un nuage des montagnes, l'autorail s'est enveloppé d'une pellicule de gouttelettes.
Maintenant qu'il ronronne à l'arrêt sous le soleil de la plaine, quelques irisations perlent encore à la surface de ses tôles et de ses vitres grasses.
Unique passagère à descendre dans cette gare, la jeune fille tire sa valise souple à roulettes à l'ombre d'un cèdre où elle a repéré un banc en ciment ébréché.
Elle repense aux jardins piquetés de Perce-neige qu'elle a quittés pour ce pays où mûrissent des citrons.
Cette pensée lui vient à la vue d'un lampadaire encore inexplicablement allumé dont le verre a la forme d'un citron mais dont la lumière inutile évoque la blancheur scarieuse des globes de Perce-neige.
Les dernières brumes du petit matin s'effilochent dans la chaleur.
La jeune fille jette un rapide regard autour d'elle, délace ses tennis et étend ses pieds moites dans un rayon de soleil. Lorsqu'ils sont secs et lisses, elle se rechausse à regret, se lève et tire sa valise à roulettes.
Elle traverse les voies puis marche un moment dans des rues encore vides.
Du haut d'un mur délabré, un chat la regarde passer en clignant des yeux.
D'un pas régulier, elle effleure la poussière sans prêter attention à son ombre le long des dignes façades rayées de persiennes. Parfois, les roulettes de la valise se bloquent en crissant sur du sable.
Bientôt, les murs des maisons perdent de leur superbe et l'ombre de la jeune fille s'étire contre une haute palissade de bois clair.
Apparaît une porte de bois lessivée par les intempéries et ornée d'un heurtoir en forme d'hippocampe.
La jeune fille frappe, ouvre la porte et cela provoque un courant d'air tiède qui dépose une fleur de sel sur ses lèvres.
Dès que la porte est refermée, une brise à peine plus fraîche l'enveloppe doucement.
Immobile, elle frissonne devant l'océan qui respire comme un gros chat endormi puis tire de nouveau sa valise sur un chemin de caillebotis.
Elle s'arrête pour enlever ses tennis dont elle lie les lacets pour les suspendre autour de son cou.
La brise marine vient apaiser ses pieds nus sur les lamelles de bois.
Un vendeur d'étoffes et de bimbeloterie s'écarte devant elle et lui conseille de prendre garde aux clous qui peuvent dépasser car, insiste-t-il, il n'est pas question de blesser et d'abîmer des pieds aussi fins et délicats qui ne sauraient se contenter de sandales de sable alors que de belles espadrilles jaunes, violettes, bleues ou rouges vraiment pas chères les protégeraient en beauté.
Heures, minutes, et secondes se dissolvent dans le temps spécifique des dunes.
Le vendeur, le chat qui cligne des yeux, l'autorail irisé, le voyage, tout est reparti au large.
Quant à la jeune fille, elle marche dans l'écume et éprouve une joie tranquille.
Elle ne s'étonne en rien de sa propre splendeur ni de celle du paysage maritime.
Elle pense juste, en regardant ses pieds, qu'à chaque flux et reflux, l'océan s'amuse à lui retirer ses sandales de sable.
Extrait de mon recueil récemment paru Aux grands jours.
Tableau : Seul à la plage - Hughie-Lee Smith, 1957.
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