01 mai 2019
Carnet / La parenthèse des jardins
Être parfois qualifié d’auteur des bois et des champs m’a d’abord flatté et amusé. Cependant, à y réfléchir un peu plus, je ne me reconnais pas tant que cela dans cette image qu’on me renvoie.
Je me sens bien sûr souvent assez proche des éléments, de mon environnement campagnard auquel j’ai un rapport un peu romantique car sur bien des aspects, je suis un homme du dix-neuvième siècle.
Mais je sais surtout que la nature passe son temps à défaire ce qu’elle fait, à donner la vie et à la reprendre. Je ne peux m’empêcher de penser que la nature n’a d’autre but que de nous menacer et de nous nuire à seule fin de faire tourner le moteur de sa grande machine lancée dans sa course folle, dans sa mystérieuse fuite en avant, même si elle nous gratifie tout autant de plaisirs qui n’existent que par notre conscience.
Pendant la plus bucolique de mes promenades, j’ai toujours un œil aux aguets, je regarde sans cesse derrière moi, je veille en permanence à ce qui pourrait surgir à l’improviste, à ce que je pourrais rencontrer, qu’il s’agisse d’un animal à peu près inoffensif ou de la plus dangereuse des créatures : un être humain.
Heureusement, la nature sait aussi permettre aux pauvres animaux effrayés et ignorants que nous sommes de reprendre haleine, nous donner un peu d’apaisement lorsqu’elle consent à nous laisser ouvrir la parenthèse des jardins.
Photo : L'an dernier dans mes lilas qui avaient donné une floraison plus abondante que cette année.
01:42 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, autobiographie, blog littéraire de christian cottet-emard, nature, campagne, bois, champs, promenade, jardin, éléments, environnement, romantisme, dix-neuvième siècle, moteur, machine, fuite en avant, mystère, plaisir, conscience, animal, danger, être humain, créature, apaisement, parenthèse, christian cottet-emard, parenthèse des jardins, menace, reprendre haleine, lilas
07 juillet 2014
Par pluie comme par beau temps
Dans le Jura français où j’habite il fait tellement mauvais qu’il faut allumer même en été si l’on veut prendre le café à l’aube
Un scientifique et un agriculteur me disent chacun dans leur langue et sans jamais s’être rencontrés que je suis un irresponsable de ne pas aimer les étés pourris
« Le beau temps est une anomalie climatique » m’explique le premier
« Tu préfères peut-être sucer des cailloux comme au désert » m’engueule le second sans prendre la peine d’arrêter le moteur de son tracteur assourdissant et puant
Le pire c’est qu’ils ont tous les deux raisons ils savent de quoi ils parlent
Mais ce qu’ils ne savent pas ou qu’ils ont relégué sur une voie de garage de leur cerveau c’est qu’être irresponsable est l’un des plus rares et des plus brefs plaisirs de la vie
Je pense à la réplique de Pialat en les regardant «Vous ne m’aimez pas je ne vous aime pas non plus»
Pas grave
Nous savons tous que nous ne sommes pas sur la planète Terre pour nous aimer les uns les autres mais juste pour
Nous maintenir en vie le plus longtemps possible et
Par pluie comme par beau temps éviter la dépression
Photo : l'été jurassien dans toute sa splendeur vu de chez moi en ce mois de juillet
(Extrait de Poèmes de Preben Mhorn) © Éditions Orage-Lagune-Express
01:56 Publié dans Poèmes de Preben Mhorn | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poèmes de preben mhorn, fiction, littérature, note, journal, pluie, beau temps, climat, été, été pourri, saison, dépression, pialat, maurice pialat, cinéma, sous le soleil de satan, palme d'or, cannes, blog littéraire de christian cottet-emard, campagne, jura, tracteur, agriculteur, scientifique, irresponsable, plaisir, vie, anomalie climatique, couvercle, ciel bas, dépression saisonnière, planète terre, été jurassien