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25 mai 2014

Cinq minutes et l’éternité

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Se douchent en cinq minutes

S’habillent en cinq minutes

Déjeunent en cinq minutes

Font la vaisselle en cinq minutes

Sont prêts en cinq minutes

Partent en cinq minutes

Sont opérationnels efficaces performants productifs en cinq minutes

Réagissent en cinq minutes

Ne restent aux toilettes que cinq minutes

Pigent en cinq minutes

Résolvent un problème en cinq minutes

S’adaptent en cinq minutes

S’activent en cinq minutes

Meurent

Sont oubliés en cinq minutes

Pas grave

Se sont oubliés eux-mêmes

Mais qu’ont-ils fait le reste du temps ?

 

(Extrait de Poèmes de Preben Mhorn) © Éditions Orage-Lagune-Express

08 mai 2014

Carnet / Un déchet lourd de sens

Aujourd'hui 8 mai, je reprends cet objet  (plutôt ce déchet) que j'ai toujours vu chez mes grands-parents depuis ma plus tendre enfance. Ils le conservaient sur le marbre de la cheminée. Il s'agit d'un éclat d'une bombe de la seconde guerre mondiale retrouvé sur le toit de la maison après un bombardement. Sur le détail de la photo, on distingue un nombre, sans doute un numéro de fabrication ou de série. L'industrie est méticuleuse, y compris l'industrie de la mort.

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Lorsque la maison de famille a été vendue après la disparition de ma grand-mère, j'ai hésité à récupérer cette lourde pièce de métal rouillé et déchiqueté à manipuler avec prudence tant elle est redoutablement coupante. Finalement, j'ai choisi de garder cet éclat de bombe dans un placard au lieu de le placer en vue comme un bibelot.

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Je n'ai pas envie de l'avoir toujours sous les yeux mais je ne souhaite pas pour autant m'en séparer car je trouve que cette chose « parle ». Cet objet sinistre parle du travail, de l'industrie, de la performance, de la concurrence, de l'usine, de l'économie, de la politique. Cette chose n'en finit pas de parler de la façon dont l'homme a choisi d'être au monde.

Photos : j'ai disposé l'éclat de bombe sur une assiette pour indiquer sa taille. Sur le toit de la maison, il y en avait d'autres beaucoup plus petits qui ont aussi été conservés.         

02 mai 2014

Du sport comme instrument de contrôle social et de préparation à la guerre

À lire ici , la totalité de l'article

Extraits :

Le sport mobilise et prépare la guerre

« Le sport, en tant que rouage de la société capitaliste fut également un des moyens privilégiés de la classe dominante pour développer le patriotisme, le nationalisme dans les rangs ouvriers et la discipline militaire. C’est ce que nous avons évoqué avec les premiers jeux Olympiques. Si en marge s’est développé un courant hygiéniste – sous l’impulsion, par exemple, du docteur Ph. Tissié (1852-1935) – soucieux de la santé de la population plus ou moins en lien avec la mode eugéniste, le sport a surtout servi à renforcer l’esprit de compétition et à préparer la guerre. En Allemagne, Ludwig Jahn allait fonder en 1811 le “Turplatz” (club de gymnastique) dans un esprit patriotique et militaire marqué. Il va réussir clandestinement à créer une véritable armée de réserve destinée à contourner la limitation des effectifs militaires imposée par l’Etat français. Dans les années 1860, l’institution scolaire va militariser la gymnastique et inculquer “l’ordre et la discipline” (zucht und ordnung).

En France, il en allait de même avec une culture militariste chauvine. L’Union des sociétés de gymnastique de France était créé en 1873. Et, ce n’est pas un hasard, se développait en même temps le tir comme discipline complémentaire (fondation en 1886 de l’Union des sociétés de tir en France). Le 26 juin 1871, Gambetta déclarait déjà ceci : “il faut mettre partout, à côté de l’instituteur, le gymnaste et le militaire” pour faire “œuvre de patriotes”. »

Une citation de Jules Ferry qui s'adresse à de très jeunes sportifs :

" Sous l’apparence d’une chose bien amusante vous remplissez un rôle profondément sérieux. Vous travaillez à la force militaire de demain”.

Cette “force militaire de demain”, avec l’ensemble des sportifs formés, c’est celle qui va servir de chair à canon dans la grande boucherie de 1914. Ce qui permet au directeur de “l’Auto”, Henri Desgranges, de déclarer le 5 août 1914 avec légèreté et cynisme : “Tous nos petits troupiers qui sont en ce moment à la frontière pour défendre le sol de la patrie ne vivent-ils pas, à nouveau, des impressions déjà vécues, lorsqu’ils étaient aux prises avec l’adversaire dans les compétitions internationales ?” »

Du sport comme instrument de contrôle social

« Pour le patronat à l’esprit paternaliste, récupérer l’activité physique ouvrière pour la détourner à son profit devenait rapidement un souci majeur, notamment dans la grande industrie. Le baron Pierre de Coubertin lui même était affolé par l’idée d’un “sport socialiste”. Dès lors, pour renforcer la soumission à l’ordre établi, le sport devenait un des outils majeurs à disposition. C’est ainsi que les patrons allaient créer des clubs dans lesquels les ouvriers étaient conviés de s’impliquer. Les clubs des mines en Angleterre, par exemple, permettaient de stimuler l’esprit de concurrence entre ouvriers, d’empêcher les discussions politiques et contribuaient à briser les grèves dans l’œuf. »