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21 février 2013

Petit déjeuner au croissant de lune (avec un salut à Gabriel Guy)

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Saisissant l’opportunité d’un tel spectacle, le noctambule qui se trouvait être un poète trempa cérémonieusement le croissant de la lune dans son café au lait, l’aube naissante.

(Extrait de Demi-songes, 1979, épuisé.)

Vignette : Petit déjeuner avec croissant de Gabriel Guy.

Ce texte intitulé Petite scène dans son édition première, datant de 1977 ou 1978, a été publié dans mon premier recueil de poèmes, Demi-songes, sorti en 1979. Le fond est aussi léger que la forme alourdie d’adverbes mais il fut écrit voici trente-cinq ans ! À moins de vingt ans, je n'avais pas encore été présenté au peintre Gabriel Guy que je connaissais pourtant de nom.  Bien plus tard, dans son atelier, j'eus plusieurs fois l'occasion de m'arrêter devant un de ses tableaux, le petit déjeuner avec croissant que je ne résiste pas au plaisir de faire cohabiter avec ce texte de jeunesse, en souvenir des moments amicaux passés avec Gabriel Guy qui vient de nous quitter. (J'ai aussi un goût prononcé « alimentairement incorrect  » pour les croissants et autres viennoiseries, surtout les croissants !)    

18 février 2013

Gabriel Guy (avril 1925-février 2013)

 

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En hommage à Gabriel Guy, récemment disparu, un des textes que j'ai eu le plaisir d'écrire à propos de sa peinture, en souvenir de ce grand artiste et de ce grand vivant.

Gabriel Guy
à la fenêtre de notre temps

L'apparition des objets dans la peinture de Gabriel Guy ne date pas d'hier. Depuis le printemps de l'oeuvre, ils peuplent l'espace de la toile, tour à tour complices, facétieux, énigmatiques ou inquiétants mais surtout peu enclins à se contenter, dans l'univers du peintre, d'un improbable statut de nature morte.

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Gabriel Guy peint la vie ; et les objets, ceux du quotidien, la jalonnent. Mais il faut dire plus. Gabriel Guy peint la vie d'aujourd'hui, la vie de son époque, et qu'arrive-t-il en cette fin de siècle ? Un inquiétant prodige. Ce qu'on a d'abord considéré comme un progrès : un amoncellement d'objets, leur multiplication en série qui suscite désormais une vague stupeur.

La ronde familière d'objets parfois farceurs qui rythmait des tableaux déjà anciens s'est accélérée en une farandole puis en un tourbillon dans lequel l'homme perd peu à peu ses marques.

Spirale infernale ? Gabriel Guy, peintre du mouvement, ne pouvait passer à côté du thème. Il le traite certes depuis les premiers âges de sa peinture dans des toiles qu'on dit résolument "figuratives" où, par exemple, une motocyclette reste une motocyclette mais où, déjà, la peinture prend l'engin de vitesse pour n'explorer bientôt que son mouvement, son virage, sa trajectoire.

Dès cet instant, les colleurs d'étiquettes retournent leurs vestes. La peinture de Gabriel Guy deviendrait "abstraite" ! Ont-ils bien regardé ? La figure, le sujet et l'objet ne se sont point évaporés dans le désert d'un "monochrome" ou emberlificotés dans les filaments et les coulées d'un pot de couleur renversé... Ils sont toujours là, derrière des voiles et dans des circulations certes de plus en plus complexes mais toujours présents au regard ouvert et attentif.

Indifférent aux modes dans ce monde fou de normes, Gabriel Guy perturbe les embaumeurs de l'art, les très provisoires archivistes des nouveaux conformismes (je veux dire de certaines avant-gardes.) Il dérange aussi les geôliers d'un ordre ancien qui refusent d'autres avant-gardes quant à elles nécessaires.

Mais ne nous égarons pas plus longtemps dans cette éternelle querelle entre les cornacs d'une modernité aussi vite défraîchie qu'auto-proclamée et les sentinelles d'une tradition momifiée.

L'art de Gabriel Guy est, de toute façon, absent de ce terrain. Sachons le rencontrer là où il sépanouit et où il nous épanouit : dans l'univers que nous habitons, dans la plénitude et la dynamique de cet instant où l'espace d'un tableau particulier rencontre le temps universel, cet espace et ce temps où l'homme trace ses lignes.

