16 avril 2021
HERMES BABY de Jean-Jacque Nuel
Hermes Baby, ma machine à écrire de Jean-Jacques Nuel. Éditions La Boucherie littéraire. 10 €.
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme... » ? Dans l’œuvre littéraire de Jean-Jacques Nuel, la réponse à la question d’Alphonse est oui.
Marques de leurs époques, les petites mécaniques de notre quotidien mènent la sarabande entre les lignes des nombreux livres de l’auteur désormais retiré dans la région de Cluny. La machine à écrire portative au nom qui fait rêver ne pouvait échapper à l’hommage de son propriétaire qui lui dresse un éloge plein d’esprit et de tendresse dans cet élégant et court recueil décrit par l’éditeur comme un livre-objet hybride à mi-chemin entre le carnet blanc et le livre imprimé.
Jean-Jacques Nuel se souvient qu’il avait à peine dix-sept ans lorsqu’il avait acheté cette machine : « Je lui avais donné le diminutif affectueux de Baby comme à une petite amie » . Comme dans bien d’autres livres de Nuel, c’est du rapport souvent décalé entre les rêves et les réalités mêlées de la vie et de l’écriture qu’il s’agit dans ce texte en forme de prélude à ceux de la deuxième partie du recueil. On y retrouve les figures de l’écrivain contrarié « entre les 4 murs de la littérature » où arrivent les lettre de refus. Procédons à un bref retour chariot annoncé par « le tintement clair de la sonnette » de Baby et relisons ces pages : « J’aurais dû m’inspirer de sa solidité, sa simplicité, sa fiabilité, sa fidélité, sa patience, son endurance, sa résistance, qualités indispensables pour un écrivain » .
Jean-Jacques Nuel sait de quoi il parle et, comme sa vaillante Baby, il n’a pas démérité.
Note / La machine à écrire portative Hermès Baby évoquée par Sébastien Siraudeau du journal Le Parisien :
Ultraportable ! Avec sa coque au toucher granité dotée d'une poignée rétractable, l'Hermès Baby — nommée aussi Poids plume ou Rocket Hermès — est la star des machines portatives du XXe siècle. Commercialisée en 1935 par le suisse Paillard, elle supplante Underwood sous les doigts des écrivains nomades, dont Ernest Hemingway. Les modèles des années 1950 « vert tilleul »(photo) sont les plus populaires. Elle sera fabriquée à plus de 4,5 millions d'exemplaires jusqu'au rachat de l'entreprise par Olivetti dans les années 1980.
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24 février 2021
C'est l'printemps qui s'amène !
Le printemps, c'est le Monsieur Loyal des saisons. Un beau parleur qui n'est pas dupe de son spectacle.
La nature parle aux amoureux. Pour les autres, elle a quand même sa petite musique.
Les bourgeons déjà là comme si tout ce qui s’était passé avant n’avait jamais existé.
Le vieil amoureux reprend le teint frais mais il est toujours aussi moche à l’intérieur.
C’est un grand romantique, excepté aux heures de repas.
Elle est très tendre quand elle a bien mangé.
Pourquoi les marronniers roses peuvent-ils fendre le cœur?
Le bonheur va vite, le malheur prend son temps.
Au printemps, il entend pousser les fleurs et ça l’empêche d’agir.
Il y a des jours où l’on donnerait n’importe quoi pour avoir un cœur de pierre.
Pour éviter d’être amer, mieux vaut se sucrer le bec.
Rien ne vaut un bon sandwich pour soigner un chagrin d’amour (pendant cinq minutes).
Un coup d’œil à sa montre lui indiqua qu’elle avait dû être amoureuse de lui à peu près trois quarts d’heure.
Quand le printemps sent trop le fauve, il se parfume à la violette.
Où est passé le vieux merle ? Hop, remplacé par un œuf !
(Petites vannes extraites de mes différents livres publiés ces dernières années. Le titre « C'est l'printemps qui s'amène » est emprunté à la Complainte des printemps de Jules Laforgue.)
Photo Christian Cottet-Emard
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09 février 2021
Un petit hommage à Balthus
La traduction de mes textes (ici en portugais) est toujours, pour moi qui suis incapable d'apprendre une langue étrangère, une curieuse expérience. Il s'agit ici d'un hommage en forme de clin d'œil au peintre Balthus qu'on retrouve dans mon livre Le Grand variable, dans mon recueil bilingue La Jeune fille et enfin, dans cette même traduction, dans mon recueil publié l'été dernier Aux grands jours.
Romaines
En ce jour de grand soleil, mon ombre danse autour de moi, au seuil de la Villa Médicis.
Les chaussures des passants sur les marches du grand escalier martèlent un air connu de moi seul.
Je laisse mon orchestre intérieur organiser librement cette musique lorsque, dans une éblouissante clarté, mon ombre disparaît dans un envol de jeunes filles qui crient toutes : Balthasar ! Balthasar ! Ohé, Balthasar !
Romanas
Neste dia à torreira do sol, a minha sombra dança em volta de mim, no limiar da Villa Medicis.
Os sapatos dos transeuntes nos degraus da grande escada martelam uma moda só conhecida de mim.
Deixo a minha orquestra interior organizar livremente esta música quando, numa claridade deslumbrante, a minha sombra desaparece num levantamento de raparigas que gritam todas juntas : Baltazar ! Baltazar ! Olá, Baltazar !
(Traduction S. M.)
12:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le grand variable, éditinter, la jeune fille, orage-lagune-express, aux grands jours, club, christian cottet-emard, traduction, français portugais, france, portugal, hommage, balthus, peinture, villa médicis, rome, blog littéraire de christian cottet-emard, recueil, édition, balthasar kłossowski de rola, italie