17 juin 2024
Préface de mon roman LE CLUB DES PANTOUFLARDS (nouvelle édition)
Le Club des pantouflards est mon livre le plus politique. Il évoque la tentation de la dictature toujours nichée dans l'exercice du pouvoir mais plus grave encore, dans le consentement des consciences quelles que soient leurs opinions, de droite ou de gauche. Peu importe que la dictature soit de droite ou de gauche une fois qu'elle est installée. Elle ne se soucie alors que d'elle-même.
Dans ce petit roman, je parle de la dictature moderne, celle qui avance tout d'abord sous des masques variés (entre mille autres, la célébration de la tradition archaïque mais aussi le culte de la modernité et du progressisme, la chimère du retour à l'état de nature mais aussi le cauchemar de l'hygiénisme obsessionnel). De nos jours la dictature, par exemple celle de la pensée socialement correcte et de la vie saine, peut s'afficher derrière un sourire permanent comme on le voit dans les messages publicitaires et l'expression contrôlée voire policée des dirigeants politiques, mais il suffit d'aiguiser un peu d'esprit critique pour débusquer sous ce sourire obligatoire un rictus. Derrière cette grimace, c'est toujours la même volonté : imposer l'homme nouveau et, de cette manière, en finir avec le passé comme avec le futur pour ne vivre qu'un présent qui se voudrait éternel (« Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change » , déclare prophétiquement le jeune Tancredi Falconeri à son oncle Don Fabrizio Corbera, prince Salina, dans le roman Le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa).
Entre le début et l'inéluctable échec du projet totalitaire, s'ouvre et se ferme une parenthèse de souffrance, de mort et de désolation pour les corps et pour les esprits, jusqu'au cœur des destins individuels. De nombreux livres écrits par des auteurs érudits décrivent et analysent ce processus, alors comment un simple raconteur d'histoires comme moi peut-il prétendre s'y atteler à son tour ?
La réponse m'est venue à ma mesure, sous la forme de cette courte fable ironique et noire publiée pour la première fois en 2006. À cette époque, j'étais loin d'imaginer qu'à l'occasion d'une crise sanitaire, nous allions entrer un peu plus d'une décennie plus tard non pas encore dans une dictature mais dans un système qui peut être qualifié de post-démocratique avec tout ce que cela implique d'incertitude et d'angoisse concernant l'avenir des libertés publiques et individuelles.
CC-E
On peut déjà se procurer ce roman en vente par correspondance ici ou en le commandant directement à contact.ccottetemard@yahoo.fr
Pour les personnes d'Oyonnax et sa région, l'ouvrage est déjà disponible au kiosque de l'hôpital d'Oyonnax au prix de 10 € et peut être aussi demandé à la librairie Buffet d'Oyonnax.
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16 juin 2024
« Je suis toujours autobiographique, même si je me mets à raconter la vie d’un poisson. » (Federico Fellini)
Prairie journal (Carnets 2006-2016), 437 pages.
Sur un sentier recouvert (Carnets 2016-2023), 500 pages.
Pour les personnes d'Oyonnax et sa région, mes livres sont en vente à la librairie Buffet et au kiosque de l'hôpital d'Oyonnax. Ils sont aussi disponibles au prêt à la médiathèque municipale d'Oyonnax, centre culturel Aragon.
On peut aussi se les procurer en vente par correspondance sur Amazon ou en m'envoyant un mail : contact.ccottetemard@yahoo.fr
00:57 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, autobiographie, écriture autobiographique, récit, blog littéraire de christian cottet-emard, culture occidentale, individualité, individu unique et irremplaçable, fiction, narration, écriture, occident, autofiction, prairie journal, sur un sentier recouvert, orage-lagune-express, librairie buffet oyonnax, médiathèque municipale oyonnax
11 juin 2024
Un extrait de mon roman humoristique LES FANTÔMES DE MA TANTE
Une crise de flemme
La flemme me saisit comme le brouillard emmaillote parfois la maison de ses immenses mains pour la poser au milieu de nulle part et la laisser flotter si haut dans les airs que les globes opalescents de l'éclairage public finissent par s'éloigner comme de petites planètes mortes.
