26 juin 2020
La grande traversée
Les poèmes sont des bateaux en papier
Des enfants mais aussi des adultes sérieux les envoient naviguer dans les bassins des parcs municipaux
Comme les caravelles ils connaissent la vaste aventure de toute traversée
L’employé qui nettoie les bassins est mécontent de cette habitude salissante
mais il accroche de sa perche bien d’autres débris que ces éphémères papiers pliés
et cette idée que des adultes sérieux puissent armer ces frêles esquifs finit par lui sourire
sans qu’il prenne le temps de s’expliquer pourquoi
Extrait de mon recueil Estime-toi heureux © éditions Orage-Lagune-Express 2020. Photo Christian Cottet-Emard.
00:49 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : © éditions orage lagune express, estime-toi heureux, christian cottet-emard, poème, poésie, blog littéraire de christian cottet-emard, poèmes de preben mhorn, bateaux en papier, parcs municipaux, bassin, fontaine, poisson, parc rené nicod, oyonnax, ain, haut-bugey, rhône-alpe auvergne, france, europe, traversée, aventure, voyage, caravelle, rêve, empreinte électronique n°, office notarial m, archive n°, dépôt, antériorité
10 juillet 2014
Comme les types en imperméables dans les films des années 70
Mon chagrin est monté dans la voiture comme un auto-stoppeur d’habitude je ne prends jamais d’auto-stoppeur mais celui-ci avait l’air inoffensif et dans les ennuis
Il s’est d’abord assis sur la banquette arrière mais je sens bien qu’il préférerait s’installer à l’avant «laisse-moi donc le volant» me dit-il
Je le vois m’observer dans le rétroviseur et attendre que je lui donne du « Mon chagrin » comme on donne du « Monsieur ou Madame »
Il n’est pourtant pas mon chagrin car en réalité je lui appartiens et c’est pour cela qu’il veut conduire la voiture
Je ne comprends pas grand-chose au fonctionnement de la voiture cela ne m’empêche pas de la piloter mais lui mon chagrin a vite compris comment je fonctionnais pour me conduire
Il pue je me méfie de lui il ruse un jour il s’est transformé en fauteuil soi-disant pour m’être agréable
Certes un fauteuil bancal mais on finit toujours par réussir à s’asseoir à peu près confortablement dans un fauteuil bancal
Je ne suis pas dupe des tours de mon chagrin qui est tenace et malin comme le diable
Je continue de conduire la voiture et je repère des petites routes puis des chemins dans la forêt « où on va ? » s’inquiète-t-il « quelle idée de quitter la nationale ? »
L’idée c’est de rouler vers une clairière noyée de pluie d’immobiliser la voiture de lui dire de descendre se dégourdir un peu les jambes d’arriver derrière lui et de lui flanquer une balle dans la nuque comme le font les types en imperméables dans les films policiers des années 70
(Extrait de mon recueil Poèmes de Preben Mhorn) © Éditions Orage-Lagune-Express
14:52 Publié dans Poèmes de Preben Mhorn | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : chagrin, poème, littérature, poésie, imperméable, balle dans la nuque, arme à feu, voiture, film policier, années 70, cinéma, christian cottet-emard, blog littéraire de christian cottet-emard, poèmes de preben mhorn, droits réservés, copyright, éditions orage lagune express, lézard, auto-stop, auto-stoppeur
07 juillet 2014
Par pluie comme par beau temps
Dans le Jura français où j’habite il fait tellement mauvais qu’il faut allumer même en été si l’on veut prendre le café à l’aube
Un scientifique et un agriculteur me disent chacun dans leur langue et sans jamais s’être rencontrés que je suis un irresponsable de ne pas aimer les étés pourris
« Le beau temps est une anomalie climatique » m’explique le premier
« Tu préfères peut-être sucer des cailloux comme au désert » m’engueule le second sans prendre la peine d’arrêter le moteur de son tracteur assourdissant et puant
Le pire c’est qu’ils ont tous les deux raisons ils savent de quoi ils parlent
Mais ce qu’ils ne savent pas ou qu’ils ont relégué sur une voie de garage de leur cerveau c’est qu’être irresponsable est l’un des plus rares et des plus brefs plaisirs de la vie
Je pense à la réplique de Pialat en les regardant «Vous ne m’aimez pas je ne vous aime pas non plus»
Pas grave
Nous savons tous que nous ne sommes pas sur la planète Terre pour nous aimer les uns les autres mais juste pour
Nous maintenir en vie le plus longtemps possible et
Par pluie comme par beau temps éviter la dépression
Photo : l'été jurassien dans toute sa splendeur vu de chez moi en ce mois de juillet
(Extrait de Poèmes de Preben Mhorn) © Éditions Orage-Lagune-Express
01:56 Publié dans Poèmes de Preben Mhorn | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poèmes de preben mhorn, fiction, littérature, note, journal, pluie, beau temps, climat, été, été pourri, saison, dépression, pialat, maurice pialat, cinéma, sous le soleil de satan, palme d'or, cannes, blog littéraire de christian cottet-emard, campagne, jura, tracteur, agriculteur, scientifique, irresponsable, plaisir, vie, anomalie climatique, couvercle, ciel bas, dépression saisonnière, planète terre, été jurassien