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08 mars 2018

Septième poème du bois de chauffage

En mauvaise lune

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J’ai pensé que mon bois avait été coupé en mauvaise lune

 

En y songeant dans la voiture j’étais mal luné

 

J’ai aboyé contre un bénévole fluorescent qui bloquait la circulation à cause d’une course cycliste vous n’aviez qu’à partir plus tôt m’a-t-il répondu en m’expliquant par où je devais passer pour faire un détour de vingt kilomètres

 

Je lui ai répondu que je n’avais pas besoin d’un dessin car j’étais d’ici On dirait pas a-t-il sifflé à quoi j’ai rétorqué je le prends comme un compliment

 

Cet incident m’a au moins montré pourquoi je ne serai jamais un auteur local authentique

 

Parce que ce genre de type ne gueule pas contre les courses cyclistes et ne se fait pas refiler du bois coupé en mauvaise lune

 

Photo : la lune à ma fenêtre, récemment.

© Éditions Orage-Lagune-Express, 2018 

 

 

08 juillet 2017

Carnet

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La grande glissade dans l’insignifiance des saisons de spectacles à Oyonnax n’en finit pas ces dernières années, ce qui se confirme encore dans la nouvelle édition. Amateurs de culture classique, il vous faudra prendre la route, le train ou l’avion vers des contrées plus clémentes. En ce qui concerne la variété, on nous annonce une chanteuse qui se présente comme héritière de Véronique Sanson. C’est dire le niveau...

Cette vertigineuse dégringolade suscite des questions concernant les choix des spectacles et le fonctionnement du centre Aragon, notamment lorsqu’on constate qu’un intervenant, directeur d’une compagnie et associé à la programmation de la scène (on se demande bien pourquoi), produira deux spectacles. C’est ce qui s’appelle être juge et partie, une pratique digne des républiques bananières qui n’est peut-être pas interdite mais peu élégante, disons limite, et qui en dit long sur la dérive générale des usages en matière de programmation culturelle. C’était déjà le cas lors de la saison précédente. À cet égard, on a l’impression que le centre culturel Aragon, livré à la récurrente indifférence des décideurs locaux, navigue à vue, au gré des courants, ballotté entre les modes futiles, les nouveaux conformismes idéologiques et l'animation sociale, ce qui le rend évidemment vulnérable à l’entrisme d’intervenants parfois douteux ainsi qu’on l’a vu ces quatre dernières années et encore tout récemment à travers des conférences aux contenus ambigus et une résidence d’auteur qui s’est soldée par un fiasco retentissant.

On ne peut que s’attrister de cette situation quand on a connu l’espoir suscité en ses débuts par le centre culturel Aragon.

Lancer de Cochonou : ne circulez plus même s’il n’y a rien à voir

Si la culture redevient la cinquième roue de la charrette, tout roule pour le sport de masse. On refait même des routes spécialement pour le confort des cyclistes du Lancer de Cochonou. Moi qui avais choisi de me protéger de cette affligeante vision, je subis pour la troisième fois ce barnum depuis mon installation dans un petit village jurassien qu’il me sera interdit de quitter aujourd’hui samedi entre midi et 17h30.

Tout le monde hurle à la prise d’otage lorsque la légitime exaspération sociale se traduit par des grèves mais personne ne moufte lorsque la liberté de circulation et l’espace public sont confisqués au profit d’un sport dénaturé (pardon pour le pléonasme) dont la seule justification est le passage crapoteux d’une caravane publicitaire grotesque.

Burkini vs bikini : pas de trêve à la plage
En attendant de retrouver ma liberté de circuler, je peux toujours patienter en feuilletant la presse. Dans Télérama, le magazine que je ne continue de lire que pour savoir comment pense l’ennemi, je tombe sur la prose très politiquement correcte d’un de ces quadras que la rédaction a l’art de convoquer comme des experts en analyse de notre merveilleuse époque, un certain Christophe Granger, historien qui affirme doctement : Si le burkini a tant choqué, c’est qu’il contrevient à la norme estivale de la dénudation et de la visibilité du corps. Rien de plus ? Vraiment ? Ainsi ne devrions-nous pas nous en soucier plus que cela ?

Cette conclusion aussi courte qu’expéditive est heureusement nuancée en termes forts diplomatiques quand même par le philosophe Roger-Pol Droit dans sa chronique du journal Le Monde : Que « l’indifférence » envers le burkini soit la meilleure attitude me semble une profonde erreur. L’historien minimise l’affichage religieux produit par cette tenue, et le réduit presque à néant, sous le prétexte que des femmes qui la porte peuvent très bien penser à autre chose... Que le burkini ne puisse ni ne doive être interdit est une évidence. Mais il doit être critiqué, dénoncé, et donc combattu par le texte, l’image, la parole. À la différence du bikini, il me semble bien constituer un élément d’un puzzle idéologique, politique et religieux structuré.

Voilà qui a le mérite d’être dit, même avec une prudence un peu appuyée à mon goût, face au déni de réalité qu’on rencontre si souvent aujourd’hui chez cette génération d’intellectuels dont Christophe Granger est un parfait exemple.

