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24 février 2021

C'est l'printemps qui s'amène !

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Le printemps, c'est le Monsieur Loyal des saisons. Un beau parleur qui n'est pas dupe de son spectacle.

 

La nature parle aux amoureux. Pour les autres, elle a quand même sa petite musique.

 

Les bourgeons déjà là comme si tout ce qui s’était passé avant n’avait jamais existé.

 

Le vieil amoureux reprend le teint frais mais il est toujours aussi moche à l’intérieur.

 

C’est un grand romantique, excepté aux heures de repas.

 

Elle est très tendre quand elle a bien mangé.

 

Pourquoi les marronniers roses peuvent-ils fendre le cœur?

 

Le bonheur va vite, le malheur prend son temps.

 

Au printemps, il entend pousser les fleurs et ça l’empêche d’agir.

 

Il y a des jours où l’on donnerait n’importe quoi pour avoir un cœur de pierre.

 

Pour éviter d’être amer, mieux vaut se sucrer le bec.

 

Rien ne vaut un bon sandwich pour soigner un chagrin d’amour (pendant cinq minutes).

 

Un coup d’œil à sa montre lui indiqua qu’elle avait dû être amoureuse de lui à peu près trois quarts d’heure.

 

Quand le printemps sent trop le fauve, il se parfume à la violette.

 

Où est passé le vieux merle ? Hop, remplacé par un œuf !

 

(Petites vannes extraites de mes différents livres publiés ces dernières années. Le titre « C'est l'printemps qui s'amène » est emprunté à la Complainte des printemps de Jules Laforgue.)

Photo Christian Cottet-Emard

 

19 avril 2016

Magic Printemps Circus

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Les bourgeons déjà là comme si tout ce qui s’était passé avant n’avait jamais existé.

Le vieil amoureux reprend le teint frais mais il est toujours aussi moche à l’intérieur.

C’est un grand romantique, excepté aux heures de repas.

Elle est très tendre quand elle a bien mangé.

Pourquoi les marronniers roses peuvent-ils fendre le cœur?

Le bonheur va vite, le malheur prend son temps.

Au printemps, il entend pousser les fleurs et ça l’empêche d’agir.

Il y a des jours où l’on donnerait n’importe quoi pour avoir un cœur de pierre.

Pour éviter d’être amer, mieux vaut se sucrer le bec.

Rien ne vaut un bon sandwich pour soigner un chagrin d’amour (pendant cinq minutes).

Un coup d’œil à sa montre lui indiqua qu’elle avait dû être amoureuse de lui à peu près trois quarts d’heure.

Quand le printemps sent trop le fauve, il se parfume à la violette.

Où est passé le vieux merle ? Hop, remplacé par un œuf !

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 2016

 

23 octobre 2015

Billets d’absence de Jean-Jacques Nuel : un délire très contrôlé

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Le chaos règne mais c’est un chaos calme qui n’exclut pas la logique, celle de l’absurde bien sûr, comme une horloge aux rouages déréglés quand même capable de rythmer la vie de travers de son tic-tac cruel. La vie est insensée mais cohérente. Il n’empêche : le trait d’union d’un prénom glisse entre deux matelas, un infortuné est condamné à une longue peine de vie le jour de sa naissance, un explorateur de retour de voyage constate que sa maison a déménagé sans laisser d’adresse, un impôt institué sur le temps rend l’existence si coûteuse qu’elle en devient inabordable pour le commun des mortels. 

Rien n’est sérieux mais tout est tragique dans ces minuscules tranches de vie confinées dont les fêlures et les fissures dégagent paradoxalement la vue sur d’insondables immensités. Perdus dans un vertige d’immobilité et d’impuissance, les personnages et leurs péripéties dans un espace et dans un temps approximatifs y sont réduits à des épures, à des esquisses promises à l’effacement, à de pauvres ombres toutes prêtes à couler comme des taches d’encre sur un gigantesque buvard.

Jean-Jacques Nuel est coutumier de ces distorsions spatio-temporelles dont on retrouve la trace jusque dans sa bibliographie avec un recueil poétique miniature intitulé Immenses ! (Éditions Le Pré de l’âge, réédité au Pré Carré).

Marque de fabrique de l’auteur, les brèves proses de Billets d’absence s’inscrivent dans la lignée du précédent recueil, Courts métrages, mais sur un tempo plus rapide, plus percutant. La grande mélancolie de Jean-Jacques Nuel est ici mâtinée d’ironie affûtée, de rire jaune et d’humour noir, le tout servi par une écriture des plus classiques, ce qui produit un constant effet de décalage. Plus le délire prolifère, plus la phrase reste posée, mesurée. Le résultat est d’une redoutable efficacité. 

Si l’on devait imaginer une jaquette de couverture à la sobre édition de Billets d’absence, le recours à un tableau métaphysique de Giorgio de Chirico s’imposerait. En effet, certains titres introduisent souvent une atmosphère voisine de cette période du peintre, La solitude (un conférencier intervenant dans une salle déserte pour expliquer comment sortir de la solitude), L’obélisque horizontal (une étrange variation sur le dérèglement de la géométrie), Le milieu du monde (Joseph K. errant dans un train vide à l’arrêt au milieu de nulle part). 

Cette possible analogie avec la peinture métaphysique (on pourrait aussi convoquer à ce petit jeu René Magritte ou Paul Delvaux) n’est qu’une facette du recueil dont les brèves nouvelles et les récits instantanés peuplés d’antihéros suscitent non seulement la surprise et le rire mais encore l’empathie. Avec cette ambiance de catastrophe méticuleuse, nous sommes bien dans la vision nueliène d’un monde indéchiffrable nimbé d’échec récurrent et d’inquiétante étrangeté où les Billets d’absence ne nous dédouanent en rien de nos retards, fuites et contretemps dans des lieux aussi peu recommandables que La route 666 ne pouvant bien sûr conduire ailleurs qu’au Motel de l’Enfer puisque le Motel Paradis affiche complet. 

Jean-Jacques Nuel déploie dans ce nouveau recueil un concentré de son art narratif au service d’une vision du monde à la fois drôle et fataliste qu’on peut retrouver dans les précédents de cette série, Courts métrages (éd. Le Pont du Change) et Le Mouton noir (éd. Passage d’encres). On en redemande !

Billets d'absence, de Jean-Jacques Nuel, éditions Le Pont du change. 76 p. 12 €