J'ai connu de tels accès dès l'école maternelle, ce qui me vaut encore aujourd'hui une réputation de paresseux. Je pense pourtant que personne ne peut accéder au rang de pur paresseux. Un authentique paresseux serait une curiosité, une chimère, une merveille de la nature, une créature parfaite, mais jamais on ne verra un tel prodige puisqu'il refuserait tout simplement de sortir du ventre de sa mère. On peut certes s'approcher d'une telle perfection mais cela demande du travail et le travail est la malédiction de l'humanité.
Je m'étais enfin décidé à suivre le conseil de Pelham, à me précipiter chez la fée Clochette pour lui présenter mes excuses, mais elle n'était pas là. À l'évidence, je ne m'étais pas assez vite précipité. Si vous tenez absolument à vous précipiter, ne mettez pas trois jours à vous décider, c'est trop ; un jour suffit voire quelques heures si vous êtes un rapide. Un vieux voisin m'indiqua que la fée Clochette était partie en tournée pour une semaine, peut-être plus, pour défiler entre deux fanfares avec sa troupe d'échassiers dans les rues mal éclairées de quelques bourgades endormies. Je me disais qu'il était sans doute temps de lui faire la surprise de ma nouvelle opulence pour la délivrer de ce travail mais peut-être valait-il mieux attendre encore un peu. D'ailleurs, il est plus souvent urgent d'attendre qu'on ne le croit. Je rentrai donc chez moi pour me livrer à cette absence d'occupation.
Pelham et Miss Punket avaient déserté les lieux, ce qui me causa tout de suite un préjudice certain en ce qui concerne le service et la cuisine. J'en étais de nouveau réduit, comme dans mon ancienne vie besogneuse et solitaire, à me confectionner des sandwichs au thon en boîte avec de la mayonnaise en tube. Lassé d'avoir à les préparer moi-même, je finis par acheter des sandwichs tout prêts emballés dans des barquettes en plastique. Leur goût bizarre et leur consistance donnaient l'impression de mordre dans des éponges contenant des résidus de vaisselle.
Quant au service, juste un exemple : lorsque Pelham me servait le thé de l'après-midi et le café du petit déjeuner, je n'avais pas besoin de tourner la cuiller dans la tasse et dans le bol pour dissoudre le sucre puisque le consciencieux valet de chambre s'était préalablement acquitté de cette mission. J'avais donc renoncé sans peine au thé, même allongé de whisky, mais pas au café du matin dont la première gorgée me faisait grimacer parce que j'oubliais toujours que Pelham n'avait pas tourné la cuiller et que de ce fait, c'était comme si le café n'était pas sucré.
Heureusement, effectuer un point rapide me permit de trouver une astuce pour remédier à ce désagrément et à la fatigue supplémentaire que je ressentais à tourner la petite cuiller. Il me suffisait d'utiliser une cuiller à soupe pour mélanger le sucre à mon café matinal, ce qui me faisait gagner un certain nombre de tours de bol.
En matière d'énergie, il n'y a pas de petites économies, surtout au saut du lit (encore que le mot saut soit excessif pour qualifier ma manière de me lever. Je ne peux pas dire que je me réjouissais de cette situation. Seul le chartreux semblait goûter cette apathie qui m'aspirait comme en sont capables certains fauteuils profonds et mous, même s'ils sont bancals. Le matin, c'était lui qui me réveillait avec son haleine chargée et ses vibrisses qui me chatouillaient le nez et le menton.
Extrait de mon roman Les fantômes de ma tante, paru en février dernier.
En vente par correspondance ici ou en m'envoyant un mail : contact.ccottetemard@yahoo.fr
Pour les personnes d'Oyonnax et sa région, ce livre est en vente à la librairie Buffet d'Oyonnax et au kiosque de l'hôpital d'Oyonnax. Il est aussi disponible au prêt à la médiathèque municipale d'Oyonnax, centre culturel Aragon.
22:16 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les fantômes de ma tante, roman, humour, christian cottet-emard, orage-lagune-express, littérature, blog littéraire de christian cottet-emard, fée clochette, pelham, antoine morasse, roman humoristique, flemme, chat, café