Il importe à mon sens de considérer le port du voile et du burkini pour ce qu'il est : un message d’hostilité et de sécession qui nous est adressé à titre délibéré et permanent dans le cadre d'une stratégie de tension et de test de notre volonté de résistance.

 

15 octobre 2014

Bienvenue chez les « sains »

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Les signes annonciateurs ne manquent pas et s’expriment souvent à travers de petites phrases en apparence anodines que chacun d’entre nous, lorsqu’il affiche, exprime ou revendique une singularité, se prend en pleine figure, le pire étant que cela vient souvent de personnes parfois assez proches. J’ai déjà moi-même essuyé ce genre de réflexion qui peuvent paraître sans gravité mais qui sont, je le répète, révélatrices d’une inquiétante évolution de notre société. 

En me voyant fumer mes cigares, une personne de ma connaissance m’a déclaré qu’en tant que contribuable, elle n’avait pas à payer pour les frais consécutifs aux soins qui me seraient prodigués si je me retrouvais atteint d’un cancer. En réponse, je lui ai demandé si elle estimait qu’en tant que contribuable, j’étais fondé à payer pour le sauvetage en hélicoptère de l’alpiniste scotché à une paroi rocheuse ou perdu sur un glacier, si j’étais fondé à payer pour la chirurgie en faveur du torero encorné (bien fait pour lui), si j’étais fondé à payer pour l’hospitalisation d’un auteur bobo parisien qui s’est cassé en s’amusant à sauter d’un toit à l’autre, si j’étais fondé à payer pour mon voisin qui s’est tondu un orteil au lieu de confier l'entretien de sa pelouse à un professionnel, etc, etc...  

En tous cas, sous forme d’une petite anticipation, voici quelques aspects du monde que je vois émerger et dans lequel il ne va pas faire très bon vivre à mon avis. 

Plutôt que de pondre un énième article théorique sur cette question, j’ai choisi de remettre en scène Effron Nuvem, l’anti-héros de mon roman Le Club des Pantouflards. Je l’avais tué à la fin de ce court roman mais on peut considérer qu’il existe quand même un petit doute sur sa mort. Admettons qu’il s’en soit sorti et qu’il continue désormais de vivre dans la société déjà pas drôle où je l’avais fait évoluer en 2006. Rien ne s’est amélioré depuis, bien au contraire. 

Bienvenue dans le monde merveilleux d’Effron Nuvem (Fiction, pour l'instant...)

Effron Nuvem alterne de brèves périodes de travail et de longs mois de chômage. Il est régulièrement sommé par Pôle emploi de produire des preuves de sa recherche active de travail. À l’époque où il avait affaire à l’ANPE (Agence nationale pour l’emploi), celle-ci avait mandaté des officines privées pour contraindre Effron Nuvem à rendre compte de ces démarches à la fin de chaque semaine. Désormais, des contrôles impromptus sont effectués par des inspecteurs à son domicile, au cours desquels il doit pouvoir justifier sans délais de ses démarches. 

À l’occasion de ces contrôles inopinés, on s’assure qu’il n’a pas fumé dans son appartement, quitte à vérifier auprès des voisins s’ils n’ont pas senti une odeur de tabac ou aperçu des mégots dans les poubelles. Au vu de son physique grassouillet et peu musclé, on l’inscrit d’office à un stage d’initiation à la cuisine diététique. Si Effron Nuvem avait su, il n’aurait pas laissé traîner le paquet de chips qu’il a grignoté la veille en regardant la télé. Alerté par les chips, un inspecteur déniche une canette de bière remplie de mégots. Nuvem affirme qu’il a fumé lors d’une promenade en forêt et qu’il a rapporté les mégots dans cette canette pour ne pas les jeter par terre. L’inspecteur ne le croit pas mais ne peut pas établir la preuve qu’il a fumé à son domicile. Il se contente donc de lui signifier un rappel à la loi et une injonction de se faire aider pour arrêter de fumer. 

Estimant que Nuvem affiche une attitude négative et réprobatrice, l’inspecteur décide d’accentuer les contrôles. Il découvre qu’Effron Nuvem n’est pas en possession de documents désormais obligatoires en complément de ses attestations d’assurance. La loi oblige en effet désormais chaque citoyen à détenir au moins une licence du club sportif de son choix. Tout manquement à cette obligation de pratiquer un sport peut entraîner la suppression de l’assurance maladie et la radiation d’office des registres des mutuelles complémentaires. Fin du contrôle.

Dans son rapport, l’inspecteur préconisera pour Effron Nuvem un stage de remotivation à la recherche d’emploi, un stage d’initiation à la cuisine diététique, une remise à niveau dans une discipline sportive de son choix avec obligation de devenir licencié de l’association ou du club concernés. 

À titre facultatif en attendant les prochaines disposition légales, Effron Nuvem se verra proposer un accompagnement psychologique à l’arrêt de la cigarette, une adhésion gratuite d’un mois à un centre de remise en forme et l’attribution d’un vélo en location vente avec option d’achat pour des déplacements professionnels et des loisirs non polluants. Bien que ces dernières offres financées par la collectivité soient facultatives, il sera fortement conseillé à Effron Nuvem de les accepter pour témoigner de sa volonté positive d’intégration harmonieuse à la société et de son aspiration sincère et enthousiaste à la citoyenneté.

(À suivre... Hélas !)