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24 juin 2009

Notes le nez en l'air

Le vent très frais (nord-est) qui a ébouriffé les frênes toute la journée a faibli ce soir pendant que s’installaient des nuages lenticulaires. Ces nuages d'altitude en « piles d’assiettes » , soudainement immobiles, contrairement à ceux qui ont roulé du matin au soir en lourds convois gris, se sont en prime teintés des roses et mauves crépusculaires avant d’être à nouveau chassés par un coup de vent nocturne. La voûte céleste a réapparu dans un intense scintillement en raison de la très faible pollution lumineuse dans ce secteur du Haut-Jura. Aperçu deux fois depuis hier le renard que j’ai revu cette nuit trottiner sur la route en direction du village. Samedi dernier, je l’ai surpris sous le cerisier. Lorsqu’il m’a localisé, il a levé la tête et s’est tranquillement éloigné dans le champ d’à côté. Pourquoi s’approche-t-il souvent des maisons ces temps-ci ? Inutile de se poser la question. Déjà que je passe trop de temps le nez en l'air...

22 mai 2009

Jours et nuits de grand vent.

Dans le chemin, les anémones pulsatilles ont étiré leurs corolles en petits plumeaux qui capturent la rosée. On pourrait croire qu’il s’agit d’autres plantes, mais non, ce sont bien toujours les anémones. Elles se transforment pour mieux revenir identiques à elles-mêmes, dans un an. Pendant que les lilas enveloppent la maison de parfum, les jonquilles IMG_6071.JPGfinissent leur brève saison sur les hauteurs. Les narcisses, moins nombreux mais plus odorants, leur succèdent. Le grand pré derrière la maison m’a pris de vitesse et je me retrouve avec trois mille mètres carrés de foin. Plus question de parler de tonte mais de fauchage... Tout autour, les frênes, qui sont les derniers à dérouler leurs feuilles et les premiers à les perdre, s’ébrouent dans les courants d’air chaud. Certaines nuits, la lune semble poussiéreuse entre les nuages d’orage. Le feuillage tout neuf du tilleul filtre le halo du dernier lampadaire du village. Dans la zone sombre du ciel, quelques lointains éclairs. Effet de fœhn. Au printemps, ma grand-mère appelait ce phénomène « le vent foliéru » (le vent des feuilles) et en automne « le vent défoliéru » (le vent qui les enlève). IMG_6055.JPGEn ces jours et ces nuits de vie intense, dans les bourrasques joyeuses et parfumées, je l’entends : « tiens, voilà le vent foliéru ! »

Photos : jonquilles dans le Haut-Jura (photos MCC, mai 2009).

22 avril 2008

Œil de cyclone

 

1528153107.jpg

Ta mère a écouté les informations du bout du monde un ouragan a arraché les toits des maisons elle a peur en ces jours de grand vent dans son village tranquille de voir s’envoler son toit

 

Elle a peur de la nature en ce joyeux jour de vent qui fait danser les frênes

 

Et toi non tu ne t’inquiètes pas trop des vents d’ici car ils se contentent au pire de quelques tuiles

 

La nature ne t’effraie pas mais tu la tiens toujours à l’œil car il est inquiétant qu’elle puisse craindre l’homme

 

Tu as surtout peur de l’homme que la nature peut craindre

 

Un jour de promenade tu cherchais un vieux chemin et une clairière de ton adolescence mais le temps les avait perdus

 

Le chemin n’existait plus et un bois remplaçait la clairière

 

Alors que tu rampais dans les fourrés pour accéder à tes autres coins tu arrivas contre le vent et tu surpris une laie avec ses petits

 

C’est ainsi que la nature se signala à toi ce jour-là mais puisque tu la tiens toujours à l’œil rien de fâcheux ne survint

 

La laie et ses marcassins foncèrent tout droit bien loin de toi mais cela ne rassurerait pas ta mère pour autant si tu lui racontais cette histoire car les informations du bout du monde finissent par la persuader que sa maison et son village tranquilles sont dans l’œil d’un cyclone

 

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 2008.