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Ces lignes de force, ces lignes de fuite ont traversé des paysages, des figures de femmes et d'hommes (oui, l'humain est aussi paysage) et le peintre, emporté dans sa course, est arrivé aux portes de la ville. En artiste aux prises avec son temps, il s'est engagé dans cet incontournable mouvement au coeur duquel il faut, pour reprendre ses mots échangés avec lui dans l'atelier, "avancer", "foncer". Il a peint les "Villes tentaculaires" telles qu'elles se dévoilent à notre fascination puis les autoroutes, les rocades et les échangeurs tels qu'ils s'enroulent autour de l'homme qui les a voulus et construits.

Où est-il, l'homme ? Il n'a pas disparu. Il a changé de place. Il a fait danser les objets et maintenant, ce sont les objets qui l'entraînent dans la ronde. Désormais, il fait corps avec eux. L'homme a mis le doigt dans l'engrenage et il a peur. Peur de devenir un objet.

L'histoire de ce siècle est liée aux objets. Les artistes la racontent et, souvent, la devancent. Gabriel Guy est l'un d'eux. Il nous raconte l'objet complice, l'objet qui nous échappe et l'objet qui nous submerge. Il nous raconte avec des lignes et des couleurs la folle histoire de l'objet que nous créons pour nous servir mais qu'aujourd'hui nous servons, emportés par les rouages d'un engrenage apparu dans les toiles les plus récentes.

Ce thème qui lui ouvre de vertigineuses perspectives succède de peu à des oeuvres accouchant d'une inquiétante créature : "l'homme-machine". Dans la vallée industrielle qu'il habite et dans laquelle il s'est donné les moyens d'un regard distancé, seule condition pour accéder à une vision synthétique de la réalité qu'il peint, Gabriel Guy sait de quoi il parle. "L'homme-machine" existe et il nous pose une question tout à la fois effrayante et brûlante d'espoir au milieu de nos chaînes, de nos engrenages et de nos voies dites de "communication", une question que Charlot posait déjà dans le film "Les temps modernes" par la seule grâce de ce qui fonde son humanité, autant dire son instinctive incapacité à se confondre avec la machine. Cette question recouvre aujourd'hui dans tous les domaines où l'homme agit, et plus encore dans celui de l'art, un enjeu crucial : comment rester un homme ?

Quelle joie violente peut nous apporter la réponse d'artistes de la trempe de Gabriel Guy, postés l'oeil neuf à la fenêtre de notre temps !

Illustrations 1 : Gabriel Guy dans son atelier en 2000. 2 : Une des « unes » que j'ai réalisées sur Gabriel Guy pour la presse quotidienne dans les années 80. 3 : Un de mes essais sur la peinture de Gabriel Guy (éditions Orage-Lagune-Express).

16 février 2013

Critiques récentes

Dragon, ange et pou, de Christian Cottet-Emard

Un article de Christine Bini sur La Cause littéraire.

Un article de Jean-Pierre Longre sur son blog.

Un article de Odile Bonneel dans InterCDI 241 :

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Extrait : « Si l’organiste Edgar Portevent avait pu accéder à la tribune de l’orgue en cette belle journée du mois d’août, il aurait vu monter vers lui les regards horrifiés du curé, de sa femme de ménage, cuisinière et grenouille de bénitier, la vieille Jacinthe, du maire, de son premier adjoint, le pharmacien Adolphe Hénol, du garde champêtre, d’un petit groupe de pompiers professionnels et de gendarmes bientôt rejoints par le patron des établissements Cafardo (désinfection et dératisation). Mais on avait pris soin d’interdire l’accès à l’abbatiale dont l’orgue donnait aujourd’hui un affreux spectacle. »

 

Un pou sur un orgue, un bébé dragon dans le bois de chauffage, un ange qui aide à sortir les poubelles, face à ces situations insolites, les réactions des êtres humains sont encore plus bizarres... Dans ces trois nouvelles alliant humour et fantastique, où le comique se teinte parfois d’une légère mélancolie, Christian Cottet-Emard se révèle un ingénieux raconteur d’histoires.

 

Un recueil de 80 pages, format 11 x 18 cm. 12 €. ISBN 978-2-9534259-7-0

BON DE COMMANDE

Pour les oyonnaxiens, le livre est disponible à la Maison de la presse et à la librairie Buffet.